Sierre-Zinal est prêt à souffler sa 50ème bougie

C’est un rendez-vous incontournable. Mythique. Historique. Une épreuve qui fait parfois souffrir, toujours rêver ceux qui s’y frottent. Élites comme populaires. La montée abrupte vers Chandolin qui sert de mise en bouche. Le passage à côté de l’hôtel Weisshorn. Puis la descente vers Zinal, porté par une foule en folie. À la simple évocation de ces passages clés d’un parcours long de 31 kilomètres, les poils se dressent. De tension, un peu. D’excitation, beaucoup. Depuis 1974, le mythe Sierre-Zinal perdure. La course des cinq 4'000 vivra samedi sa 50ème édition.

«Cette édition comporte des enjeux historiques. On n’a vraiment pas le droit à l’erreur.» Vincent Theytaz

«Cette fois, ça y est: on y est. Le 50ème c’est parti, c’est maintenant!», s’exclame Vincent Theytaz, le directeur de l’épreuve à J-2 du rendez-vous dans le Val d’Anniviers. «Beaucoup d’émotions traversent mon esprit en ce moment. De la joie de pouvoir vivre ce moment et surtout énormément d’excitation en pensant à ce qui nous attend.» Une part de pression existe également en cette année particulière. «C’est inévitable. On veut chaque fois faire au mieux mais celle-ci comporte des enjeux historiques. D’anciens vainqueurs seront présents, la télévision aussi. On n’a vraiment pas le droit à l’erreur.»

Deux heures de live dans 52 pays

Outre la présence sur place de la RTS, Sierre-Zinal bénéficiera également d’une exposition à large échelle internationale puisque la chaîne Eurosport sera de la partie pour diffuser la course des cinq 4'000 dans pas moins de 52 pays différents. Une formidable opportunité mais aussi un gros défi pour l’organisation.

«On voulait être à la hauteur de ce qu’ont fait les anciens depuis 1974.» Vincent Theytaz

Depuis le début de l’année, les organisateurs de Sierre-Zinal ont redoublé d’idées pour célébrer comme il se doit ce 50ème anniversaire. De la mise sur pied d’une épreuve hivernale sur une partie du parcours en mars à la parution d’un livre illustré retraçant ce demi-siècle d’existence, en passant par la création d’un jeu vidéo, tout a été fait pour que la fête ne se résume pas à un seul week-end. «On voulait être à la hauteur de ce qu’ont fait les anciens depuis 1974», explique Vincent Theytaz. «Le succès continu de notre course s’explique par les valeurs qu’elle défend depuis toujours. Chez nous, l’athlète de haut niveau à la même importance que le populaire qui termine en 10 heures avec une bière à la main. Même si la présence de coureurs internationaux nous permet d’être connus à l’étranger, on tient à garder un esprit régional et familial.»

L'étincelle déjà présente dans les yeux des plus jeunes

À ce propos, le directeur de Sierre-Zinal répète qu’il lui tient à cœur d’organiser la course du vendredi soir dédiée aux enfants de 4 à 9 ans. «C’est un rendez-vous hyper important pour nous», affirme-t-il. «Chaque année, nous accueillons 400 enfants sur la place de l’Hôtel de Ville de Sierre. Lorsqu’on les félicite d’avoir fait la course des cinq obstacles (ndlr: le nom donné à cette épreuve), ils nous répondent qu’ils ont fait Sierre-Zinal. Même si leur boucle fait entre 400 et 1200 mètres, on voit déjà une étincelle dans leurs yeux. Le «virus» part de là. C’est un moment qui nous permet de réunir les plus jeunes, les meilleurs athlètes que l’on présente et tous les participants qui viennent chercher leur dossard pour le lendemain. C’est déjà l’occasion de faire une belle fête.»

«Le but n’est pas de battre un record de participations chaque année. On vise la qualité plutôt que la quantité.» Vincent Theytaz

Preuve que la course des cinq 4'000 continue de faire recettes, les quelques 6'000 places disponibles au départ ont trouvé preneur en une heure selon son directeur. «Le but n’est pas de battre un record de participations chaque année. On vise la qualité plutôt que la quantité. Nous avons un nombre plancher depuis l’an dernier et l’introduction de nouvelles mesures de sécurité. La priorité, c’est que tout le monde prenne du plaisir et ait le sourire en franchissant la ligne d’arrivée.»

Kilian Jornet et Maude Mathys forfaits

Une ligne d’arrivée que ne franchiront pas cette fois deux véritables légendes de l’épreuve. Détenteurs des records masculin et féminin depuis 2019, Kilian Jornet et Maude Mathys sont forfaits pour cette 50ème édition. «Malgré ça, ils seront présents sur place pour encourager les coureurs en lice. C’est formidable de pouvoir quand même les avoir avec nous», sourit Vincent Theytaz. Si l’absence de la Chablaisienne, opérée du talon courant juin, était connue depuis un certain temps, celle du Catalan n’a été officialisée que la semaine dernière. «C’est une déception de savoir qu’il ne pourra pas briguer une dixième victoire sur cette édition particulière. On pense avant tout à lui car il avait annoncé depuis longtemps que Sierre-Zinal serait le gros rendez-vous de sa saison. Le point positif, c’est qu’on pourra profiter de lui plus longtemps que les autres années. D’habitude, c’est quelqu’un d’assez discret. Cette fois, on va bien l’utiliser. On se réjouit de le côtoyer en dehors du parcours et d’avoir son avis à chaud sur ce qu’il se passe durant la course.»

«D’habitude, Sierre-Zinal fait simplement partie du programme de la saison. Cette fois, pour la plupart des athlètes, c’est l’objectif de leur saison.» Vincent Theytaz

En l’absence de ces deux figures emblématiques du rendez-vous anniviard, les prétendants à la victoire seront malgré tout nombreux sur la ligne de départ. «On a un plateau fantastique d’athlètes, comme chaque année. La perspective de gagner la 50ème en motive beaucoup. D’habitude, Sierre-Zinal fait simplement partie du programme de leur saison. Cette fois, pour la plupart, c’est l’objectif de leur saison. Chez les hommes, je vois plusieurs favoris. Le Gruérien Rémi Bonnet et le Kényan Patrick Kipngeno notamment. Chez les dames, je mettrais une petite pièce sur la Néerlandaise Nienke Brinkman. Elle détient le record national du marathon aux Pays-Bas en 2h22. Ça risque d’aller très vite.»

Le souvenir de 2013

Vincent Theytaz n’est pas chauvin mais il admet volontiers rêver de victoires suisses pour fêter de la manière la plus digne possible ce 50ème anniversaire. «J’ai le souvenir d’il y a dix ans qui remonte. L’année du 40ème, on attendait les Colombiens et on a vu Marc Lauenstein débarquer en tête à la sortie de la forêt au-dessus de Zinal. C’était la surprise générale. Avoir droit au même scénario samedi serait fantastique. Mais on entretient un esprit fort, familial avec tous les athlètes qui viennent chez nous, peu importe leur nationalité. On a de la sympathie pour tous et on sera heureux peu importe qui gagne.»

Cette 50ème édition de Sierre-Zinal sera à suivre en direct samedi sur les ondes de Rhône FM.