Tourisme dentaire : la mise en garde des dentistes valaisans
Alors que les publicités pour des cliniques dentaires à l'étranger fleurissent en Valais, les dentistes du canton réagissent. La concurrence est une bonne chose, mais il y a tout de même des risques, avertissent-ils.

Près de 10% des Valaisans renoncent à se faire soigner ou à consulter un dentiste pour des raisons financières. Le chiffre, qui émane de l'Observatoire suisse de la santé, n'a cessé d'augmenter ces dernières années, puisqu'il a pris 2,5 points entre 2019 et 023. Les hôpitaux universitaires de Genève estiment même, dans une récente étude, que la tendance pourrait doubler d'ici 2030.
Dans ces conditions, il est tentant d'aller faire soigner ses caries ou de se faire poser des implants à l'étranger. D'autant que les publicités pour des cliniques dentaires en Italie, en Hongrie ou en Turquie se multiplient, offrant des tarifs bien plus bas qu'en Suisse.
Une concurrence positive
Pour la section valaisanne de la Société suisse des médecins-dentistes, ce tourisme dentaire n'est pas forcément un problème. "Tant qu'elle est saine, la concurrence est quelque chose de bien. Les gens sont obligés d'être meilleurs que le voisin, c'est tout bénéfice pour le patient", explique Manfred Imsand, porte-parole de la SSO Valais. Il rappelle toutefois les excellents standards appliqués en Suisse dans ce domaine, qui fait de notre pays "un des phares mondiaux de la médecine dentaire".
L'interview de Manfred Imsand:
Surtraitement et autres risques
Si voyager pour guérir une carie ou poser un implant n'est pas forcément problématique en soi, il y a quelques risques qui y sont liés. A commencer par le risque de surtraitement. Là où une dent pourrait être sauvée au prix de plusieurs rendez-vous, les cliniques étrangères pourraient l'enlever purement et simplement et la remplacer par un implant. "Ce qui pour nous est carrément une mutilation", souligne Manfred Imsand.
Les procédures et le matériel peuvent aussi être différents de ce qui se pratique en Suisse, ce qui va rendre le suivi local plus difficile.
Dans ces conditions, les dentistes valaisans veulent inciter les patients à faire leurs contrôles plus régulièrement, même quand leurs moyens sont limités. Plusieurs mesures ont été prises dans le cadre du plan d’action cantonal en matière de santé bucco-dentaire. Cela passe notamment par la mise sur pied d'une permanence où les consultations coûtent 25 francs. Une initiative unique en Suisse qui court jusqu'en février prochain.
