Voyage Voyage – épisode 3: Nicolas Michel jeté dans le bus après une soirée arrosée
Le sport est synonyme de voyages, de trajets plus ou moins longs, plus ou moins fréquents. Pendant ces fêtes, découvrez les portraits de neuf Valaisan·ne·s qui nous parlent de cet aspect lié à leur pratique sportive aux quatre coins de la Suisse et du monde. Épisode 3: Nicolas Michel.

Nicolas Michel continue de prendre son mal en patience. Dix petits jours auraient pourtant dû le séparer du début de la saison de Coupe du Monde de télémark. Malheureusement pour lui, le manque de neige a eu raison des premières épreuves prévues dans la station française des Contamines-Montjoie. Si le natif de Vex attend autant de retrouver un portillon, c'est qu'il sort d’un hiver passé presque blanc. Terminé alors qu’il venait tout juste de débuter.
Pour Nicolas Michel, les voyages sont synonyme d’aventure. En Suisse ou à l’étranger, il est toujours en quête de nouvelles découvertes. Sa première préoccupation est surtout de prendre un maximum de plaisir, peu importe le lieu où il se trouve. Mais gare aux excès…
La patate…jusqu’à la première manche de la saison
Nous sommes le 24 janvier dernier à Saint-Gervais. À moins de deux heures de voiture du Val d’Hérens où Nicolas Michel a grandi. La première épreuve de la saison de télémark est un sprint. Le Valaisan n’en arrive même pas au bout de la première manche. «Ma préparation s’était bien passée. J’avais la patate», se souvient-il. «Je peine encore à expliquer ce qu’il s’est passé. Dans un virage, j’ai senti un immense claquement dans mon genou et tout s’est arrêté là. Les ligaments croisés antérieurs étaient touchés…pas le ménisque, heureusement.»
«Voir toute l’équipe être sur les skis et s’amuser alors que j’étais chez moi, scotché à mon canapé, ce n’était vraiment pas le truc le plus drôle.» Nicolas Michel
Passé sur la table d’opération trois jours plus tard, Nicolas Michel entame alors une longue période de rééducation. «Sur le coup, je n’ai pas eu de peine à accepter ma blessure mais les semaines qui ont suivi ont été bien plus difficiles à vivre. Voir toute l’équipe être sur les skis, être en compétition et s’amuser alors que j’étais chez moi, scotché à mon canapé ou en train de réapprendre à marcher, ce n’était vraiment pas le truc le plus drôle.»
Il n’a jamais douté
Malgré l’importance de la blessure et la durée de la convalescence, le télémarkeur assure ne s’être jamais interrogé quant à son futur. «Dès le départ, c’était clair pour moi: je voulais continuer. Raccrocher les skis n’était aucunement une option. Cet état d’esprit m’a aidé durant ma rééducation. J’étais prêt à en faire toujours plus, à m’investir au maximum pour bien revenir. Évidemment qu’il y a eu des phases de bas durant lesquelles j’avais l’impression de régresser mais je me suis toujours dit que je retrouverai la lumière au bout du tunnel. Hors de question de faire demi-tour en chemin.»
Une tension similaire aux autres années
Aujourd’hui, Nicolas Michel se trouve à la sortie de ce tunnel. La lumière est bien là…même si une petite part d’ombre subsiste. «Je ressens encore quelques douleurs au quotidien», explique-t-il. «Pour skier, cela ne me gêne pas plus que tant. On verra bien durant la saison si ça tient. Ce sera de toute manière une première pour moi. J’ai toujours été quelqu’un de positif. Je vais donc prendre les jours les uns après les autres, sans me poser de questions.» À l’heure d’aborder le nouvel exercice qui approche, l’Hérensard affirme ne ressentir aucune appréhension. «Elle est déjà passée. Elle était là la première fois où j’ai remis les skis. Bien sûr qu’une petite tension existe mais elle est la même que chaque année avant la première course de l’hiver.»
«Chacun a un job à côté du télémark et le mien n’est pas le plus simple.» Nicolas Michel
Le Valaisan reconnaît aussi qu’il n’a pas forcément eu l’occasion de mener la préparation qu’il souhaitait. «Disons que l’inconvénient de faire du télémark, c’est que l’on n’est pas professionnels. Chacun a un job à côté et le mien n’est pas le plus simple», rigole-t-il dans sa bonne humeur communicative. «En tant que chef de projet en menuiserie, la fin de l’année est très chargée. Tout le monde veut recevoir sa cuisine ou son armoire avant les Fêtes…Il faut donc gérer ce coup de bourre avant de tourner la page d’une année et ouvrir celle de la suivante à fond la caisse sur les skis.»
Des Mondiaux en Suisse au mois de mars
Au moment de tourner son regard sur la saison qui arrive, une date est entourée en rouge dans l’agenda de Nicolas Michel: celle des championnats du Monde prévus à la fin mars dans l’Oberland bernois. «Cet événement est mon point de mire. Mais mon objectif premier pour cet hiver est de prendre du plaisir. De ne pas me blesser et de faire plus qu’une course», se marre-t-il. «Je vais prendre les épreuves les unes après les autres mais c’est clair qu’en prenant le départ, je ne me contenterai pas de viser la 20ème place.»
«Ma blessure n’est pas venue de nulle part. J’ai fait l’erreur de me relâcher.»Nicolas Michel
Alors qu’il fêtera ses 28 ans début février, Nicolas Michel n’est pas encore un ancien du circuit de télémark. Pas un «rookie» non plus puisque sa première épreuve en Coupe du Monde date…d’il y a bientôt douze ans. «J’aime toujours autant mon sport qu’à mes débuts», affirme-t-il. «Après, c’est vrai qu’avec le temps, il faut trouver des moyens de garder la motivation. À ce niveau, je pense que ma blessure n’est pas venue de nulle part. J’ai beaucoup réfléchi et je pense qu’en étant au plus haut niveau depuis un certain temps, j’ai fait l’erreur de me relâcher. Cet accident a été bénéfique sur ce point. Il m’a mis un coup de boost pour repartir...je ne sais pas pour combien de saison mais j’espère quelques-unes!»
La prochaine aurait dû débuter dans dix jours aux Contamines-Montjoie avant que la météo n'en décide autrement. Pour le moment, les premières épreuves de l'hiver sont donc prévues d'ici trois semaines dans les Vosges.
