Claude-Alain Schmidhalter, nouveau président des Mondiaux de Crans-Montana : "2027, c'est demain"
Claude-Alain Schmidhalter est le nouveau président du comité d'organisation des Championnats du monde de ski alpin à Crans-Montana. Successeur d'Urs Lehmann, le Haut-Valaisan se confie sur son rôle, les obstacles déjà surmontés et les défis encore à relever d'ici à 2027.

Il a repris les rênes du comité d'organisation des futurs Mondiaux de ski alpin à Crans-Montana au début de cette semaine. Vice-président de Swiss-Ski depuis 2016 et ancien député CVPO, le Haut-Valaisan Claude-Alain Schmidhalter a succédé à l'Argovien Urs Lehmann, parti à la Fédération Internationale de ski et de snowboard (FIS). Interview.
Claude-Alain Schmidhalter, quelles sont vos principales motivations à vous engager à la présidence de ces Mondiaux Crans-Montana 2027?
Déjà, il faut savoir que je suis un ancien coureur de Coupe d'Europe. En 1987, j'avais officié comme ouvreur lors du slalom des championnats du Monde. Aujourd'hui, je veux servir les intérêts de la Suisse, du Valais, de Swiss-Ski et de la destination Crans-Montana.
Quels souvenirs gardez-vous de ce passé d'ouvreur lors des derniers Mondiaux sur le Haut-Plateau?
Je me rappelle que je n'avais pas pu vivre la première semaine de courses car j'étais à l'étranger. En revanche, j'ai pu vivre dans les coulisses la deuxième. C'était un événement exceptionnel.
Et même si vous êtes originaire de Brigue, vous avez un vrai lien avec Crans-Montana…
C'est vrai. J'y ai passé ma jeunesse et j'y suis toujours durant une bonne partie de l'année. Ma maman vit dans la station donc nous y sommes bien implantés. Rendez-vous compte que j'ai grandi à 500 mètres du stade d'arrivée…
Vous étiez déjà intégré au comité directeur de ces futurs Championnats du monde. Était-il naturel pour vous d'assumer la succession d'Urs Lehmann?
Naturel, je ne sais pas. Il faut déjà saluer l'énorme travail effectué par Urs pour le ski, le sport suisse en général et évidemment ces Mondiaux. À environ 500 jours (ndlr : 494 pour être précis) du début de l'événement, il ne fallait pas perdre de temps pour le remplacer. Ce qui est certain, c'est que chaque membre du comité a une connaissance profonde du dossier.
Succéder à Urs Lehmann et diriger l'organisation d'un tel événement, c'est plutôt une source de pression ou de fierté?
C'est en tout cas un gros boulot. La pression est là, bien sûr, mais elle a toujours fait partie de ma vie, aussi bien sportive que professionnelle. La fierté viendra plus tard, quand tout se sera bien passé.
On l'a dit, vous avez connaissance du dossier de ces Mondiaux depuis son lancement. De quoi, on l'imagine, faciliter votre prise de fonction dans ce nouveau rôle?
Disons que cela serait très compliqué de reprendre un tel rôle sans avoir le vécu des dernières années. Tout le monde n'en a peut-être pas conscience, mais 2027, c'est demain.
Quels sont les principaux défis qui vous attendent d'ici là?
D'abord, c'est de poursuivre le travail formidable qui a déjà été accompli par une équipe très compétente qu'il va falloir encore renforcer. Nous devons finir la construction des nouvelles infrastructures et assurer la réussite des épreuves de Coupe du Monde au début 2026. Au final, la priorité sera de satisfaire la FIS par le produit que nous serons capables de livrer.
Vous évoquez les prochaines épreuves de Coupe du Monde. Accueillir les femmes et les hommes sur un même week-end à la fin janvier, ce sera le test ultime avant les Mondiaux?
Oui, mais nous avons déjà réussi un premier test l'an dernier avec les premières courses masculines depuis 2012 à Crans-Montana. Malgré le foehn, nous avons vécu un très beau week-end. Ce n'était pas gagné d'avance.
