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Malorie Blanc : "Regarder en arrière me donne parfois le vertige"

Elle a fait une entrée remarquée sur le circuit de Coupe du Monde l'hiver dernier. En l'espace de quelques mois, Malorie Blanc a changé de dimension. Avec l'humilité et la fraîcheur qui la caractérisent, l'Ayentote se confie à l'aube de la nouvelle saison.

Christophe Moreillon
Christophe Moreillon, Rédaction Rhône FM
10 nov. 2025, 14:00
/ Màj. il y a 5 jours
Révélation de l'hiver dernier, Malorie Blanc est prête pour sa deuxième saison sur le circuit de Coupe du Monde.
Révélation de l'hiver dernier, Malorie Blanc est prête pour sa deuxième saison sur le circuit de Coupe du Monde. © Rhône FM

Il y a un an, Malorie Blanc se remettait tout juste de sa grave blessure au genou au gauche. À l'époque, son principal objectif était de retrouver ses sensations sur les skis. Un premier départ en Coupe du Monde? Elle en rêvait. Aujourd'hui, elle a non seulement réalisé ce rêve, mais elle s'est surtout imposée comme la révélation de l'exercice écoulé. Montée sur le podium dès sa deuxième course à ce niveau, elle a aussi vécu ses premiers Mondiaux chez les élites avant de participer aux finales à Sun Valley. À quelques semaines de son début de saison, prévu à Saint-Moritz, elle affirme avoir toujours un peu de peine à se faire à sa nouvelle réalité. Interview.

Malorie Blanc, après tout ce que vous avez vécu l'hiver dernier, avez-vous eu le temps de souffler durant l'été?
Disons que j'ai eu deux vraies semaines de vacances. Ensuite, c'était déjà reparti direction les salles d'entraînement. Pour être honnête, ce n'était pas forcément facile de trouver la motivation pour retourner souffrir (rires). J'en ai vraiment chié au début puisque le rythme était tout autre que l'an dernier, lorsque j'avais cette blessure à soigner. Le retour sur les skis a fait du bien. Il a permis à la tête de prendre l'air. Globalement tout s'est bien passé. Je sens de moins en moins de différence de force entre mes deux jambes, donc je peux skier de manière complètement libérée. Nous avons travaillé sur les détails, notamment lors du camp au Chili. Les conditions étaient au top, là-bas comme sur les glaciers en Suisse. Je crois qu'on peut parler d'une préparation exceptionnelle.

Plus de sept mois sans enfiler un dossard en compétition, ça commence à faire long?
Oui, quand même. J'ai un super dossard Anzère à l'entraînement, mais celui de la compétition, avec tout ce qui va avec, c'est autre chose. Je me réjouis vraiment de voir comment le travail des derniers mois va payer. Même si une part d'appréhension existe, je ressens surtout beaucoup d'excitation.

"Depuis deux ou trois ans, mon chemin de vie ne fait que changer. C'est passionnant." Malorie Blanc

En un an, on peut dire que tout a changé pour vous?
Oui, les obligations sont plus nombreuses aujourd'hui. Après, ça reste "que" du ski. Il ne faut donc pas trop se prendre la tête. Personnellement, j'aime bien prendre un peu de recul pour observer la situation. Depuis deux ou trois ans, mon chemin de vie ne fait que changer. C'est passionnant et j'essaie d'en profiter au maximum. 

Garder la tête froide et cette fraîcheur qui est la vôtre, c'est facile avec tout ce qui s'enchaîne?
Je ne vous cache pas qu'il se passe beaucoup de choses dans ma tête, surtout lors des périodes un peu plus calmes. À la fin de la saison dernière, j'étais assez fatiguée. Regarder en arrière me donne parfois le vertige. Même si mon environnement ne cesse de bouger, j'essaie de garder les mêmes valeurs et, encore une fois, de ne pas trop me prendre la tête. 

Quelques mois plus tard, arrivez-vous à mettre des mots sur tout ce que vous avez vécu la saison dernière?
C'était hyper intense et riche en émotions. Quand j'y repense aujourd'hui, je me dis que je suis fière de moi. Après mon podium à Sankt Anton, il a fallu repartir sur les épreuves suivantes puis enchaîner avec les Mondiaux et les finales de la Coupe du Monde. Toute cette saison était juste folle. J'en garde un souvenir global, pas seulement celui du moment vécu à Sankt Anton qui restera forcément à jamais gravé dans ma tête.

Vous sentez que les attentes sont plus grandes désormais sur vos épaules?
Oui, mais elles viennent aussi de moi-même. Quand on voit ce que j'ai été capable de faire l'an dernier, on se dit que tout est possible et que ça peut aller vite. Maintenant, j'entends beaucoup de choses. Les gens me parlent forcément des JO et d'un futur sur deux ou trois ans, mais de mon côté, j'essaie de ne pas trop me projeter. Je préfère me focaliser sur ce que je peux influencer, à savoir mon ski. Je fais en sorte de me détacher au maximum de toute cette pression en me disant qu'à la fin, le plus important est que je m'amuse sur les lattes. 

