Douane valaisanne : la franchise change, pas les contrôles
Depuis janvier, la limite d’importation sans taxe est passée de 300 à 150 francs. Une évolution notable, mais qui n’a pas modifié en profondeur les pratiques quotidiennes des gardes-frontière en Valais.

Depuis le 1er janvier 2025, les voyageurs entrant en Suisse doivent déclarer tout bien importé dont la valeur dépasse 150 francs, contre 300 francs auparavant. Cette adaptation vise à lutter contre le tourisme d’achat. Pour autant, sur le terrain, les conséquences restent limitées en termes d’organisation. "Nous n’avons pas intensifié les contrôles depuis l’entrée en vigueur de cette nouvelle franchise", explique Donatella Del Vecchio, porte-parole de l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières.
À la douane du Grand-Saint-Bernard, aucune directive spécifique n’a été transmise et les équipes poursuivent leur mission selon les protocoles habituels. Les effectifs n’ont pas été augmentés, et les contrôles reposent toujours sur l’analyse des risques. "Ce que nous observons, c’est que les gens connaissent plutôt bien cette disposition et qu’ils la respectent dans l’ensemble", souligne la porte-parole.
Trafic de drogue, animaux exotiques et criminalité
Si la nouvelle limite n’a pas bouleversé l’organisation des postes, d’autres problématiques occupent activement les équipes. La lutte contre les stupéfiants, notamment, est devenue plus intense : à l’échelle nationale, les saisies de marijuana ont été multipliées par quatre entre 2023 et 2024, passant de 243 kilos à plus d’une tonne. Même constat pour la cocaïne, dont les quantités interceptées ont doublé. "On trouve de plus en plus de grandes quantités", observe Davide Poletti, sergent-major du corps des gardes-frontières valaisans.
Les agents s’appuient sur le flair des chiens spécialisés et des outils technologiques capables de détecter certaines substances. Les contrôles révèlent aussi parfois des découvertes inattendues, comme des autruches, des iguanes ou des serpents transportés illégalement par des particuliers. Certaines de ces espèces sont protégées et leur importation strictement encadrée. Par ailleurs, les douaniers valaisans sont régulièrement appelés à coopérer avec la police cantonale, notamment lors d’alertes en lien avec des cambriolages. "En cas d’alarme, on intervient rapidement, on boucle les accès et on travaille main dans la main avec les forces de l’ordre", précise Davide Poletti.
Migration : un suivi renforcé sur les bus de ligne
Autre défi récurrent : la migration irrégulière. En Valais, elle transite principalement par des bus de ligne internationaux. Contrairement à d’autres régions où les migrants utilisent souvent le rail, les agents valaisans constatent une présence accrue sur les lignes routières low cost. "On retrouve souvent des migrants dissimulés dans ces bus", indique Davide Poletti. La fermeture partielle du tunnel du Mont-Blanc, plusieurs mois par an, redirige également une partie du trafic vers l’axe du Grand-Saint-Bernard. Lorsqu’une personne en situation irrégulière est identifiée, les procédures sont bien établies : après un traitement administratif du côté suisse, une réadmission peut être demandée aux autorités italiennes ou françaises. Des accords bilatéraux permettent un transfert rapide, généralement dans les heures qui suivent.
À l’inverse des saisies de stupéfiants en forte hausse, les cas de séjours illégaux ont nettement reculé l’an dernier : de 50'000 en 2023 à environ 30'000 en 2024.
Ces missions, comme celles liées au contrôle des marchandises ou à la lutte contre la fraude, s’inscrivent dans un cadre stratégique national. "L’Office fédéral est soumis à un mandat de prestations annuel, avec des objectifs fixés, mais aussi des priorités définies selon les enjeux du moment", rappelle Donatella Del Vecchio.
Chaque jour, en moyenne, les collaborateurs de l’OFDF découvrent ou encaissent notamment :
- 65 millions de francs de recettes
- 87 produits contrefaits
- 68 personnes signalées aux fins de recherche ou d’arrestation
- 5 pièces d’identité falsifiées
- 11 armes interdites
- 3 kg de drogue
- 80 séjours illégaux
- 18 envois de médicaments ou de produits dopants
- 26 poids lourds présentant des défauts