Un éducateur risque cinq ans pour contrainte sexuelle sur un enfant
Un éducateur d'une institution valaisanne a comparu mardi devant le Tribunal cantonal à Sion. Il est accusé de contrainte sexuelle et d'actes d'ordre sexuel avec des enfants. Le Ministère public a plaidé pour que sa condamnation à 5 ans de prison soit confirmée.

Entre 2003 et 2007, un enfant né en 1995 a été scolarisé au sein d'une importante institution du Valais romand. Il dormait au foyer en semaine et rentrait le week-end, Durant ces années de scolarité, l'élève et son éducateur référent ont tissé des liens. L'acte d'accusation parle "d'une relation de grande proximité."
La victime recevait divers habits de la part de son aîné, afin de lui ressembler physiquement. Il lui a également adressé de nombreux messages affectueux. A cela s'ajoutait de marques de tendresse comme des câlins ou des bisous sur le front ou sur la joue.
Au fil des mois, une relation de dépendance affective s'est créée. A plusieurs reprises, le jeune homme a dormi le week-end chez son éducateur. Il partageait des journées à skis, en luge ou des repas hors du foyer, sans que l'institution n'en ait été informée. Finalement, l'adolescent a choisi son éducateur comme parrain pour sa confirmation. Les parties sont restées en contact jusqu'en 2008.
Abusé avant l'été 2003
Le 10 août 2020, le jeune Valaisan, devenu majeur, s'est présenté à la Police cantonale, afin de dénoncer des actes d'ordre sexuel subis durant son enfance. Selon l'acte d'accusation, l'accusé a effectué une cinquantaine de fellations et de séances de masturbation. Des actes se seraient déroulés tant en foyer qu'au domicile du prévenu. Pour ces faits, il est accusé de contrainte sexuelle sur un enfant de moins de 16 ans.
Devant le Tribunal cantonal, le principal plaignant a raconté avoir été sexuellement agressé une première fois avant son entrée en foyer, à l'été 2003. L'homme est tombé, très jeune, dans la drogue.
Un effet domino
Le prévenu a également dû répondre d'actes d'ordre sexuel dans une seconde affaire. Il est accusé d'avoir palpé les parties intimes et d'avoir caressé le torse et les cuisses d'un autre élève âgé de moins de 16 ans, entre 2004 et 2009. Les faits se sont déroulés au foyer et lors d'un camp.
"J'avais tout oublié, ma mémoire m'a protégé. Lorsque j'ai été convoqué par la police, tout est progressivement remonté à la surface", a avoué le jeune homme devant la cour. "Je suis dans l'incompréhension de la persistance de ces déclarations", a souligné de son côté le prévenu.
Un arsenal de séduction
Pour le procureur Ludovic Schmied, "l'accusé a fait preuve d'une proximité malsaine et dérangeante qui illustre sans contexte l'emprise qu'il avait sur son élève. Il a su exploiter sa fragilité." Le second plaignant "a également bénéficié d'une relation privilégiée bien que moins importante."
Le prévenu "a cherché et a réussi à abuser deux jeunes enfants dont il avait la charge pour assouvir ses pulsions. Son mobile est égoïste et abject. Il a déployé tout un arsenal de séduction. C'est un charmeur et un manipulateur", a martelé Ludovic Schmied.
Le procureur a réclamé une peine de cinq ans de prison ferme et une mesure d'interdiction de travailler avec des mineurs durant cinq ans.
Acquittement demandé
Pour Grégoire Varone, avocat du principal plaignant, "il s'agit d'une histoire triste et sordide. Le dossier comporte énormément d'avis concordants sur les faits". Pour Lucy Infante, avocate de l'autre plaignant, "le prévenu a développé une relation de grande proximité. Il était devenu un substitut paternel pour mon client. Il n'a eu aucune considération pour ses victimes, mais il espère désormais que l'on en ait pour lui."
"Tout le monde est tombé sur la tête dans ce dossier, à commencer par la police, puis le Ministère public, les parties civiles et les psychiatres. Ce dossier aurait dû être classé", a de son côté estimé l'avocat du prévenu, Pascal Revaz.
"Mon client a dépassé les limites. Il n'aurait pas dû entreprendre une relation père-fils, mais il n'y a aucun témoin direct d'une attitude sexuellement répréhensible", a ajouté Ludivine Détienne, seconde avocate du prévenu. Pascal Revaz a plaidé pour un acquittement.
Dernier à prendre la parole, le prévenu n'a regretté qu'une chose: avoir invité chez lui l'un des plaignants.
Le verdict sera connu prochainement.
