Rhône 3 : les organisations environnementales réagissent vertement

Le WWF Valais se dit "consterné" de voir le projet revu à la baisse. Pro Natura Vaud et WWF Vaud ont dit aussi leur grande inquiétude.

 "C'est un véritable auto-goal de l'Etat valaisan pour la sécurité de la plaine du Rhône et la qualité de vie des Valaisans", a affirmé à Keystone-ATS Marie-Thérèse Sangra, responsable du dossier au sein du WWF. "Nous sommes consternés. C'est incompréhensible. Il s'agit d'un retour à une ancienne conception de la protection des cours d'eau", a-t-elle critiqué. "Une approche moderne de la protection contre les crues nécessite d'élargir le Rhône", insiste-t-elle.

 "Les arguments de la nouvelle analyse sont du réchauffé. Les réponses avaient déjà été apportées lors du vote populaire de 2015 par des spécialistes de l'aménagement des cours d'eau aux compétences pointues. C'est un affront et un mépris pour les quinze années d'études scientifiques et techniques sérieuses effectuées", relève Mme Sangra.

 "Vouloir réétudier le projet, approuvé par le Conseil d'Etat et la Confédération, est une perte de temps inutile et un gaspillage des deniers publics", dénonce-t-elle.

 La responsable du WWF parle d'un "jeu politique dangereux pour la sécurité de la plaine du Rhône". "Rien ne justifiait de réviser le projet Rhône 3 entier. Certains tronçons auraient simplement pu être affinés", estime-t-elle. "Le but du conseiller d'Etat Franz Ruppen est d'enterrer ce projet qui déplaît au milieu agricole", dit-elle.

 Et ce alors même que la volonté populaire, lors du référendum de juin 2015, s'était prononcée à 57% en faveur de la création d'un fonds de financement de 60 millions de francs pour les travaux de la 3e correction du fleuve, selon Mme Sangra.

 De leur côté, Pro Natura Vaud et WWF Vaud ont aussi exprimé mercredi leur inquiétude. "Les mesures environnementales négociées et indispensables à l'équilibre de cet ambitieux projet ne sauraient faire les frais de ce revirement de situation", indiquent les deux ONG dans un communiqué.

 Les mesures en faveur de la biodiversité ne sont pas juste des "cadeaux" offerts aux amis de la nature, mais des obligations découlant de la législation fédérale, qui décrète que tout aménagement de cours d'eau doit respecter autant que possible son état naturel ou, à défaut, le reconstituer, écrivent-elles.

 Pro Natura Vaud et WWF Vaud "espèrent donc que cet incompréhensible revirement des autorités valaisannes n'aura pas d'impact sur les mesures prévues dans le Chablais". Elles soutiennent le Conseil d'Etat vaudois "dans ses démarches pour sauver cet important projet intercantonal".

 Mardi, le Conseil d'Etat valaisan a décidé de réviser le projet de la troisième correction du Rhône. S'appuyant sur une nouvelle analyse, il estime le plan d'aménagement actuel "disproportionné". Un groupe de travail a été chargé d'établir un nouveau calendrier.