Portrait du mois: Robin Fournier, le traileur qui se voit comme un chasseur-cueilleur
100km, 200km, 300km, Robin Fournier repousse les limites et celles de son corps. Comme d’autres spécialistes de trail, le Valaisan aime les longues, très longues distances. Voici son portait.
Robin Fournier, 27 ans, est un ultra-runner ou un ultra-traileur, selon la terminologie qui vous convient. Ce qui est certain, c’est que l’athlète aime les très longues courses, de plusieurs centaines de kilomètres. Et son palmarès est déjà bien garni. Rien que cette année, il a remporté l’Utlac en Italie et l’Ultra X en Tanzanie, des épreuves de plus ou moins 250km, d’une traite ou par étapes. Et dire que tout a commencé par le football. «J’ai toujours aimé courir, dit-il. Avec le recul, tout me paraît logique. En tant qu’ailier, je faisais en haut, en bas. Le foot m’a aussi amené le goût de la compétition.» Comme quoi, les talus, ça mène à tout.
GR5, le déclencheur
Son plaisir de la course était déjà présent. La volonté de l’exprimer en dehors des terrains de foot est venue par après, grâce à un documentaire. «En 2019, j’ai vu un reportage à la télé sur le GR5 (ndlr: la grande traversée des Alpes). J’étais fasciné par le fait que les gens puissent passer autant de temps en montagne.» Il faut dire que dans la séquence TV, les randonneurs ont mis 30 à 40 jours pour effectuer la traversée. «Avec mon travail, c’était impossible de poser un mois de congé. Je me suis donc lancé le défi, en me renseignant un petit peu, de le faire en moins de temps. Au final, peut-être avec la chance du débutant, je l’ai fait en 8 jours.»
Déconnexion et retour aux sources
En bouclant son périple de quelques 600km entre le Léman et la Méditerranée, Robin Fournier a attrapé le virus pour de bon. Depuis, toute sa vie tourne autour du trail, avec, en plus de ses aptitudes naturelles, toute une préparation adéquate. Et qu’est-ce qui lui plait tant dans ce type d’effort? «On est toujours en aisance cardiaque, explique-t-il. On ne monte pas dans les tours comme lors de courses plus courtes et plus nerveuses.»
«Mes pensées, pendant ce type de courses, sont destinées à avancer, boire et dormir.» Robin Fournier
Voilà pour les aspects physiques. La démarche est aussi quasi-philosophique. «Il y a du temps pour la contemplation et aussi pour se ressourcer. Cela devient quelque chose de très primaire. Mes pensées, pendant ce type de courses, sont destinées à avancer, boire et dormir. Comme un chasseur-cueilleur de l’ancien temps.»
Dormir, le moins possible, tester les limites de son corps, sans les dépasser: ces quelques principes accompagnent Robin Fournier dans sa pratique extrême de la course. Il nous livre quelques anecdotes à propos de l’état de grâce et des hallucinations qui vont parfois avec.
Sachez encore que Robin Fournier s’attaquera cette semaine à la traversée du Valais. La 360, version la plus longue du Swiss Peaks Trail.