Portrait du mois: Lucas Richard, le Saviésan qui bosse fort pour briller sur celles du skicross
À 21 ans, Lucas Richard fait partie des plus sûrs espoirs du skicross helvétique. Sacré champion du monde junior en début d’année, le Saviésan vient de disputer sa première épreuve en Coupe du Monde. Le dernier épisode de l'année de notre rubrique «Portrait du mois» lui est consacré.

Lucas Richard franchit les étapes une par une. La dernière date de la semaine passée lorsqu’il a effectué ses débuts en Coupe du Monde de skicross. Éliminé en seizièmes de finale du côté d'Arosa, le Saviésan de 21 ans a réalisé à cette occasion ce qui ressemblait pour lui à un rêve de gosse.
Sur les skis en sachant à peine marcher
Mais reprenons les choses dans l’ordre. Bien avant ce rendez-vous dans les Grisons. Ses premiers pas sur les lattes, le Valaisan dit les devoir à ses parents, tous deux professeurs de ski. «Je savais à peine marcher», sourit-il. Très vite conquis par les sensations de la glisse, Lucas Richard éprouve rapidement le désir de se lancer en compétition. «Je voulais faire comme les grands…et j’ai toujours eu en moi une âme de compétiteur. Je me suis donc mis au géant et ça m’a plu pendant un moment.»
«Faire simplement gauche-droite seul sur la piste ne me convenait plus. C’est comme ça que j’en suis arrivé au skicross.» Lucas Richard
Prometteur en ski alpin, il est adolescent lorsqu’il décide de tourner le dos à cette discipline. Il a alors seize ans et participe à ses premières courses FIS. «J’ai commencé à en avoir marre, je trouvais que ça devenant trop rébarbatif. Faire simplement gauche-droite seul sur la piste ne me convenait plus. C’est comme ça que j’en suis arrivé au skicross qui permet une confrontation directe avec les autres. En partant à quatre en même temps, même si le parcours reste le même, chaque course est différente. Il faut trouver la bonne stratégie…comme dans un jeu de société.»
Deux disciplines différentes, une base commune
Interrogé à ce sujet, Lucas Richard assure n’avoir eu aucune peine à effectuer la transition entre le côté traditionnel du ski alpin et celui freestyle, comme il le dit, du skicross. «La base reste la même. Si tu ne sais pas skier en alpin, faire du skicross devient bien plus compliqué. Personnellement, j’ai eu la chance de pouvoir effectuer plusieurs camps d’entraînement avant même d’effectuer mes premières courses dans cette nouvelle discipline. J’ai donc rapidement gagné en expérience pour savoir comment concourir aux côtés des autres.»
«Comme dans tous les sports, il faut connaître l’échec avant d’avoir du succès.» Lucas Richard
Car oui, s’élancer à quatre en même temps, dépasser, se faire dépasser et gérer les sauts qui jalonnent le parcours demande des qualités certaines. «Être persévérant d’abord car, comme dans tous les sports, il faut connaître l’échec avant d’avoir du succès», débute le Saviésan. «Surtout, il faut être capable de se concentrer sur soi-même avant tout. Ne pas être perturbé en voyant quelqu’un sauter à 20 centimètres de nos skis, être 15 centimètres devant ou derrière nous. Sans ça, c’est compliqué d’arriver au bout.»
Gravement blessé dès sa première saison
Lucas Richard l’a dit: il faut avoir connu l’échec pour arriver au succès. Toucher le fond avant de s’envoler. C’est en tout cas ce que le destin lui a réservé à titre personnel. Alors qu’il était le plus jeune athlète engagé sur le circuit de Coupe d’Europe, le Valaisan a vu sa première saison à ce niveau se terminer de la pire des manières: par une déchirure des ligaments croisés antérieurs du genou. «La blessure habituelle pour un skieur», souffle-t-il. «Le processus qui a suivi a été long. Je me suis beaucoup remis en question. Ma chance a été que ce pépin survienne en fin de saison, à un moment où la motivation à monter sur les skis est peut-être moins importante. J’ai fait de la physio, j’ai réappris à marcher, à courir et j’avais plus faim que jamais au moment de recommencer.»
«Ma motivation est identique à celle que j’avais à mes débuts dans cette discipline.» Lucas Richard
Aujourd’hui, le Saviésan assure ne plus ressentir d’appréhension au moment d’enfiler un dossard. «Cela a été le cas pendant quelques temps au début. J’ai dû apprendre à gérer la nouvelle dynamique de mon genou, sans le ligament original.» Désormais, il n’aspire qu’à une chose: «Skier toujours plus vite. Ma motivation est identique à celle que j’avais à mes débuts dans cette discipline. L’ambiance au sein de l’équipe y contribue puisqu’elle nous pousse chaque jour à repousser nos limites et à poursuivre notre progression.»
Retenu pour les Universiades
La progression de Lucas Richard passera par les Etats-Unis au mois de janvier. Étudiant en sciences économiques à l’université de Neuchâtel, il a été retenu pour représenter la Suisse aux Universiades de Lake Placide. «C’est la deuxième compétition multisports après les Jeux Olympiques. Mon principal objectif là-bas sera d’emmagasiner de l’expérience. J’imagine que l’atmosphère qui y règnera sera plus comparable à une Coupe du Monde qu’à une Coupe d’Europe. Ce sera ma première course sur un autre continent et je serai un peu livré à moi-même. Il faudra que je sois capable de gérer ça et de bien digérer le décalage horaire.»
«J’aimerais obtenir un podium en Coupe d’Europe…et pourquoi pas une victoire?» Lucas Richard
À l’heure d’entrevoir la nouvelle année, le skieur se fixe plusieurs objectifs. «Le premier d’entre eux est de véritablement m’établir au sein de l’équipe de Coupe d’Europe. J’aimerais aussi obtenir un podium dans cette catégorie…et pourquoi pas une victoire? Et puis, j’aimerais aussi prendre le départ de la prochaine étape de Coupe du Monde prévue en Suisse. Cela me donnerait l’occasion d’évoluer vraiment à domicile puisqu’elle se déroulera à Veysonnaz au mois de mars.»
En quête de sponsors
Les défis ne manquent pas au Saviésan qui est également en quête de sponsors pouvant l’aider à vivre son rêve de sportif de haut niveau. «Intégrer les cadres de Swiss-Ski m’a permis de me libérer un peu de cette pression financière car jusque-là, je disais surtout merci à papa et maman. Ce sont eux qui m’ont toujours soutenu pour que j’en arrive où je suis aujourd’hui. Mon intention est désormais de me professionnaliser dans ce sport mais pour y parvenir, il faut que je parvienne à boucler convenablement mon budget. Cela passe par cette recherche de sponsors qui n’est pas quelque chose de facile à effectuer.»
Lucas Richard sait aussi que s’il parvient à enchaîner les bonnes performances, aux Universiades, sur la scène européenne ou mondiale, ils pourraient être plusieurs à l’approcher pour collaborer et lui apporter ce fameux soutien financier. À 21 ans, l’avenir est devant lui.
