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Le Musée de Fully remonte le courant de l’hydroélectricité en Valais

L’hydroélectricité est au cœur des deux nouvelles expositions du Musée de Fully. L’exposition temporaire aborde la production électrique valaisanne dans son ensemble, tandis que la permanente se concentre sur le cas particulier de Fully.

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Antoine Crognaletti
23 oct. 2025, 11:45
/ Màj. le 23 oct. 2025 à 17:01
La turbine existante qui se trouve dans l'exposition permanente "L'eau de lumière".
La turbine existante qui se trouve dans l'exposition permanente "L'eau de lumière". © E.BORNET / Musée de Fully
L'une des affiches de l'exposition temporaire "Un Valais d'épopée".
L'une des affiches de l'exposition temporaire "Un Valais d'épopée". © E.BORNET / Musée de Fully
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Le Musée de Fully a lancé sa nouvelle saison le 16 octobre dernier avec deux expositions qui viennent compléter celle déjà en place, consacrée aux savoir-faire alpins du 19ème au 20 ème siècle. Dans ces nouvelles expositions, l’une temporaire et l’autre permanente, le visiteur redécouvre l’histoire qui lie le Valais, Fully et l’hydroélectricité. 

Installé dans la Belle Usine, le musée se trouve tout indiqué pour aborder ce thème, tant la commune entretient des liens étroits avec l’arrivée de la production d’électricité en Valais.

Fully précurseur

En 1912, l’idée novatrice de construire un barrage sur les hauteurs de Fully voit le jour. "Il faut dire qu’à l’époque, l’hydroélectricité était à ses débuts", précise le commissaire des expositions, Martin Bagnoud. Selon lui, l’idée est carrément révolutionnaire : à cette période, seules quelques usines privées produisaient de l’électricité dans la plaine du Rhône. Fully choisit alors d’innover en construisant en altitude, une première en Valais. En l’espace de deux ans, le barrage de Sorniot sort de terre et une conduite forcée achemine l’eau jusqu’en plaine. Cette conduite, restera pendant une vingtaine d’années la plus haute du monde.

Un Valais d’Epopée

L’exposition temporaire, visible jusqu’au 31 mai 2026, retrace l’essor de l’hydroélectricité en Valais. En parcourant la dizaine de panneaux accrochés aux murs, le visiteur effectue un véritable voyage dans le temps.

Car l’histoire de l’hydroélectricité et le Valais, c’est une histoire d’amour, une histoire intense, presque fusionnelle. Elle débute avec l’industrialisation, quand des entreprises venues du Plateau suisse s’installent en Valais pour profiter des réserves d’eau en altitude et alimenter leurs installations. 

"Ensuite, elle va continuer tout au long du 20ème siècle pour se cristalliser entre 1945 et 1975", explique Martin Bagnoud, historien et commissaire des expositions au Musée de Fully. C’est la grande époque des barrages, celle de la transformation d’un canton encore rural en moteur énergétique de la Suisse.

Pour l’historien, il faut toutefois nuancer la vision d’un avant et d’un après hydroélectricité. "Il y a une évolution liée à l’hydroélectricité, mais elle n’est pas le seul facteur de modernité." Ce qui change, selon lui, c’est la confrontation du Valais avec le monde. Les ingénieurs, les capitaux, les techniques viennent désormais de l’extérieur. "Tout d’un coup, le Valais se met à vivre au rythme du monde moderne", souligne-t-il. Une ouverture qui marque profondément la culture et les mentalités du canton.

Cette épopée industrielle entraîne aussi des bouleversements sociaux considérables. L’arrivée de l’électricité transforme le quotidien et façonne la société de consommation des années 1950. "Tout d’un coup, les hommes vont travailler dans les barrages, ils rapportent de l’argent au foyer, et l’agriculture de montagne commence à disparaître", résume Martin Bagnoud. Les rôles familiaux se redéfinissent, les villages se vident peu à peu, et même l’eau devient un enjeu de pouvoir, privatisée au profit de l’énergie.

Mais dans cette histoire glorieuse, il y a des oubliés. "L’hydroélectricité, comme toute source d’énergie, a des conséquences pour l’environnement", rappelle le commissaire. Dans les années 1950, on pouvait encore noyer des vallées entières sans que cela ne soulève trop de questions. Et puis il y a les travailleurs. Ceux qui, dans les galeries et les tunnels, ont payé le prix fort. Le musée évoque la silicose, "la plus grave maladie pulmonaire du 20ème siècle", et la tragédie de Mattmark, en 1965, qui fit 88 morts, la pire catastrophe industrielle de l’histoire suisse.

Aujourd’hui, selon Martin Bagnoud, une nouvelle phase s’ouvre. "On a eu les débuts, puis l’âge d’or des barrages, avec la Grande-Dixence ou Moiry. Maintenant, on entre dans une ère politique, où il faudra se demander si, oui ou non, de nouveaux barrages verront le jour." Entre héritage, mémoire et incertitude, le Valais hydroélectrique continue d’écrire son histoire, au rythme du monde et de ses propres montagnes.

L’eau de lumière

L’exposition permanente, quant à elle, se focalise sur les liens entre l’hydroélectricité et la commune de Fully. Et pour représenter cela, le musée a voulu recréer le chemin qu’effectue une goutte d’eau pour devenir lumière.

Pour information : une troisième exposition est aussi visible, elle revient sur le savoir-faire alpin du 19ème au 20ème siècle.

Anecdote du musée

Dans l’exposition permanente, vous pourrez voir une petite affiche au mur qui revient sur cet épisode :

"En 1916, une partie des eaux de la conduite forcée de la centrale de Fully est déviée vers les presses hydrauliques d’une usine d’emboutissage d’obus, installée en contrebas de la centrale actuelle. Cette installation produit près de six millions d’obus à destination de la France, alors en guerre. Plus de 350 ouvriers et ouvrières y sont engagés. La production s’arrête avec la fin des hostilités, en 1918. L’usine d’emboutissage est démantelée un an plus tard."

L'usine en question
L'usine en question © Musée de Fully
AC
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