L'internement se justifie pour le jeune tueur, selon le procureur
Pour le Ministère public genevois, l'internement du jeune qui a tué un Portugais de 22 ans dans un parking souterrain des Charmilles se justifie. Vendredi, le procureur a livré un portrait accablant du meurtrier au troisième jour de son procès en appel.

Ce 19 janvier 2019 à l'aube, la victime est morte "pour rien" d'un coup de couteau à cran d'arrêt, juste parce qu'elle se trouvait là, a dénoncé Frédéric Scheidegger. Au vu de la dangerosité du prévenu, le procureur a une nouvelle fois requis l'assassinat et l'internement. Le Tribunal criminel l'avait suivi il y a un an lorsqu'il avait condamné le meurtrier à 16 ans de prison.
Le procureur a longuement rappelé l'agression de St-Jean à laquelle le meurtrier avait participé deux ans plus tôt, alors qu'il était mineur. Cette "célébration de la force brute" a laissé deux hommes lourdement handicapés. Par la suite, le prévenu "a bénéficié de soins très importants, mais il a menti à ceux qui s'occupaient de lui", a souligné le représentant du Ministère public.
La question de la franchise du prévenu, aujourd'hui âgé de 24 ans, est cruciale, selon M. Scheidegger. Pour lui, "tout est calculé", "flou", "à décharge" dans ses explications, alors que "les déclarations des personnes présentes sont plus fiables." Soulignant sa "froideur", il a rappelé qu'une expertise psychiatrique a conclu à une personnalité dyssociale et à un risque de récidive élevé à court et moyen termes.
"Trouble contextuel"
A la défense, Robert Assaël a dénoncé "les raccourcis, amalgames et altérations" du procureur et "son ton méprisant visant à décrédibiliser les attestations des psychologues". "Mon client a dit 'non' à toute violence depuis 2019", a-t-il répété. Un point sur lequel Yaël Hayat a aussi insisté: "Aucune psychothérapie n'a été entreprise avant les Charmilles, même si elle a été recommandée."
Selon ses avocats, le prévenu est sorti en discothèque avec un couteau par crainte des représailles en lien avec le drame de St-Jean. Il n'a pas provoqué l'affrontement dans le parking, mais a sorti son arme après avoir reçu un coup de poing.
"Son trouble est contextuel. Le traitement thérapeutique marche, mais il faut le poursuivre", a insisté Me Hayat, invitant les juges à écarter l'internement.
"Jamais de sa faute"
"Ce geste démontre son mépris de la vie humaine. C'est gratuit, c'est futile, c'est déterminé, c'est la circonstance aggravante de l'assassinat", a répliqué Vincent Spira, avocat des parents et du frère du défunt. Et de dénoncer une nouvelle fois la mémoire sélective du prévenu et sa stratégie de défense consistant à dire que "ce n'est jamais de sa faute".
"Je n'ai rien à ajouter", a déclaré le meurtrier en fin d'audience. Les juges de la Cour pénale d'appel et de révision ont gardé la cause à juger.