Patrick Flaction : « J’ai mon style, mais je demande aux athlètes d’être critiques »
Focus sur la préparation physique des skieurs avec un homme qui a développé ses propres méthodes et qui a su convaincre certains des meilleurs athlètes de Swiss Ski : Patrick Flaction.
Le Valaisan d’adoption s’est fait un petit nom dans le milieu, notamment après sa collaboration fructueuse avec Lara Gut. Aujourd’hui sa société s’occupe d’une vingtaine d’athlètes, dont 8 sont suivis directement par le coach sportif. Loic et Mélanie Meillard ou encore Daniel Yule font par exemple appel à lui.
Des méthodes bien à lui
Patrick Flaction se définit lui-même (et sa société) comme un « accélérateur de performances ». Il a donc une approche particulière. « Il y a deux grandes phases. Une phase de préparation générale qui sert à travailler les fondamentaux, puis une deuxième qui nous permet de travailler les aspects spécifiques liés au ski alpin. »
« Si je fais bien mon travail, après 3 ou 4 ans de collaboration les athlètes devraient pouvoir s’entraîner sans moi. » Patrick Flaction, préparateur physique
Force, équilibre, jonglage, coordination, vitesse d’exécution, le menu est varié et les exercices proposés par le coach désarçonnent parfois les athlètes. « Pour les jeunes, c’est de la découverte, donc je dirais que c’est de l’enseignement. Mais pour les plus expérimentés, c’est un véritable échange qui se crée. Cela nous donne quelques fois des grands moments de rigolade. » S’il admet que les sportifs sont surpris par certains éléments, Patrick Flaction n’en demeure pas moins ouvert à la critique. « C’est absolument nécessaire. J'ai mon style mais je sais que d’autres entraîneurs travaillent différemment. Je demande aux athlètes de se montrer critiques, mais si je fais bien mon travail, après 3 ou 4 ans de collaboration ils devraient pouvoir s’entraîner sans moi. »
Les Meillard sous la loupe
Mélanie et Loïc Meillard entretiennent un contact régulier avec Patrick Flaction. Ce dernier nous a confié qu’il partageait à la fois les succès et les contreperformances de ses protégés. Il a donc naturellement apprécié le retour à la compétition de Mélanie Meillard au terme d’un long processus de récupération. « C’est vrai que c’était un test ce retour en Coupe du monde. Si elle avait fait un Top 30, nous aurions déjà été satisfaits. Mais je l’ai trouvée relâchée et avec sa 9ème place (en slalom à Levi en Finlande), nous étions vraiment contents. »
Quant à Loïc Meillard, testé positif au Covid-19 samedi dernier, il manquera le prochain rendez-vous de Coupe du monde, à savoir le slalom parallèle de Lech en Autriche ce vendredi. Mais le skieur d’Hérémence ne restera pas sans rien faire pour autant, explique Patrick Flaction. « Il m’a appelé dès qu’il a reçu son test. Je lui ai directement planifié une semaine d’entraînement, une sorte de rappel physique, qu’il pourra réaliser chez lui. »
La hantise de Patrick Flaction : voir l’un de ses protégés devoir stopper sa saison en raison d’une blessure récurrente chez les skieurs, une rupture des ligaments croisés. « Quand on sait tout le travail fournit par un athlète pour préparer une saison, c’est vraiment rageant de vivre une telle situation. Quand cela survient j’en souffre et je me remets en question pour éviter que cela ne se reproduise. » Le préparateur cherche des pistes pour éviter de telles blessures. Sa méthode : anticiper chaque mouvement et travailler sur la réactivité et les qualités de coordination. Mais il dresse un constat en forme à la fois de critique et de questionnement. « Je me demande si le matériel, rigide et ultra-performant, n’est pas déjà à la limite de ce que les réflexes du corps humain peuvent supporter. »
Retrouvez ci-dessous, en intégralité, notre entretien avec Patrick Flaction