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Comment faire avancer la science en garantissant éthique et intégrité ?

Tabac. Cannabis. IA. Comment faire avancer la science en garantissant éthique et intégrité ? Fin septembre, des collaborations entre l'HEPIA et Philip Morris, relayées dans la presse, relancent cette question. En Valais, la HES-SO s'est attaché les services d'un spécialiste en éthique. Rencontre.

Oriane Binggeli
Oriane Binggeli, Rédaction Rhône FM
15 oct. 2025, 16:54
/ Màj. le 15 oct. 2025 à 19:15
Le National veut aller de l'avant sur Horizon Europe et la recherche. Il a adopté une motion de justesse lundi. (illustration)
Le National veut aller de l'avant sur Horizon Europe et la recherche. Il a adopté une motion de justesse lundi. (illustration) ©KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

Peut-on collaborer avec l’industrie du tabac en toute intégrité ? Tester des algorithmes de reconnaissance faciale sans tomber dans la discrimination ? Ou mener des recherches sur le cannabis en excluant l’incitation ? Ces dilemmes ne sont pas rares dans les hautes écoles. Elles qui regorgent de projets de recherche. Dont certains qu’elles mènent en collaboration avec le secteur privé.

Fin septembre, des liens entre l’HEPIA de Genève et l'industrie du tabac, révélés dans la presse, ont relancé la question : jusqu’où peut-on aller sans compromettre sa réputation et la morale scientifique ?

Boussole dans les zones grises

Pour répondre à cette question centrale, la HES-SO Valais-Wallis s’appuie depuis plusieurs années sur un service d’éthique appliquée. À sa tête, Jean-Gabriel Piguet, éthicien. Son rôle ? Conseiller les chercheurs confrontés à des dilemmes moraux dans leurs projets. "L’éthique appliquée, c’est la volonté de faire au mieux du point de vue moral, tout en respectant les règles qui permettent de vivre ensemble", précise-t-il.  "Je ne suis pas un garde-fou. Je préfère parler d’orientation".

Conseiller, pas interdire

Créé il y a plusieurs années, le service n’a pas en effet pas vocation à censurer, mais à guider les chercheurs. "Je ne peux pas interdire quoi que ce soit. Mon travail consiste à structurer des arguments, orienter les gens et les aider à poser des limites. Après, ils les écoutent… ou pas. C'est un dialogue." 

Les cas peuvent être variés : partenariat avec une entreprise, étude sur des substances illégales ou développement d’outils numériques. Pour chaque demande, l’éthicien s’appuie sur des textes de loi, des recommandations européennes ou encore des directives de l’OMS. 

Pour l’anecdote, l’éthicien a d’ailleurs, lui aussi, rendu un avis négatif concernant l’idée de collaborer avec Philip Morris. "Notre institution s’étant engagée à promouvoir la santé, c’est difficilement compatible..."

Trouver l’équilibre entre morale et financement

Si certains partenariats paraissent inacceptables, d’autres sont plus ambigus. Les hautes écoles, souvent sollicitées par le privé, cherchent à maintenir leur indépendance sans renoncer aux collaborations nécessaires à la recherche. "Il y aurait un risque aussi à se passer complètement de partenariat économique", admet l'éthicien. "Certains sujets ne seraient plus étudiés, et des groupes seraient sous-représentés dans la recherche." 

Un équilibre fragile, d’autant plus que la pression financière s’accentue. "On observe une inflexion morale, oui, mais elle heurte la baisse des financements publics. À force de mettre des barrières, on finit par poser un autre problème."

OB
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