La Foire du Valais pour parler de la sexualité des seniors
Le thème de la conférence du jour à la Foire du Valais pouvait prêter à rougir : "pas de retraite pour le sexe". Ce rendez-vous des séniors promettait un moment décapant, drôle et sans tabou. On y était et on n'a pas été déçu.
La Foire du Valais proposait ce lundi un rendez-vous "hot" aux séniors. Parmi les nombreuses conférences thématiques cette semaine à Martigny, l'une a particulièrement retenu notre attention. À l'occasion de la journée des séniors, le magazine "générations" organisait un rendez-vous autour de la sexualité du troisième âge avec ce titre "pas de retraite pour le sexe". "C'est une bonne occasion d'oser en parler en public et d'en faire un vrai thème, un vrai débat", justifie Blaise Willa, rédacteur en chef du magazine "générations". "C'est un thème qui est encore trop tabou. Et c'est à la Foire du Valais qu'on peut lever les tabous", sourit-il.
La journée s'est déroulée en deux temps : un exposé de la journaliste "société" de la RTS et chroniqueuse du magazine "générations" Martina Chyba, suivi d'une table ronde.
L'amour à tout âge
Martina Chiba a mis les plus de 400 participants dans le bain dès le début. "Vous êtes prêts à parler de cul chez les vieux", a-t-elle lancé avec humour. Tout y est passé : désir vieillissant, sites de rencontre, dates, sextoys, sexshops et même viagra pour les problèmes mécaniques des hommes. "Les baby-boomers d'aujourd'hui ont vécu les années 70. C'était hippie, débridé. Ils ont fait l'amour sans préservatif. Ce n'est pas papi et mamie comme on les imagine", raconte Martina Chyba.
La journaliste sexagénaire raconte tour à tour ouvertement dans ses livres ou sur la scène de la Foire du Valais ses aventures, son inscription sur une application de rencontre, son nouveau compagnon parisien. Selon elle, le sexe n'est plus un tabou dans la société d'aujourd'hui, mais le sexe des séniors l'est encore. "Les enfants et les petits-enfants ne veulent pas imaginer que leurs parents ont une sexualité", regrette Martina Chyba. "On imagine qu'à partir d'un certain âge, on n'a plus de sexualité", ajoute-t-elle. Elle milite pour casser cette image.
La sexualité dans les EMS
La deuxième partie de la conférence était dédiée à une table ronde avec la présence d'une sexologue et d'un directeur d'EMS pour aborder notamment la sexualité dans les établissements médico-sociaux. "La sexualité est très présente dans les EMS. C'est un sujet quotidien", explique Philippe Zurlinden, directeur de l'EMS des 3 Sapins à Troistorrents. Certains homes envisagent même de prévoir "une love room" ou encore d'avoir un référent sexuel dans l'établissement. "Pour le personnel soignant, ce n'est pas un problème", assure Philippe Zurlinden. Des formations sont proposées aux soignants pour aborder ces questions avec les résidents.
Et les homes peuvent aussi être le lieu de belles histoires d'amour. "Une résidente a rencontré l'amour en EMS et les deux ont retrouvé l'envie de vivre alors qu'ils pensaient que c'était leur fin de vie", se réjouit Philippe Zurlinden.