Non, tous les clubs ne veulent pas reprendre

En football, on se penche une nouvelle fois sur la situation des milieux amateurs. Dominique Blanc, le président de l’Association Suisse de Football nous le disait il y a quelques semaines : sa priorité c’est que tous les championnats puissent aller à leur terme… du moins le premier tour qui permettrait l’homologation des compétitions. A en croire le plus haut représentant de l’ASF, clubs et associations régionales sont unis dans cette volonté de reprise.

Seuls les potentiels promus seraient «pour»

Mais dans la base, c’est un autre bruit de fond qui se fait entendre. En réalité, seules les formations engagées dans la lutte pour une promotion seraient favorables à un retour au jeu dans les prochaines semaines. Celles qui visent le maintien, ou celles qui n’ont plus rien à jouer au niveau sportif, plus nombreuses, pencheraient plutôt vers un arrêt définitif.

«Il faut tirer un trait, reprendre à zéro, avec tout le monde sur le même pied d'égalité. Ce serait logique au point de vue de l'équité sportive et de tout ce qu'on a traversé ces derniers mois.» Guillaume Borgeat, président du FC Riddes

Exemple avec le président du FC Riddes (11e et avant-dernier de 3e ligue), Guillaume Borgeat: «Nous sommes tous des compétiteurs et on aime jouer pour la gagne. Ce serait clairement un échec sportif d'annuler une saison. Mais je pense qu'il y a une pandémie qui nous a un petit peu dépassé et il faut être réaliste. On a essayé, on n'a pas réussi.» Et le dirigeant de poursuivre: «Il faut maintenant tirer un trait, reprendre à zéro, avec tout le monde sur le même pied d'égalité. Ce serait logique au point de vue de l'équité sportive et de tout ce qu'on a traversé ces derniers mois.»

Éviter une reprise «à l'arrache»

D’après les contacts que nous avons pu avoir avec différents clubs, la volonté de tout stopper n’est pas uniquement conditionnée au fait d’être ou non en danger de relégation. Certains clubs qui n’ont plus rien à espérer seraient aussi satisfaits d’en rester là. Et pour cause. On ne connait pas le calendrier exact de la future reprise. La motivation est en berne et les vacances scolaires approchent à grands-pas. Tout autant de bonnes raisons de ne pas s’engager dans le sprint final selon Joël Berthouzoz, président du FC Conthey, actuel 10ème de 3ème ligue: «Le timing devient vraiment court donc la décision la plus simple possible, c’est celle d’arrêter. Recommencer, cela va être à l’arrache, tout le monde sera à la bourre. Des équipes ont quatre ou cinq matches à rattraper. Cela va être compliqué de le faire…»

S’il milite pour un arrêt des compétitions, le boss du Stade des Fougères refuse néanmoins de dire qu’il verrait comme un soulagement le fait d’être entendu par l’ASF: «On fera ce qu’ils nous disent. S’ils nous demandent de rejouer, on rejouera. C’est juste un constat que l’on fait avec certains autres présidents. C’est vraiment compliqué d’organiser des matches sans public, sans cantines. L’éventualité de se changer avant d’arriver au stade a même été évoquée, il ne faut pas exagérer! Mais on aime le foot, on aime les défis donc malgré tout, je ne dirais pas que tout arrêter serait un soulagement.»

Si les joueurs du FC Conthey doivent y aller, ils iront… c’est ce que dit en substance le président du FC Conthey, pas franchement convaincu par cette fin de saison bancale qui se dessine. Dans le camp de ceux qui veulent reprendre on trouve notamment des formations qui visent une promotion. Et par ricochet d’autres clubs qui pourraient en profiter comme le FC Aproz, 2ème dans son groupe de 5ème ligue. «Nous militons vraiment pour une reprise du championnat et ce, pour plusieurs raisons», affirme le vice-président du club Philippe Barman.

«Si chacun se focalise sur sa situation personnelle pour savoir si on doit reprendre ou pas, on ne trouvera jamais de solution.» Philippe Barman, vice-président du FC Aproz

«La principale d’entre elles est une vision à long terme. Vivre deux saisons blanches consécutives, cela comporte un énorme risque de perdre des joueurs en route.» Et quid des chances de promotion en 4ème ligue du club aprozien? «Pour nous, c’est un critère», poursuit le dirigeant. «C’est clair que cela fait deux saisons que l’on vise la montée et que l’on en est privé par la situation sanitaire. Mais c’est pour moi une vision trop égoïste. Il faut regarder la situation de manière générale. Si chacun se focalise sur sa situation personnelle pour savoir si on doit reprendre ou pas, on ne trouvera jamais de solution.»

Annonces du CF décisives

C’est bien tout le problème, les avis divergent et chaque club poursuit son propre intérêt. On pourrait savoir cette semaine si les championnats auront une chance d’aller au bout ou si pour la 2ème année consécutive les compétitions seront annulées. Les annonces du Conseil fédéral de ce mercredi après-midi seront sans doute déterminantes.

Les clubs valaisans ne veulent pas tous reprendre la saison. Notre reportage