Live Actualités Services
Rhône Fm
Publicité
Valais
Suisse Valais Sport Société Culture
Publicité
Votre publicité ici ? Contactez-nous !

Champex : le fondateur du Jardin Flore-Alpe lié à l'Allemagne nazie

Des recherches menées en lien avec le centenaire, en 2027, du jardin botanique Flore-Alpe à Champex-Lac ont révélé des "éléments sensibles" liés au passé de son fondateur Jean-Marcel Aubert. L'industriel vaudois a activement participé à l'économie de guerre allemande entre 1940 et 1944.

Fond Neutre photo
Keystone ATS, Rédaction Rhône FM
25 sept. 2025, 11:00
/ Màj. il y a 6 jours
Le jardin botanique alpin Flore-Alpe photographié ce mercredi, 24 septembre 2025 à Champex-Lac.
Le jardin botanique alpin Flore-Alpe photographié ce mercredi, 24 septembre 2025 à Champex-Lac. © KEYSTONE / CYRIL ZINGARO

Les faits ont été révélés jeudi par la Fondation lors d'une conférence de presse. Elle estime avoir un "devoir de mémoire" et invoque ainsi une "communication assumée" sur le sujet.

En plus de la reconnaissance publique et officielle des faits historiques "sans minimisation ni volonté d'atténuation", l'institution a décidé d'abandonner le nom de Jean-Marcel Aubert au profit de "Fondation du Jardin botanique Flore-Alpe." Elle s'engage également à "contextualiser toute communication future sur le jardin" dans une perspective critique.

Deux rapports indépendants

L'enquête a d'abord été menée par le bureau Clio, basé à Martigny et spécialisé dans la recherche historique. Ce dernier a été mandaté par la Fondation en 2023, à l'approche du centenaire du jardin qui sera célébré dans deux ans.

Il s'agissait de mieux comprendre les origines de l'écrin botanique alpin et de valoriser son histoire, explique la Fondation, laquelle a été reprise par la commune d'Orsières et l'Etat du Valais depuis 2008.

Un premier rapport délivré en mars 2024 documente la participation, en France, de Jean-Marcel Aubert "à l'aryanisation d'entreprises en mains juives au début de la guerre, notamment les Galeries Lafayette." Ces conclusions encouragent la création d'un comité de recherche et d'éthique, créé par la Fondation un mois plus tard.

Chargés de mener une analyse plus approfondie, les trois experts ont remis leur rapport final en mai dernier. Un travail "mené tout en indépendance selon une méthode scientifique", peut-on lire dans le document.

Des "zones d'ombre" mises en lumière

Longtemps "fil conducteur du narratif de l'histoire du jardin", Jean-Marcel Aubert ou "JMA" a un passé trouble et une longue liste d'activités à son compteur. Né en 1875, le Vaudois fonde une première société en 1898 nommée "Aubert & Cie" et la développe considérablement, également sur le plan international. Il mène en parallèle plusieurs activités.

Durant la Première Guerre mondiale, JMA accumule d'énormes bénéfices. "Le portrait qui émerge des archives est celui d'un homme vif, très entreprenant et intelligent, peut-on lire dans le rapport. Mais aussi avide, sans scrupules, désirant s'enrichir, prêt à se lancer dans des affaires aventureuses et qui n'hésite pas à manipuler ses partenaires pour atteindre ses buts."

Fortune entre 1940 et 1944

Ce n'est toutefois que durant la Deuxième Guerre mondiale, dès juillet 1940, que les affaires de l'industriel prennent une "ampleur jusqu'alors inégalée". Ces affaires ont été réalisées "presque totalement" avec les autorités allemandes d'occupation, depuis la France.

Le document mentionne, entre autres, l'achat et la vente de matériel automobile pour le compte allemand, la fabrication de matériel de guerre ou encore la participation à une société de construction oeuvrant au bétonnage du "Mur de l'Atlantique", cet ensemble de fortifications côtières construites par le Troisième Reich pour empêcher une invasion des Alliés par la Grande-Bretagne.

Le 31 août 1944, JMA est arrêté et incarcéré. Evadé une première fois de l'hôpital où il est admis sous surveillance policière à la suite d'expertises médicales, il se fait arrêter une seconde fois. Avant de s'échapper à nouveau.

Il retourne dans sa Suisse natale en mai 1945. Il sera jugé et condamné trois fois par la Cour de Justice de la Seine, entre 1947 et 1950. Ses biens lui sont confisqués.

Quels fonds investis dans le jardin?

Parmi les questions qui ont émergé au cours des investigations, figure celle des fonds utilisés pour la création du jardin. Sa création datant d'avant la guerre, les experts estiment qu'elle est indépendante des activités illégitimes de Jean-Marcel Aubert.

La dotation de 500'000 francs léguée en 1965 à la constitution de la Fondation, "bien que postérieure", ne semble pas se rattacher aux actions de l'entrepreneur durant la guerre.

La fortune accumulée par l'industriel durant la Deuxième Guerre mondiale "dépassait largement la dotation", écrit la Fondation. "Dès lors, aucun élément n'oblige, sur le plan juridique ou éthique, à une quelconque restitution".

Plus grande collection vivante du Valais

La "Fondation Jean-Marcel Aubert à Champex-Lac" avait été constituée par la volonté de la Ville de Genève, de l’Etat de Neuchâtel et de Jean-Marcel Aubert, le 22 mai 1967. Aujourd'hui renommée, elle gère le Jardin botanique alpin de Champex-Lac, le Centre alpien de phytogéographique et les bâtiments.

Avec ses quelque 4000 espèces végétales de région de montagnes, dont près de 1200 originaires des Alpes et du Valais, le Jardin Flore-Alpe possède la plus importante collection vivante du canton et figure parmi les jardins botaniques les plus riches des Alpes. Il est d'ailleurs inscrit à l'inventaire des biens culturels d'importance nationale.

ATS/c
Tags de l’article
Valais
Publicité
Votre publicité ici ? Contactez-nous !
©  Rhône FM 2023  •  DéveloppementPowered by iomedia