Stéphane Sarni et David Orlando analysent la finale
En football, le dénouement de l’Euro 2020 sera connu dimanche. On décortique cet affrontement avec les anciens joueurs du FC Sion David Orlando et Stéphane Sarni.

Italie-Angleterre. Une affiche qui met aux prises deux équipes historiques du football européen. D’un côté, des Transalpins quatre fois champions du monde et une fois champions d’Europe et qui restent sur deux défaites lors de leurs deux dernières finales dans un Euro (en 2012 face à l'Espagne et en 2000 face à la France). De l’autre, des Anglais qui n’ont jamais gagné le trophée continental et qui disputent leur première finale depuis leur sacre mondial en…1966.
On décortique cet affrontement avec deux anciens joueurs du FC Sion. David Orlando est un fan inconditionnel de l’Angleterre. Stéphane Sarni, binational, soutient l’Italie.
Les points forts
David Orlando: «L’Angleterre est une équipe solide qui prend très peu de but. Jusqu’à présent, elle n’en n’a pris qu’un seul, sur un coup de pied arrêté. J’aimerais la voir parfois plus spectaculaire, mais elle est complète et équilibrée dans tous les secteurs, spécialement offensivement. Le banc est incroyable. Les remplaçants sont des titulaires en puissance. Quand on voit que des Rashford, des Sancho ou des Grealish ont très peu de minutes de jeu, c’est impressionnant. Sur la longueur, ça peut faire la différence.»
Stéphane Sarni: «Le parcours de l’Italie dans cet Euro est magnifique, d’autant que la manière y est. C’est une équipe qui est convaincue et convaincante. Pas uniquement par ses résultats, même si la dynamique est évidemment positive avec sa série de 33 matches sans défaite; mais aussi par un renouveau de style, avec une équipe portée vers l’offensive, qui est agréable à voir jouer. L’effectif ne dispose pas de grosses stars, mais il est très intéressant. Il est jeune, entouré d’une arrière-garde (Bonucci et Chiellini) âgée mais surtout rassurante et très solide. Tout cela dirigé par un entraineur, Roberto Mancini, qui a réussi à convaincre ses joueurs d’adhérer à des principes de jeu portés vers l’avant, vers un style de jeu qu’on a peu l’habitude de voir en Italie.»
Les points faibles
David Orlando: «Pour l’instant, on n’a pas trop vu ceux de l’Angleterre. On peut peut-être parler de sa difficulté à emballer les matches. Ou alors évoquer la fébrilité au poste de gardien. J’ai senti Pickford moins à son aise en demi-finale. Sans parler, évidemment, de la grosse pression sur les épaules de cette équipe. Imaginez-vous, tout le peuple anglais attend un succès depuis 55 ans !»
Stéphane Sarni: «Offensivement, l’Italie peut paraître sur le papier moins bien armée. On a d’ailleurs vu plusieurs visages de la formation de Mancini. Parfois, à certains moments du match, elle joue très bas sur le terrain – c’était par exemple le cas lors de la deuxième mi-temps face à l’Espagne. Elle mise alors sur ses qualités, avec des joueurs de contre percutants et forts dans les un-contre-un tels qu’Insigne ou Immobile.»
Le match
David Orlando: «L’Angleterre ne doit pas changer son système de jeu pour se calquer sur l’adversaire. Le 4-2-3-1 fonctionne bien. Il faudra mettre de la pression d’entrée pour emballer la rencontre. Je pense qu’il est capital de marquer en premier, parce qu’ensuite, les Italiens seraient obligés de se livrer et avec la vitesse offensive des hommes de Southgate, ça peut faire très mal. Mais je m’attends à des Transalpins qui ne prennent pas de risque, bien organisés et défendant assez bas. Les voir ouvrir le score rendrait les choses très compliquées ensuite.»
Stéphane Sarni: «Le fait de jouer à Londres, dans un stade de Wembley acquis à la cause des Anglais ne sera pas négligeable. Mais à ce niveau de la compétition, et surtout après une année comme on vient de vivre, je pense que les joueurs sont capables de faire abstraction de cela pour se focaliser sur leur performance. Mais j’espère que cet Euro va se terminer avec un match spectaculaire parce qu’il a été très sympa à voir jusqu’à présent, dans l’esprit et au niveau du jeu.»
Le pronostic
David Orlando: «2-0 pour les Anglais.»
Stéphane Sarni: «Je ne suis pas fan des pronostics… J’espère simplement que l’Italie l’emporte. Et là, c’est le sang qui parle !»
David Orlando est fan de l’Angleterre depuis toujours. Ou presque. «Ça remonte à la coupe du monde 1982. J’avais 10-11 ans, et je me souviens du match Angleterre-France et ce but après 27 secondes de Bryan Robson.» L’ancien joueur du FC Sion ajoute: «Je suis né le 13 octobre 1971, un jour de match entre la Suisse et l’Angleterre, avec victoire des Anglais 3-2. Peut-être que ça joue un rôle !»
Par la suite, le Chablaisien a été séduit par la mentalité anglaise. «Tout donner sur le terrain, se battre jusqu’au bout. C’est incroyable à voir. Ce n’est peut-être pas le foot le plus technique, mais ce n’est pas le foot le plus technique que j’aime. Cette mentalité du foot total m’a accompagné dans ma carrière de joueur et j’essaye de la transmettre en tant qu’entraineur.» Et pour l’ancien coach de Saint-Maurice, un exemple sort du lot: «Wayne Rooney est un joueur de classe mondiale. Quand tu voyais ce qu’il donnait sur le terrain, excuse-moi mais ça n’a rien à voir avec des joueurs comme Neymar. Rooney lâchait tout et c’est typique de la mentalité anglaise.»