Ces championnats du Monde ont été attribués à Crans-Montana en mai 2022. On peut dire qu'on entre désormais dans la phase décisive du projet?
Je ne me rappelle même plus que la décision date de 2022. Ce qui est certain, c'est que cinq ans, ça passe très vite. On ne peut jamais se relâcher. Dans le sport comme dans la vie en général, il y aura toujours des obstacles. Il faut les prendre l'un après l'autre et faire en sorte qu'ils soient le moins nombreux possible.
On ne peut pas forcément dire que cela a été le cas pour Crans-Montana 2027. Entre les menaces de la FIS de retirer ces Mondiaux à la station et les conflits autour du stade d'arrivée, vous attendiez-vous à rencontrer des obstacles d'une telle ampleur?
Vous savez, organiser un événement, c'est un chantier. Celui-là sera terminé au moment où la facture finale sera réglée. Jusque-là, ce sera une course et comme dans tout projet, des choses vont encore se passer. Nous n'avons qu'une chose à faire : être organisés et le mieux préparés possible pour surmonter ces obstacles inattendus.
En parlant de chantier, où en est celui du nouveau stade d'arrivée?
Il avance à grands pas. Je viens du domaine de la construction et je tiens vraiment à tirer un grand coup de chapeau à tous les ouvriers qui s'activent sur place. Ce qu'ils ont déjà fait est remarquable et formidable. Qu'il fasse beau, qu'il fasse mauvais, ils sont là. Tout se passe bien, même si ce sera également une course pour que tout soit prêt à temps.
Concrètement, l'objectif est que le stade soit opérationnel pour les Mondiaux 2027 ou déjà pour les épreuves de Coupe du Monde 2026?
Pour les Mondiaux, il n'y a pas le choix : il faut que tout soit prêt. En 2026, certaines choses ne seront pas finies. Pour l'instant, l'accent est mis sur la construction de ce qui est nécessaire pour accueillir ces épreuves de Coupe du Monde. Le reste sera terminé dans le courant de l'année prochaine.
Quels contacts avez-vous eu avec les opposants à ce stade d'arrivée depuis février et la décision du Tribunal fédéral de renoncer à leur accorder un effet suspensif?
Bon, moi, j'ai repris la présidence du comité d'organisation seulement lundi. Jusque-là, aller voir les opposants n'était pas mon rôle, mais je l'aurais fait volontiers s'il avait fallu. Maintenant, c'est plutôt l'équipe opérationnelle qui échange avec eux pour que le projet avance du mieux possible pour tout le monde.
En parlant de l'équipe opérationnelle, comment voyez-vous votre collaboration avec Didier Défago, le directeur général de ces Mondiaux 2027?
Nous avons chacun notre rôle, mais nous nous entendons très bien. Nous allons nous aider et nous pousser mutuellement vers l'avant.
Avec un objectif commun : livrer la marchandise en 2027 et pérenniser Crans-Montana sur la carte du ski de compétition?
Absolument. Notre mission numéro une est de réussir ces Championnats du monde, mais nous tenons à ce que ceux-ci laissent un héritage. Le ski doit continuer de faire avancer la station.
Claude-Alain Schmidhalter, à dix-sept mois de ce grand rendez-vous, qu'est-ce qui fera selon vous la réussite des Mondiaux 2027?
Le fait de nous être battus et d'avoir travaillé très fort dès le départ. Même s'il faut aussi toujours un petit peu de chance, si nous continuons de bien gérer ce projet, les Championnats du monde de Crans-Montana se dérouleront très bien.
Ce qui ne fait déjà aucun doute, c'est le succès populaire que rencontrera l'événement...
Effectivement, on l'a vu toutes ces dernières années : Crans-Montana attire toujours un public nombreux. Le Valais est passionné de ski et en plus, il y a longtemps que les Suisses n'ont plus été si performants dans toutes les disciplines. C'est une bonne base idéale pour organiser des Championnats du monde.