Guillaume Gillioz, le cavalier valaisan qui veut transformer ses rêves en objectif

Originaire de Saint-Léonard, Guillaume Gillioz est monté pour la première fois en selle en Bourgogne, là où les obligations professionnelles de son papa avaient emmené toute la famille. À l'époque, du haut de ses huit ans, il grimpait sur des poneys. "Ma maman a toujours été passionnée par les chevaux. Elle m'a transmis le virus." Lequel s'est ancré pour de bons dans les veines du cavalier un jour d'août 2012. "Je ne me rappelle plus la date exacte. Ce devait être entre le 8 et le 10 (ndlr : c'était le 8). J'étais devant ma télévision lorsque j'ai vu Steve Guerdat devenir champion olympique. Ce jour-là, j'ai compris. Je n'ai plus eu d'autres métiers en tête. Je voulais seulement devenir cavalier."

Alors âgé de 12 ans, le Valaisan était bien loin de se douter que, quelques années plus tard, il serait engagé par…Steve Guerdat lui-même. Voilà en effet un peu plus de deux ans qu'il a posé ses valises à Elgg pour œuvrer dans les écuries de son idole. "Mon chemin devait être tracé ainsi. Je le dois à un peu de chance et à beaucoup de travail." Il n'a évidemment rien oublié de ce jour du printemps 2023 où tout cela s'est mis en place. "Mon ami Edouard Schmitz (ndlr : cavalier lui-aussi) m'a appelé pour me dire que Steve allait sûrement chercher quelqu'un pour remplacer Anthony Bourquard qui venait de le quitter. Je me suis donc lancé. J'ai pris le risque de perdre mon emploi chez Daniel Etter (ndlr : ancien champion d'Europe par équipes), mais au final, lorsqu'on veut quelque chose et qu'on fait tout pour l'avoir, il y a de bonnes chances que ça marche."

Guillaume Gillioz a donc empoigné son téléphone pour appeler celui qui est une véritable légende de l'hippisme. "Tu as beau préparer un texte dans ta tête, une fois que l'appel passe, ça ne sert plus à rien. Tu oublies tout ce que tu avais prévu de dire!" Deux ans et demi plus tard, le Valaisan se souvient à quel point il a "eu chaud" en échangeant ses premiers mots avec le champion olympique jurassien. "À ce moment-là, je suis encore le gamin qui appelle son idole, celle qui m'a donné envie de faire ce métier. Je ne me sentais franchement pas très bien jusqu'à ce qu'il me dise que je pouvais m'organiser pour venir faire un essai chez lui."

Un essai qui s'est donc rapidement avéré concluant et qui a transformé la relation de fan à idole en une relation d'employé à employeur. Le Léonardin évoque les tâches qui lui incombent au sein des écuries de Steve Guerdat.

S'il en monte plusieurs au quotidien, Guillaume Gillioz a noué une relation forte avec un cheval en particulier. Celui qui l'accompagne sur les concours. Remix, une jument de 17 ans. "J'ai fait sa rencontre en janvier 2024, alors que je rentrais d'une de mes rares semaines de vacances", raconte-t-il. "Steve m'a proposé de l'essayer car une cliente de son écurie souhaitait la vendre. Il ne m'a pas dit directement qu'elle serait pour moi. Le feeling est tout de suite passé et deux semaines plus tard, il en a fait l'acquisition. J'ai commencé les concours avec Remix sans me fixer d'objectifs, mais nous sommes vite devenus un vrai couple. Avec elle, tout est facile. Nous n'avons jamais eu de mauvais parcours. Le mérite lui revient en grande partie. Cette jument a connu beaucoup de cavaliers dans sa vie, mais la seule chose qui n'a pas changé, c'est qu'elle enchaîne les sans faute."

Du haut de ses 17 ans, Remix présente déjà un âge certain pour un cheval en compétition. Conscient que l'heure de la retraite a bientôt sonné pour sa monture, Guillaume Gillioz tient à la préserver au maximum, quitte à faire l'impasse sur certains concours. "Gerhard Etter, le père de mon ancien patron, me disait toujours qu'un cheval est comme un livre et que chaque saut correspond à une page que l'on arrache. Quand toutes les pages ont été arrachées, le livre est fini. Cette image est totalement juste. Il faut donc savoir gérer les efforts que l'on demande au cheval. En faire assez et pas trop à la fois. Cette gestion devient de plus en plus facile à mesure qu'on le connaît." Ces propos résument parfaitement ce qui fait la beauté de l'hippisme : les résultats sont le fruit d'un vrai travail d'équipe entre le cavalier et son animal.

Vainqueurs de la Coupe de Suisse à Saint-Gall à la fin mai, Guillaume Gillioz et Remix retrouveront Palexpo le mois prochain. Le Valaisan a en effet décroché l'une des quatre Wild Cards pour le CHI de Genève auquel il participera pour la 2ème année consécutive. "C'est le meilleur concours indoor au Monde, n'importe quel cavalier vous le dira", affirme-t-il. "En tant que Suisse, c'est encore plus spécial. Le temps d'un week-end, nous avons l'occasion de nous confronter aux meilleurs du monde. Nous n'avons presque rien à faire là, donc nous n'avons qu'à profiter et prendre de l'expérience." Pas d'objectif en tête donc? "Si, nous sommes quand même des compétiteurs. J'aimerais bien faire au moins aussi bien que l'an dernier, lorsque nous avions terminé à la 7ème place de l'épreuve du 1m55. Je sais malgré tout que pour y parvenir, il faudra que toutes les étoiles soient alignées."

Il n'y a pas si longtemps, le natif de Saint-Léonard rêvait de participer à ce CHI de Genève. Travailler pour Steve Guerdat? Il n'aurait même pas osé y songer. À quoi pense-t-il donc aujourd'hui au moment de s'endormir? "À la fin du parcours sans faute et à la remise des prix de l'an dernier à Genève", commence-t-il par répondre. "Sinon, je n'ai pas peur de le dire : je rêve des Jeux Olympiques. À l'heure actuelle, il ne serait toutefois pas réaliste de penser à 2028. Je dois d'abord m'imposer comme un routinier sur des concours de moins grande importance, comme des Coupes des Nations de 2ème division. Je sais aussi qu'avec les chevaux, tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l'autre. Pour le moment, je dirais donc que mon rêve est de transformer mes rêves en objectif."