Rencontre avec la Valaisanne Noémie Roten qui porte l'initiative service citoyen
Elle est la mère de l'initiative service citoyen soumise au peuple le 30 novembre 2025 : la Valaisanne Noémie Roten a plaqué son travail pour mener campagne et convaincre les Suisses de revoir l'obligation de servir en Suisse. Portrait.

Elle est à l'origine de l'initiative service citoyen soumise au peuple le 30 novembre 2025. Portrait à moins de trois semaines du scrutin de la Valaisanne Noémie Roten. Petite-fille de l'ancien chancelier du canton du Valais Norbert Roten, la Saviésanne, établie désormais à Yverdon, est la présidente du comité d'initiative. C'est à elle qu'on doit ce projet qui veut ouvrir l'obligatoire de servir en Suisse à d’autres domaines comme la protection du climat, la sécurité alimentaire ou l’assistance.
Noémie Roten se compare volontiers à son grand-père, chancelier valaisan de 1941 à 1972 et qui a connu 15 conseillers d’État différents. "Un homme d’État, un homme de l'ombre" lui rend-elle hommage. "Dans ma famille, on a cette culture de contribution au bien-être de la collectivité", raconte Noémie Roten. "Ni mon grand-père, ni moi avons été élus ou même cherché à se faire élire", insiste-t-elle. "C'est un engagement de terrain, de coulisses, mais pas de politique politicienne", appuie Noémie Roten.
De la conversation de bistrot au débat fédéral
La Valaisanne était l'une des rares Suissesses à accomplir son service militaire. C'était en 2008 dans la caserne fribourgeoise de Drognens. Chauffeuse poids lourds, elle accomplit son école de recrue et ses cours de répétition. Au terme de son engagement, elle lance avec une dizaine de connaissances engagées dans l'armée, la protection civile ou le service civil l'idée de revoir l'obligatoire de servir en Suisse. "Nous étions des jeunes gens engagés qui refaisaient un peu le monde autour de la table", explique Noémie Roten. Avantages, défauts du système : tout y passe. Le constat est limpide pour eux. Le service militaire n'est plus adapté aux menaces actuelles et deux tiers de la population en est exclue. "On s'est dit qu'il fallait repenser le système d'obligation de servir pour inclure tout le monde et pour l'adapter aux nouvelles formes de dangers", résume Noémie Roten.
En 2015, le comité lance un manifeste en faveur d'un service citoyen. Il participe à des tables rondes autour du Conseil fédéral et de l'administration. Mais, les travaux n'aboutissent pas. "Au tout début, on ne pensait jamais lancer une initiative populaire", reconnaît Noémie Roten. En 2018, l'initiative est sur les rails.
Diplômée d'un bachelor en économie à l'Université de Saint-Gall, la Saviésanne entreprend un master en philosophie et politique publique à la London of Economics and Political Science. Noémie Roten travaillera ensuite dans la recherche et le journalisme. Mais, la Valaisanne constate des débuts poussifs pour son initiative. La récolte de signatures marque le pas. Elle quitte alors son travail pour se consacrer pleinement à l'initiative. "On a un peu sous-estimé l'engagement que représente une initiative", reconnaît Noémie Roten. "L'investissement requis pour lancer une initiative est quasiment surhumain pour des petits groupes de citoyens. Ce n'est pas un hasard si la plupart des initiatives populaires sont lancées par des partis politiques ou de grandes organisations qui ont de l'argent et du personnel pour faire avancer leur cause", indique-t-elle.
Les Suisses se prononceront le 30 novembre 2025 sur l'initiative service citoyen. Le Conseil fédéral et le Parlement appellent au rejet du texte.
