"La santé n’est pas une marchandise !" : le personnel des soins appelle à manifester
Une couverture en soins sûre, des conditions de travail correctes et la mise en œuvre de l’initiative sur les soins. Telles sont les revendications du personnel de santé qui appelle à manifester. Des professionnels du milieu ont une nouvelle fois témoigné des difficultés liées à leur quotidien.
Le personnel soignant de toute la Suisse souhaite se mobiliser le 22 novembre prochain, sur la Place Fédérale. Lors d’une conférence de presse qui s'est déroulée ce jeudi à Berne, infirmiers et aides-soignants de diverses institutions ont pris la parole pour partager leur vécu et alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail.
Sous le slogan "La santé, c’est nous pour vous", ces derniers invitent la population à se joindre à la manifestation nationale du personnel de santé du 22 novembre prochain à Berne. Leurs revendications : s'assurer à l'avenir de soins sûrs, de conditions de travail convenables et de la mise en œuvre de l’initiative sur les soins, adoptée en 2021.
Car depuis quatre ans, les choses ne semblent pas avoir évolué dans le sens espéré, bien au contraire, estime Barbara Pfister, secrétaire syndicale du SCIV, présente à Berne ce jeudi :
Le dilemme d'un grand nombre de soignants
Parmi les personnes présentes ce jeudi en conférence de presse, le Valaisan Eric Girodet, professionnel des soins depuis 32 ans et infirmier en psychiatrie à Malévoz. Il a expliqué que son service ne compte actuellement que trois infirmiers pour 25 patients qui ont parfois besoin d'un accompagnement permanent. "Les soins vont se dégrader de plus en plus si une vraie loi ne vient pas changer la direction prise depuis des années", a-t-il affirmé.
Et d'ajouter : "la santé n’est pas une marchandise, et pourtant, elle est marchandisée. Arrêtons de jouer avec la vie des gens et donnons-nous les moyens de les prendre en charge correctement et dignement". Un avis que partage Barbara Pfister :
Autre professionnelle à avoir pris la parole ce jeudi à Berne, Marie-Odile Heim, infirmière dans une organisation privée de soins à domicile. Cette dernière a, par exemple, relevé le dilemme d’un grand nombre de soignants : d'un côté, l’enregistrement du temps consacré à chaque acte. Et de l'autre, le minutage strict du travail. "Parfois, nous y arrivons. D’autres fois, c’est impossible, à moins de nous transformer en machines insensibles. J'estime que nous maltraitons nos patients si nous respectons strictement les temps prescrits par nos outils de planification", a-t-elle expliqué.
Barbara Pfister, secrétaire syndicale du SCIV, présente à Berne ce jeudi affirme que d'une certaine manière, c'est le contexte financier du milieu qui est ici pointé du doigt :
Pas d'améliorations majeures attendues
La secrétaire syndicale estime, en outre, que la proposition du Conseil fédéral est insuffisante : "on a des propositions qui touchent aux conditions de travail, mais qui se réfèrent à bien des cas à la loi sur le travail. On parle de diminution de la semaine de travail de 50 à 45 heures, mais là aussi, c'est insuffisant et en plus, c'est difficile à mettre en pratique. Mis à part ça, il n'y a pas de grands progrès ou de proposition qui améliore réellement le quotidien de ces personnes".
Face à ce constat, les Parlementaires peuvent-ils encore changer la donne ? Rien n'est moins sûr, estime encore Barbara Pfister : "cette loi a déjà traversé tout un processus. Très honnêtement, même en descendant dans la rue pour manifester, il y a très peu de chances pour qu'il y ait de grosses améliorations".
Pour rappel, la manifestation du personnel de santé est fixée au 22 novembre prochain sur la Place Fédérale à Berne. Un appel qui s’adresse aussi bien au personnel de santé qu’au grand public.