Objectifs variés, relève à trouver : Julien Vuignier fait le point avant la rentrée des slalomeurs
L'heure de la rentrée a sonné pour les meilleurs slalomeurs de la planète. Avant les traditionnelles épreuves de Levi, l'entraîneur valaisan Julien Vuignier évoque la forme de ses différents protégés et les difficultés à trouver de la relève entre les piquets serrés.

Neuf mois après avoir été sacré champion du Monde de la discipline, Loïc Meillard s'attaque ce week-end à l'un des gros objectifs de son hiver. La conquête du globe du slalom. Première étape de la saison entre les piquets serrés : Levi en Laponie finlandaise. Les dames ouvriront les feux samedi, les hommes leur emboîteront le pas dimanche.
Contrairement à la plupart de ses coéquipiers, Luca Aerni excepté, le skieur d'Hérémence se présentera dans le portillon avec une épreuve de Coupe du Monde déjà dans les jambes : le géant de Sölden bouclé à la 14ème place il y a trois semaines. "Un tour de chauffe", sourit son entraîneur Julien Vuignier. "On connaît l'histoire entre Loïc et Sölden. Ce n'est pas l'amour fou. Ces deux dernières saisons, il a terminé au 2ème rang du général sans avoir pris de points à Sölden. Il est donc en avance cette fois."
Une première en Nouvelle-Zélande
Pendant que Meillard et Aerni (30ème) étaient engagés sur le glacier du Rettenbach, leurs coéquipiers de l'équipe de slalom continuaient de réviser leurs gammes à Diavolezza dans les Grisons. Avant ça, les premiers jours sur les skis s'étaient déroulés dans des conditions optimales à Zermatt avant un camp d'un mois à l'autre bout du Monde, du côté de la Nouvelle-Zélande. "Une nouvelle expérience inédite pour nous après cinq ou six années consécutives à Ushuaia", relève Julien Vuignier. "Là-bas aussi, dans les trois stations que nous avons fait, nous avons trouvé des conditions magnifiques. Nous avons découvert des paysages magnifiques et des pistes très dures et rapides."
Les Helvètes abordent donc ce nouvel exercice sous les meilleurs auspices…et avec une réalité propre à chacun d'eux. Daniel Yule par exemple doit assimiler son changement de matériel, lui qui a rejoint Atomic après avoir fait toute sa carrière sur des skis Fischer. "Il sait qu'il doit encore tester certaines choses pour trouver les bons réglages. C'est une situation qui le motive à se lever tous les matins. Il se trouve face à un nouveau chantier, avec des fondations à poser alors que chez Fischer, il en était arrivé au point de régler la position des miroirs dans la salle de bain (rires). Sur certains points, le changement est extrême en passant d'une marque à l'autre." Si l'athlète est évidemment libre de décider en fonction de ses sensations sur la piste, les entraîneurs ont également un mot à dire au moment de finaliser le choix du matériel.
Autre athlète, autre réalité. Ramon Zenhäusern est en quête de réaction après une dernière saison cauchemardesque. Relégué dans les cadres C de Swiss-Ski, le Haut-Valaisan peut tout de même bénéficier du soutien de ses entraîneurs. "Ça reste l'un de ceux à avoir remporté le plus de courses (ndlr : 7 succès en Coupe du Monde). Nous ne pouvons donc pas l'abandonner sur le bord de la route, sous prétexte qu'il sort d'un ou deux hivers un peu plus compliqués. Ramon nous a prouvé durant tout l'été qu'il était de nouveau au rendez-vous. Il n'est peut-être pas encore de retour à 100%, mais il s'approche des 90%. Je suis convaincu qu'il va nous faire plaisir, mais surtout qu'il va se faire plaisir à lui-même ces prochains mois."
Vers un duel Meillard-Odermatt pour le général?
Si l'objectif du géant de Bürchen sera avant tout de "retrouver son ski" et de redevenir un candidat crédible au top 10, les ambitions de Loïc Meillard sont évidemment nettement supérieures. Le protégé de Julien Vuignier est cité par bon nombre d'observateurs comme le principal adversaire de Marco Odermatt dans la course au général de la Coupe du Monde. "Loïc a énormément appris avec la blessure au dos subie au début de l'hiver dernier", estime le coach valaisan. "Il s'est concentré sur lui-même et il a compris qu'avant de viser un classement, son objectif doit être de skier le plus vite possible. S'il y parvient, le reste viendra naturellement. Le but est de jouer le globe du slalom et de s'approcher de celui du géant. La suite, on verra bien. Pour l'instant, Loïc reste à 500 ou 600 points de Marco. Pour combler cet écart, il faudra monter sur le podium à chaque course."
Avec l'un des meilleurs skieurs de la planète, peut-être le plus polyvalent de tous, le travail de l'entraîneur se concentre sur de petits détails. "La chose la plus importante pour Loïc est de garder la santé. Sa marge de progression concerne la distance en slalom et une certaine vitesse en géant. C'est là-dessus que nous concentrons nos efforts afin d'arriver dans les meilleures dispositions possibles le jour de la course." Le programme du skieur d'Hérémence est désormais sensiblement le même que celui de Luca Aerni, lequel a décidé de véritablement se lancer en géant la saison dernière. "Il fait pratiquement les mêmes jours d'entraînement que Loïc à présent", confirme Julien Vuignier. "Il fait même parfois du Super-G pour se changer les idées. C'est important."
Les "intrus" Nef et Rochat au milieu des Valaisans
Aux côtés des quatre "mousquetaires" valaisans, le Genevois Tanguy Nef et le Vaudois Marc Rochat complètent l'équipe de slalom. Deux hommes qui ont su se faire leur place, qui apportent une autre dynamique au groupe et que Julien Vuignier a vu se développer.
Meillard, Yule, Aerni, Zenhäusern, Nef et Rochat : ces six athlètes ont tous des atouts à faire valoir. Tous ont déjà prouvé être capables de jouer tout devant. Tous peuvent prétendre à l'un des quatre tickets disponibles pour les Jeux Olympiques prévus en février. Tous, aussi, sont âgés de 28 à 33 ans. Alors que de nouvelles forces peinent à émerger, une question se pose : faut-il s'inquiéter d'un manque de relève chez les slalomeurs suisses? La réponse de Julien Vuignier tend vers la positive.
