Violences verbales et parfois même physiques : forte hausse des incivilités dans les hôpitaux
L’Hôpital du Valais a choisi de lancer une campagne "tolérance zéro" contre les incivilités des patients et des accompagnants sur ses différents sites. Au cours de deux dernières années, les signalements ont augmenté de 68%.

Le nombre d’incivilités est passé de 193 en 2023, à 244 en 2024 et déjà à 207 à la mi-août 2025. "Il s’agit d’une problématique nationale, d’un phénomène sociétal auquel nous devons faire face", a résumé Chrystel Carrupt, la directrice ad intérim du Centre hospitalier du Valais romand, à l'occasion d'une conférence de presse, mercredi.
Les agressions peuvent être physiques, verbales ou à caractère sexuel. Des atteintes à l’honneur (menaces, discriminations, comportements hostiles) ou encore un non-respect au droit à l’image sous forme de diffusions de photos ou de vidéos non autorisées, complètent cette réalité.
Aucun service n'est épargné, pas même le personnel administratif, aux admissions par exemple. Mais l'oncologie ambulatoire, la psychiatrie et, surtout, les urgences sont les plus exposés. Aux urgences de Sion, un agent de sécurité est d'ailleurs désormais présent 24 heures sur 24 alors que ce n'était le cas que la nuit auparavant.
Protéger 6200 collaborateurs
L’Hôpital du Valais a ainsi décidé de créer une directive institutionnelle afin de lutter contre les incivilités envers son personnel, y compris administratif. En collaboration avec ses collaborateurs de terrain, la direction et le Conseil d'administration ont choisi de rappeler qu’ils ne tolèrent pas les débordements.
Cette campagne vise plusieurs buts, comme protéger les 6200 collaborateurs de l’HVS, dissuader les comportements hostiles, soutenir les victimes et préserver la qualité des soins à la population et sa prise en charge.
Plusieurs décisions concrètes
Des mesures concrètes sont introduites dès ce mercredi. Comme cela se fait déjà dans le Haut-Valais depuis quelques années, une formation en ligne à la désescalade sera proposée d'ici à la fin de l'année à tout le personnel du Valais romand afin de mieux comprendre les formes d'incivilités, identifier les comportements à risques ou renforcer les stratégies de prévention.
Un lien Intranet permettra à l'ensemble du personnel de signaler les petites et plus importantes incivilités. Une campagne d'affichage et une brochure voient également le jour au sein des diverses unités de l'HVS afin de rendre conscients patients et visiteurs de certaines réalités du terrain.
"Cette démarche veut générer un dialogue avec les patients et les familles et préserver nos collaborateurs, afin de réduire les souffrances physiques, psychiques et sociales, une démotivation du personnel et une atteinte à la qualité des soins", a poursuivi Chrystel Carrupt.
Appel à un sursaut citoyen
"Lors de la période Covid-19, la population a reconnu par ses applaudissements, l’importance de l’hôpital et des soignants et pourtant, des incivilités avaient déjà lieu à cette époque", a pour sa part rappelé, Eric Bonvin, le directeur général de l’HVS.
"Notre démarche est un appel à un sursaut citoyen pour davantage de respect du personnel soignant. La tonalité de cette campagne se veut préventive et conviviale", a-t-il conclu.
