Voyage Voyage – épisode 6: Jade Dübi, plutôt cabanes en forêt que palaces cinq étoiles

Dire de Jade Dübi qu’elle est une habituée des trajets – longs ou un peu moins longs – est un doux euphémisme. Depuis six ans maintenant, la Montheysanne ne compte plus les kilomètres parcourus, sur les rails dans un premier temps, sur la route depuis qu’elle a le permis. Neuchâtel, Lugano, Reinach dans le canton d’Argovie et enfin Thoune: la Chablaisienne s’est rendue aux quatre coins du pays avec à chaque fois la même mission:  prendre place dans les cages de son équipe et faire face aux assauts adverses.

La gardienne montheysanne de 22 ans a rejoint l’Oberland bernois à l’entre-saison. Peu après après l’annonce de son transfert, elle nous avait dit que son objectif premier était de retrouver le goût de la victoire après deux années très compliquées (sportivement parlant) en terres argoviennes. Quelques mois plus tard, force est de constater que cet objectif est déjà atteint. «C’est vrai. La saison a très bien débuté pour nous avec un enchaînement de grosses victoires. Il n’y a finalement que face à Zurich que l’on a perdu (ndlr: trois fois en trois duels). Il faudra que l’on trouve les clés pour les battre à l’avenir.»

Nouveau club pour une nouvelle vie

En passant de Reinach à Thoune, Jade Dübi a basculé dans une autre réalité. Les chiffres sont là pour l’attester. Cinq victoires en quarante-cinq matches et deux saisons d’abord. Treize victoires en seize matches et trois mois ensuite. Dernier succès en date ce lundi à l'occasion du Winter Classic féminin face à Langenthal à Gstaad (5-0). Mieux encore: depuis le début de l’exercice, la Chablaisienne a déjà terminé six rencontres sans encaisser le moindre but. «Là aussi ça change mais ce n’est pas forcément toujours facile à vivre», relève-t-elle. «À Reinach, les tirs adverses s’enchaînaient alors qu’à Thoune, je n’ai parfois pas de travail pendant plusieurs minutes. Il m’arrive de m’ennuyer contre des équipes comme Ambri qui vient de monter et qui est plus faible. J’essaie malgré tout toujours de faire le vide dans ma tête et de rester concentrée pour être prête dès qu’une action adverse se présente devant mon but.»

«Dans le vestiaire, ça parle allemand, français, anglais…peu importe, l’ambiance est excellente.» Jade Dübi

Que ce soit aussi bien sur qu’hors de la glace, Jade Dübi assure s’être très vite bien intégrée à son nouvel environnement et à sa nouvelle équipe. «Il faut savoir que ce groupe est presque tout neuf», précise-t-elle. «On est énormément de nouvelles joueuses. Plusieurs sont venues de Neuchâtel et de l’étranger. L’effectif a un nouveau visage. Dans le vestiaire, ça parle allemand, français, anglais…peu importe, l’ambiance est excellente entre nous toutes.»

Un premier objectif (presque) rempli

Après les deux tiers de la saison, Thoune pointe confortablement au 2ème rang du classement de Women’s League, l’élite du hockey féminin helvétique. Seuls les ZSC Lions, unique formation contre laquelle les Oberlandaises ont donc buté jusqu’alors, fait mieux. «Notre premier objectif était de nous qualifier pour les playoffs et il est déjà presque atteint», apprécie Jade Dübi. «Maintenant, on peut s’imaginer lutter pour le titre. Mais pour soulever le trophée, il faudra être capables de battre les Zurichoises qui sont les grandes favorites.»

«Je suis convaincue que l’on a les moyens de gagner le titre.» Jade Dübi

Malgré son jeune âge, la gardienne chablaisienne née dans le Canton de Vaud possède déjà une jolie expérience. Il y a un peu plus de trois ans maintenant, elle avait conquis son premier titre de championne de Suisse sous les couleurs de Lugano. «Je suis convaincue que l’on a les moyens de le faire aussi avec Thoune. À condition que l’on améliore notre jeu défensif lorsque l’on affronte Zurich.» C’est là tout le problème de ce championnat féminin qui voit de sacrés écarts séparer le niveau des différentes équipes en lice. «C’est vrai que ce n’est pas facile de jouer une fois contre une équipe qui nous domine et une fois contre une équipe qui est largement inférieure à nous. Il faut savoir s’adapter. Heureusement, Thurgovie et Lugano que l’on avait facilement battus en début de saison ont haussé leur niveau. Ça permet de renforcer un peu la compétitivité de la ligue.»

Une saine concurrence dans les cages

De la compétitivité, de la concurrence, il y en a en tout cas dans les buts thounois cette saison. Depuis le début de l’exercice, Jade Dübi partage le temps de glace avec Alexandra Lehmann, l’autre gardienne de l’effectif. «Évidemment qu’on aimerait toujours jouer plus. On ne ferait pas ce sport sans ça. Il y a une concurrence entre nous mais elle est vraiment saine.  Personnellement en tout cas, elle me pousse à travailler toujours plus fort à l’entraînement. On verra bien ce que ça donne par la suite.»