Mouvements dans le foot amateur: le FC Sierre et le FC Martigny-Sports se chamaillent
Tous les six mois, les mouvements de joueurs dans le football amateur sont très nombreux et cela créé des tensions entre les clubs. Cet été, une bisbille oppose le FC Sierre et le FC Martigny-Sports.

Il y a 67 clubs de football en Valais, avec leurs ambitions propres, leurs moyens et leur philosophie. Les petits accusent les grands de venir se servir, en usant parfois de méthodes contestables, entre recrutement sauvage et arguments financiers. À l’inverse, les grands clubs accusent les petits de récupérer les jeunes bien formés dans les filières « Inter » pour alimenter le reste de la pyramide sans la moindre compensation. La bisbille entre dirigeants sierrois et martignerains n’est donc pas un cas isolé. Chacun défend ses intérêts en somme. Cependant, des fois ça explose. Quand le président du FC Sierre, Antoine Abel, a appris que plusieurs joueurs de sa première équipe partaient en direction du Stade d’Octodure, sa réaction ne s’est pas fait attendre. «Le président du FC Martigny-Sports m’a assuré qu’il ne venait pas chercher 4-5 joueurs mais derrière ça se préparait. Les dirigeants sont responsables, les joueurs également parce qu’il ne se rendent pas compte de la difficulté qu’on a pour former des jeunes. Quand les ténors partent, les autres se sentent délaissés. Cela ouvre la porte à d’autres départs.»
«Chez nous les joueurs ne sont pas rémunérés. Il y a simplement une caisse d’équipe.» Antoine Abel, président du FC Sierre
Le sentiment d’appartenance à un club, à une structure, est moins présent, selon un avis partagé par plusieurs dirigeants de club. D’autres raisons, à priori financières, expliquent les transfuges. Est-ce le FC Sierre n’avait pas les arguments pour conserver ses éléments? «Question piège », avance Antoine Abel avant de compléter. «On n’a en tout cas pas les arguments financiers. Chez nous les joueurs ne sont pas rémunérés. Il y a simplement une caisse d’équipe. Pour les étudiants hors-canton, on participe aux frais de transport, notamment les abonnements de train.»
Le FC Martigny-Sports se défend
L’argent circule dans le football amateur. Certains joueurs touchent des primes, voire des petits salaires, d’autres de simples frais liés aux déplacements. Quoi qu’il en soit le président du FC Martigny-Sports Benoit Bender conteste la version de son homologue sierrois. Les Martignerains, relégués en 2ème ligue inter, n’ont ni démarché, ni fait de la surenchère pour attirer des éléments venus d’ailleurs. «Notre relégation découle justement du fait que nous ne pouvons pas régater financièrement avec les autres clubs de première ligue. Il ne faut pas dire n’importe quoi. On paie des indemnités, liées aux frais de déplacement. Je ne pense pas qu’on fait de la surenchère. Ces polémiques n’ont aucun sens.»
«Les joueurs qui viennent de 2ème ligue pour nous rejoindre en 2ème ligue inter ne le font pas pour l’argent.» Benoit Bender, président du FC Martigny-Sports
Un peu remonté, Benoît Bender assume sa vision des choses. «Les joueurs qui viennent de 2ème ligue pour nous rejoindre en 2ème ligue inter ne le font pas pour l’argent. Dans les autres clubs de première ligue, les montants sont autrement plus élevés. Le FC Martigny-Sports est un club 100% amateur et nous n’avons pas à rougir là-dessus.»
Les mêmes problématiques
Au final, seuls trois anciens éléments du FC Sierre vont semble-t-il faire le saut en 2ème ligue inter à Martigny. Certains avaient communiqué leur départ bien avant. Ces mouvements incessants dans le football amateur ne datent pas d’aujourd’hui. Opposés dans le cas d’espèce, les présidents des deux clubs partagent néanmoins un constat. La société change. Difficile pour toutes les formations de conserver des joueurs qui pour diverses raisons, ne souhaitent plus s’engager sur le long terme, ou ne jurent plus fidélité à leurs équipes sur la durée. «On sait que certains sont délicats à gérer, explique Antoine Abel. Tu les mets sur le banc une fois et ils vont voir ailleurs. D’autres, c’est un peu à la mode, vont jouer avec les copains en 5ème ligue et ça créé des dégâts.»
«Il y a un manque de fidélité et c’est n’est pas que dans le football.» Benoit Bender, président du FC Martigny-Sports
Benoit Bender abonde. «Il y a un manque de fidélité et c’est n’est pas que dans le football. Un jeune de catégorie Inter qui est remplaçant renoncera facilement à un déplacement à Genève, ce n’était pas le cas à notre époque.» Autres points de convergence entre les deux présidents, le niveau global du foot valaisan et le saut trop important que les juniors doivent faire pour atteindre les équipes d’actifs.
« Les joueurs qui sortent des juniors A Inter n’ont pas le niveau de 2ème ligue.» Antoine Abel, président du FC Sierre
«Ça va très mal, constate Antoine Abel. Ce qui est malheureux c’est que les joueurs qui sortent des juniors A Inter n’ont pas le niveau de 2ème ligue.» Encore moins en première ligue ajoute avec ses mots Benoit Bender. «On récupère quelques éléments des filières M16 et M18, mais c’est un leurre de faire croire à ces joueurs qu’ils auront une place en 1ère ligue. Le gap est trop important.»
Ça bouge dans tous les clubs, c’est un fait. Et le FC Vétroz a lancé une initiative pour enrayer certains mouvements indésirables: une charte. Elle demande aux clubs signataires de ne pas faire jouer des éléments transférés, qui n’auraient pas payer leurs cotisations dans les clubs précédents. «Une très bonne chose, plaide Antoine Abel. J’ai été l’un des premiers à signer cette charte mais ça ne résout pas tout.» Car certains actifs n’ont pas de cotisations à payer. Et ceux qui les paient sont libres de leurs mouvements. «Mais pour le football juniors, c’est bien réel.», explique Benoit Bender. «Nous avions un tiers de cotisations impayées à Noël à Martigny. On a trouvé un système, c’est de suspendre les enfants après trois rappels.»
Retrouvez ci-dessous les interviews des présidents du FC Sierre et du FC Martigny-Sports
