Raphaël Ahumada prend de la masse pour changer de dimension
Coéquipier, poids, entraîneur: tout ou presque a changé pour le rameur Raphaël Ahumada depuis les JO de Paris, où il avait terminé 4e. Le Vaudois fait le point à un mois des Mondiaux de Shanghai.

Le 2 août 2024, Raphaël Ahumada et son coéquipier Jan Schäuble sont sur la ligne de départ de la finale olympique de deux de couple poids léger. Les doubles champions d'Europe en titre et médaillés d'argent aux Mondiaux de 2023 sont des candidats naturels aux médailles. Pourtant, ils terminent à la 4e place, à plus de 3" du bronze. Une claire désillusion.
Un an après, le Morgien a dû se réinventer. Après avoir profité de l'euphorie parisienne, il avait pris un mois et demi de vacances, avant de se consacrer à ses études. A ce moment-là, la décision de continuer en catégorie "open", sans limite de poids, était actée.
"Au début du cycle olympique parisien, il m'était difficile d'imaginer faire aussi bien chez les +lourds+ qu'en poids légers. Mais au fur et à mesure que le temps avançait, nous nous sommes rendu compte que la différence n'était pas aussi marquée, et la frustrante 4e place aux Jeux a achevé de me convaincre", confie Raphaël Ahumada lors d'un entretien avec Keystone-ATS.
Plus de 10 kg en un an
Dès lors, le Vaudois entame une transition. Alors qu'il devait peser moins de 72,5 kg en poids légers, catégorie désormais disparue, il doit prendre du muscle afin de régater chez les "lourds". En un an, il a ajouté plus de 10 kg, pour un total de 82 kg.
Ce qui pourrait être une délivrance reste cependant un défi, car il confie "se forcer à manger, et parfois se nourrir de manière moins équilibrée pour atteindre l'objectif sur la balance. Ton corps s'habitue, mais ça prend du temps".
En cette saison 2025, Raphaël Ahumada forme un nouvel équipage avec le Lucernois Kai Schätzle. La paire a fait son apparition en compétition aux Européens de Plovdiv fin mai, où elle a réussi à se qualifier pour la finale de sa première compétition. La victoire lors de la Coupe du monde de Varèse et la 4e place à celle de Lucerne ont été riches en enseignements, notamment sur le fonctionnement du bateau en compétition.
"Nous ne sommes pas les plus explosifs au départ, mais on a le moteur diesel pour faire la différence au milieu du parcours", confie-t-il. De bon augure, alors qu'il n'a recommencé l'entraînement sur l'eau qu'en janvier dernier.
Une révolution à l'entraînement
Avec l'arrivée du Français Alexis Besançon à la tête de l'équipe nationale, les rameurs suisses ont vu leur quotidien changer drastiquement. Alors qu'auparavant les plans d'entraînements proposaient trois séances quotidiennes, ils n'en prévoient désormais plus que deux, sans baisser le volume d'entraînement.
"Avant, on s'entraînait avec pour objectif de faire le plus gros volume possible. Malgré les bons résultats, j'étais tout le temps à bout de forces. Avec Alexis, on a l'impression que l'approche est plus scientifique", explique Raphaël Ahumada.
La journée type au centre d'entraînement de Sarnen commence maintenant à 7h15 avec un échauffement au sol, puis un entraînement de 2h en continu. Une pause de 5h est prévue entre les deux entraînements quotidiens, ce qui est bienvenu.
"Cela donne un meilleur équilibre, on a désormais le temps de se reposer ou d'étudier", se réjouit celui qui est désormais étudiant en mathématiques à Unidistance. Le second entraînement est plus court, 1h30, et permet de prévoir des séances de massage ou de physiothérapie dans la soirée.
Un programme toujours intense, mais qui a le mérite de ne pas épuiser mentalement les athlètes. Alors qu'il n'était pas sûr de tenir encore quatre ans avec le fonctionnement précédent, Raphaël Ahumada a désormais les yeux rivés sur Los Angeles 2028. Et dans un premier temps sur les Mondiaux d'aviron de Shanghai.