Fête-Dieu Savièse : "Pourquoi les élues sont encore cantonnées à la robe villageoise?"
Costard moderne pour les hommes. Robe traditionnelle villageoise pour les femmes. À Savièse, les autorités qui participent au cortège de la Fête Dieu doivent respecter un dress code précis... qui mériterait un dépoussiérage, selon la députée saviésanne Aude Rapin. Son souhait : ouvrir le débat.
Chaque printemps, le cortège de la Fête-Dieu réunit à Savièse des centaines de participants, vêtus selon leur catégorie : grenadiers, militaires ou autorités. Mais dans cette dernière, les règles diffèrent selon le genre. Les hommes portent le costume civil d’autorité ; les femmes, la robe de villageoise, chignon et bas compris.
Une distinction que la députée socialiste saviésanne Aude Rapin a décidé de questionner. Dans un édito paru cet automne dans Le PeupleVS, l’élue s’interroge sur la pertinence de cette distinction, qui reflète selon elle une inégalité symbolique. "Dans toutes les autres catégories du cortège, un seul habit est prévu. Pourquoi pas pour les autorités ?", analyse-t-elle. D’autant que la présence féminine au sein de la procession ne remonte qu’à 2003 — un délai trop court, dit-elle, pour parler de véritable tradition.
Libre-choix plutôt que rupture
Aude Rapin affirme ne pas vouloir remettre en cause la Fête-Dieu elle-même, qu’elle décrit comme "une fête d’ancrage et de fierté locale". Elle plaide toutefois pour que les élues puissent choisir leur tenue. Car le costume de villageoise implique, rappelle-t-elle, des contraintes nombreuses : robe épaisse, coiffure codifiée, maquillage discret et chaussures à talons, souvent sous la chaleur du mois de mai.
"Ce sont des exigences qu’on ne demande pas aux hommes, et qui renvoient à des attentes plus larges envers les femmes dans la société", observe-t-elle. L’élue dit vouloir simplement "moderniser sans effacer" : permettre aux participantes de porter, si elles le souhaitent, le même habit d’autorité que leurs collègues masculins.
Cette année, Aude Rapin a elle-même défilé ainsi. Un choix assumé et finalement bien accueilli : "En expliquant que je venais en tant qu’autorité, les réactions se sont apaisées", confie-t-elle.
Dialogue annoncé avec les autorités locales
La députée souhaite désormais prolonger la réflexion avec le futur commandant de la Fête-Dieu et les autorités communales. L'idée étant d’officialiser cette possibilité de libre-choix.
Pour Aude Rapin, il s’agit d’adapter une tradition vivante à la réalité d’aujourd’hui : "Les autorités sont modernes. Les femmes qui en font partie doivent pouvoir se présenter comme telles."
L’an prochain, le cortège composera d'ailleurs avec la première présidente de commune de l'Histoire saviésanne. Reste à savoir si l'élue centriste enfilera la robe de villageoise ou le "costume d’autorité".