Des substances chimiques retrouvées dans l'eau potable du Léman
Les cantons de Genève, Vaud et Valais ont indiqué vendredi avoir détecté la présence de 1,2,4-triazole dans l'eau potable alimentée par le lac Léman. Il n'y a toutefois aucun risque pour la consommation.

De récentes analyses réalisées par les chimistes cantonaux genevois et vaudois dans le réseau de distribution d'eau potable prélevée dans le Léman ont mis en évidence une teneur moyenne en 1,2,4-triazole de 0,7 microgramme par litre (μg/L), expliquent les trois cantons dans un communiqué conjoint.
Selon les preuves scientifiques à disposition des services cantonaux concernés, cette substance ne représente pas de risque avéré pour la santé. "L'eau du robinet peut donc être consommée sans danger pour la santé humaine ou animale", assurent-ils.
Cette évaluation se base notamment sur le rapport de l'Agence nationale française de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) publié en 2025 et fixant une valeur de consommation sans risque pour la santé de 51 μg/L de 1,2,4-triazole sur une période de six ans, relèvent les autorités. Cette limite est plus que cinquante fois supérieure aux quantités mesurées dans les eaux lémaniques.
Principe de précaution
Afin de pouvoir confirmer cette appréciation à la lumière des dernières mesures, un mandat d'évaluation au Swiss Centre for Applied Human Toxicology (SCAHT) a été commandé qui devrait rendre ses conclusions dans les prochaines semaines. Ces résultats feront l'objet d’une communication le mois prochain, est-il souligné.
Les quantités mesurées dépassent néanmoins la limite de 0.1 μg/L fixée par la Confédération dans l'Ordonnance fédérale sur l'eau potable et l'eau des installations de baignade et de douche accessibles au public (OPBD). Cette valeur applicable à l'eau potable pour tous les pesticides et métabolites pertinents constitue un principe de précaution appliqué par la Confédération dans le cadre de la législation fédérale sans bases toxicologiques et preuves d'impact sur la santé humaine, est-il souligné.
"En concertation avec les autorités cantonales, les distributeurs exploreront les options de modification de la méthode de traitement des eaux potables afin de garantir une eau conforme aux valeurs fédérales", indiquent encore les trois cantons. Des prélèvements additionnels ont été immédiatement organisés, précisent-ils.
Site chimique de Monthey
Selon les analyses effectuées le long du Rhône, les apports en 1,2,4-triazole se produisent principalement à partir du site chimique de Monthey. Mais des résultats montrent que les réseaux de distribution en plaine du Rhône de Viège à Collombey-Muraz ne sont pas touchés par cette substance, selon les trois cantons.
Les entreprises industrielles valaisannes ont été contactées pour réaliser un état de situation de leurs rejets. Les entreprises vaudoises susceptibles d'utiliser ou de rejeter cette substance dans le bassin versant du Léman ont également été contactées. Aucune d'elles n'utilise ou ne rejette cette substance.
Selon les données recueillies par le Canton du Valais et fournies par les entreprises locales dans le cadre de cet état des lieux, les valeurs détectées seraient en grande partie de provenance industrielle et non pas agricole. Le service valaisan de l'environnement a exigé de la part des entreprises responsables des rejets de la substance elle-même et des substances pouvant se dégrader en 1,2,4-triazole, la mise en place de mesures pour éviter de dépasser le seuil fixé par la Confédération.