L’escrimeur sédunois Alexis Bayard 10ème mondial: «C’est incroyable et difficile à réaliser»

«Je ne sais pas si on peut dire que je suis dans la forme de ma vie. Tout ce que je sais, c’est que je vais tout faire pour la garder le plus longtemps possible. Depuis deux ou trois mois, il n’y a que du positif qui m’arrive.» Ces premiers mots tout juste prononcés, on comprend d’emblée à quel point Alexis Bayard se trouve sur un nuage. Entre début décembre et fin février, l’épéiste sédunois a «claqué» trois résultats. Trois vraies perfs’. Deux fois 8ème en Coupe du Monde à Vancouver puis au Grand Prix de Doha, il vient tout juste de monter sur son premier podium de Coupe du Monde en Allemagne.

La clé: l’association de plusieurs petites choses

«Honnêtement, il est difficile d’expliquer pourquoi je suis parvenu à passer un palier supplémentaire cette saison», relève-t-il. «Je pense que mes derniers résultats sont avant tout une continuité du travail effectué depuis plusieurs années. J’ai aussi professionnalisé la structure qui m’entoure avec un préparateur physique, un préparateur mental et un entraîneur français dont le style me correspond parfaitement. C’est probablement l’association de plusieurs petites choses qui m’a conduit où j’en suis aujourd’hui.»

«Ma 2ème place en Coupe du Monde prouve que ma médaille de bronze aux Européens l’an dernier n’était pas due au hasard ou à de la chance.» Alexis Bayard

En assemblant toutes les pièces du puzzle, Alexis Bayard s’est donc retrouvé sur la 2ème place du podium il y a deux semaines lors de l’épreuve de Coupe du Monde d’Heidenheim. Il n’a été battu qu’en finale par le Japonais Koki Kano, 3ème dans la hiérarchie mondiale. «Je peine encore à réaliser aujourd’hui», souffle-t-il. «Cela me fait plaisir car ça prouve que ma médaille de bronze aux Européens l’an dernier n’était pas due au hasard ou à de la chance. J’ai le niveau pour me battre tout devant. Un premier podium en Coupe du Monde est toujours une surprise mais il démontre aussi que j’ai vraiment passé un cap conséquent.»

Dans le top 10 mondial

Preuve de ce cap qu’évoque le Sédunois, il figure depuis quinze jours à la 10ème place du classement mondial. «C’est incroyable et pour le coup, c’est très difficile à réaliser. Me voir si haut dans la hiérarchie est impressionnant. Maintenant, je vais continuer à prendre compétition après compétition. Un ranking reste quelque chose d’abstrait. Enchaîner plusieurs résultats en Coupe du Monde est plus parlant.» S’il est sûr de ses capacités, Alexis Bayard tient donc à rester prudent. Il ne veut surtout pas se voir trop beau. «J’espère évidemment aller encore plus haut dans ce classement mondial mais à l’heure actuelle, je me satisfais pleinement de ce 10ème rang.»

«Le sport de haut niveau ne pardonne pas. Rien n’est jamais acquis. Une désillusion peut survenir à n’importe quel moment.» Alexis Bayard

S’il tient à garder la tête froide et les pieds sur terre, c’est qu’Alexis Bayard sait à quel point l’exploit d’un jour ne garantit pas la réussite du lendemain. L’an dernier, il avait abordé les Mondiaux du Caire auréolé de la médaille de bronze obtenue un mois plus tôt lors des Championnats d’Europe d’Istanbul. Résultat: son aventure en Egypte s’était terminée en phase préliminaire, dès le premier jour de compétition. «La déception de cette contre-performance est encore bien présente aujourd’hui», reconnaît-il. «C’est la preuve que le sport de haut niveau ne pardonne pas. Je ne pense pas m’être relâché entre les deux compétitions. Je me suis simplement peut-être mis trop de pression en voulant réitérer aux Mondiaux ce que j’avais fait aux Européens. Rien n’est jamais acquis. Une désillusion peut survenir à n’importe quel moment.»

Numéro 1 suisse

Après son échec mondial, Alexis Bayard a donc su réagir avec la manière. Son nouveau statut au niveau mondial fait aussi de lui le numéro 1 de l’escrime en Suisse. «Passer devant un mec comme Max Heinzer (ndlr: le Lucernois pointe au 21ème rang) qui a durant longtemps été le porte-drapeau de ce sport dans notre pays et qui a un palmarès impressionnant m’a fait bizarre», avoue le Valaisan. «Il obtenait déjà des résultats à l’époque, alors que je n’étais encore qu’un petit enfant. Aujourd’hui, malgré notre classement respectif, je ne me considère pas au-dessus de lui. Il a une telle expérience que je pourrais toujours m’améliorer grâce à ses conseils.»

«Ne pas obtenir de ticket pour les Jeux Olympiques serait une grosse déception.» Alexis Bayard

Le Sédunois est arrivé jeudi en Hongrie où il sera en lice dès aujourd’hui et jusqu’à dimanche au Grand Prix Westend de Budapest. «Je ne me fixe pas d’objectif trop élevé à l’heure d’entamer cette compétition. Ma priorité, c’est de passer le tableau de 64 (ndlr: le 1er tour). Ensuite, je prendrai ce qui vient.» À un peu plus long terme, Alexis Bayard a deux événements dans le viseur pour cette saison: les Européens en juin dans un lieu encore à définir et les Mondiaux de Milan en juillet. «Avec la qualification olympique qui est en jeu, réussir de bons championnats du Monde est crucial. Faire une bonne performance en Italie permettra d’avoir un pied à Paris (ndlr: où se dérouleront les JO en 2024). J’essaie de ne pas y penser mais ne pas obtenir de ticket pour les Jeux serait une grosse déception.»