"Avec les sponsors, tu discutes, tu négocies et tu décides ce que tu veux représenter. C'est un peu comme le Monopoly." Malorie Blanc

Reste que votre notoriété grandissante vous a amené à négocier avec de potentiels nouveaux sponsors…
C'est vrai, il y a eu pas mal de demandes et de discussions ces derniers mois, mais c'était vraiment hyper intéressant de voir tout cet engouement. Je me suis retrouvée dans une position assez privilégiée, celle de pouvoir faire des choix. C'était comme un petit jeu. Tu discutes, tu négocies et tu décides ce que tu veux représenter. C'est un peu comme le Monopoly (rires). J'ai beaucoup appris lors de ces différents échanges. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai renoncé à faire des études pour le moment. Mes études, je les fais directement sur le terrain et ça me plait. J'ai la chance d'être très bien entourée, mais je veux aussi pouvoir prendre des décisions moi-même.

Avez-vous assimilé le fait d'être désormais une athlète de Coupe du Monde?
(Elle sourit) Ça me fait toujours un peu bizarre de l'entendre, car je n'aurais jamais pensé en arriver là. Je n'en rêvais même pas quand j'étais plus petite. À l'époque, je trouvais juste fou que des filles arrivent à s'élancer devant autant de monde. Je suis hyper reconnaissante de pouvoir vivre tout ça aujourd'hui. Au final, je me sens bien dans ce monde qui me semblait inaccessible. C'est hyper stimulant et ça ouvre la porte à de nouveaux challenges.

Justement, parlons de l'hiver qui arrive, à quoi doit-il ressembler pour vous?
Bon, tout le monde m'en a déjà parlé comme de l'hiver de la confirmation. Personnellement, je me dis juste que je suis déjà passée par là. Je prends les choses avec plus de légèreté que l'an dernier car tout ne sera pas une nouveauté cette fois. J'espère que ce sera encore une année pleine d'apprentissages. Pouvoir participer aux JO et découvrir cet événement de l'intérieur serait évidemment super, mais si ça ne se fait pas cette fois, ce sera pour une prochaine. Je ne me fixe pas d'objectifs, comme ça je n'ai aucune limite. Je suis ouverte à tout ce qui m'arrivera.

"Je suis contente de pouvoir construire de nouveaux souvenirs avec la piste de Crans-Montana." Malorie Blanc

Avant les Jeux, il y aura un week-end de Coupe du Monde à Crans-Montana. Un rendez-vous entouré en rouge dans votre agenda?
Évidemment. Les gens m'en parlent déjà beaucoup et comme c'est juste à côté de la maison, je vois les préparatifs qui avancent. Pour moi, ce sera un beau challenge puisque la dernière fois que j'ai skié à Crans-Montana, on ne peut pas dire que ça se soit bien passé (ndlr : c'est là qu'elle avait été victime de sa déchirure du ligament croisé). J'aime beaucoup cette piste donc je suis contente de pouvoir construire de nouveaux souvenirs avec elle. Je me réjouis vraiment de pouvoir skier au plus haut niveau en Valais, devant des gens que je connais et que j'aime.

Un mot sur votre rôle au sein de l'équipe de vitesse. On peut vous présenter comme la petite sœur du groupe?
Absolument. La plus proche de moi en âge est Jasmina Suter qui est née en 1995. Ça fait donc un petit gap entre nous (rires). Ce qui est chouette, c'est que toutes ces filles sont prêtes à partager leur expérience. Elles sont très ouvertes à la discussion et à répondre à toutes les questions. J'ai de la chance de pouvoir profiter d'elles. Je trouve aussi marrant d'être la seule "welsch", celle qui apporte cet esprit un peu plus décontracté. L'ambiance est vraiment très bonne entre nous toutes. Je ne pars en tout pas en camp avec la boule au ventre. 

Comment se fait-on sa place en tant que coéquipière d'athlètes que l'on regardait à la télévision il n'y a pas si longtemps?
Au départ, c'est particulier. Il y a une sorte de barrière, car on ne se rend pas compte de l'envers du décor. À force de les côtoyer, on finit par s'apercevoir que ce sont des filles comme nous, qui sont passées par le même chemin. Malgré tout, je les regarde toujours avec énormément de respect.

"J'admire énormément Lara Gut-Behrami, mais il faut que j'ose plus l'aborder." Malorie Blanc

Vous êtes la petite jeune qui monte alors que Lara Gut-Behrami entame sa dernière saison. Comment se passe votre relation avec elle?
J'ai eu la chance de bien parler avec à Kvitfjell et j'ai pu constater qu'elle était très ouverte à la discussion. Le problème est que j'ai tellement de respect que j'ai toujours peur de déranger. Je reste donc souvent un peu en retrait pour l'observer. Lara est très inspirante par la faculté qu'elle a à connaître exactement ce dont elle a besoin. Lors du camp au Chili, je l'ai regardée skier depuis mon télésiège et je me suis dit qu'elle était quand même impressionnante. Je l'admire énormément, mais il faut vraiment que j'ose plus l'aborder. J'aimerais bien la connaître encore davantage.

Une fois Lara Gut-Behrami retirée, les autres vont suivre ces prochaines années et il y aura un rôle de leader de l'équipe à reprendre. Vous êtes prête à l'assumer?
Bon, je comprends que de l'extérieur, on peut avoir la sensation qu'il n'y a pas grand monde derrière. Malgré tout, je pense que ça peut aller très vite. Surtout chez les filles. Je n'espère en tout cas pas me retrouver seule (rires). Quoi qu'il en soit, je n'aime pas ce mot de leader. Forcément que la dynamique du groupe va changer une fois que certaines se seront retirées, mais on verra bien d'ici là. Je ne me pose pas de questions pour le moment. Je me réjouis simplement de voir à quoi ressembleront les prochaines saisons.

CM
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