De Somlaproz à Sydney : l’ascension de NIRLAB
En cinq ans, NIRLAB s’est implantée dans une cinquantaine de pays à travers le monde. Conçue à l’origine comme une solution rapide destinée aux polices pour analyser les drogues sur le terrain, l’entreprise a depuis largement diversifié son champ d’action. Rencontre avec son fondateur.
En 2016, alors doctorant, l’Orserin Florentin Coppey se fixe pour objectif de remplacer les lourdes machines d’analyse des laboratoires par une solution compacte, portable et surtout rapide. Quatre années de développement, menées avec le professeur Pierre Esseiva, aboutissent en mars 2021 à la création de NIRLAB.
Le principe est le suivant : un appareil de spectroscopie infrarouge qui, une fois pointé sur un produit, envoie un signal vers une application capable de restituer instantanément toutes les données nécessaires à son identification.
En d’autres termes, une petite lampe de poche éclaire la substance à analyser, par exemple du cannabis. L’appareil mesure ensuite la lumière réfléchie par l’échantillon et envoie sur l’application toutes les données scientifiques permettant de déterminer le taux de THC et les autres composants présents.
Une invention que seule l’entreprise NIRLAB propose à l’heure actuelle : "aujourd’hui, on est vraiment les seuls à pouvoir proposer cette solution au niveau mondial", souligne le fondateur Florentin Coppey.
Une présence dans plus de 50 pays
Conçue au départ pour la police et l’analyse de drogues sur le terrain, l’outil a depuis élargi son champ d’application : "on s’est rendu compte que la même technique pouvait être appliquée à d’autres produits". NIRLAB s’est alors diversifiée et peut aujourd’hui analyser des substances organiques d’origine végétale ou animale, ainsi que des produits issus des industries chimiques, pharmaceutiques ou alimentaires.
Si les plus gros clients restent gouvernementaux, dans plus de 50 pays, avec par exemple la police suisse ou encore l’ensemble des polices australiennes (le plus gros client à ce jour), l’évolution de l’entreprise lui permet aussi de toucher le secteur industriel : "nos principaux clients sont de grandes entreprises dans l’industrie alimentaire, pharmaceutique ou encore chimique", ajoute Florentin Coppey.
Un stand dans les festivals
Depuis deux ans, l’entreprise basée à Somlaproz, dans la commune d’Orsières, propose aussi d’autres utilisations de sa lampe de poche infrarouge. En collaboration avec les cantons de Vaud et Genève, elle s’est fait une place dans les festivals. Son action, baptisée "Drug Checking", permet aux jeunes consommateurs de venir tester les produits achetés au marché noir. Florentin Coppey précise que les personnes présentes sur place sont des experts, dont la mission comprend également un volet prévention.
Une équipe répartie en Europe
La diversification des activités de l’entreprise a obligé l’Orserin à agrandir son équipe. Il a ainsi embauché 17 personnes pour répondre aux demandes. Le secteur étant très spécifique, il a dû se tourner vers l’étranger. Ainsi, outre les Suisses travaillant dans l’entreprise, on compte des employés en Italie, aux Pays-Bas et en Grèce. Un véritable soulagement pour Florentin Coppey : "pour moi, c’est une véritable réjouissance de savoir que je ne suis plus seul aux commandes de ce bateau, qui est quand même devenu un monstre difficile à gérer".
L’entrepreneuriat dans le sang
NIRLAB n’est pas la première expérience entrepreneuriale du quadragénaire. "Dans la famille, on a toujours eu cette fibre d’indépendant", admet Florentin Coppey. À la fin de ses études à l’Université de Lausanne, il était devenu, un peu par hasard, le premier à importer des caméras GoPro en Suisse. Une expérience qu’il a rééditée quelques années plus tard en important les bières du Grand Stt-Bernard. Des projets qui lui ont été utiles au moment de lancer NIRLAB : "je maîtrisais déjà quelques outils importants au moment de lancer ce projet".