Les skieurs se mettent au golf (1/3): Luca Aerni
Les slalomeurs valaisans étaient présents sur les parcours de golf de Crans-Montana vendredi dernier à l’occasion du Sport Talents Charity Day. L’occasion de revenir en leur compagnie sur l’hiver écoulé et de parler de l’avenir. Premier épisode avec Luca Aerni.

Du beau monde était présent vendredi dernier sur les parcours de golf de Crans-Montana à l’occasion du Sports Talents Charity Day. Parmi les participants à ce tournoi avant tout convivial, la plupart des slalomeurs valaisans engagés en Coupe du Monde. À commencer par celui qui est chez lui sur le Haut-Plateau: Luca Aerni. Interview.
Luca Aerni, le golf, c’est quelque chose qui vous parle?
J’adore ça! Depuis maintenant cinq ans, j’y joue régulièrement l’été et je crois pouvoir dire que je m’améliore d’année en année. En tout cas, je prends beaucoup de plaisir.
C’est une passion qui vous apporte quelque chose une fois sur les skis?
Disons qu’on peut facilement faire des comparaisons entre les deux sports. Il faut savoir être calme avant chaque coup et rester concentré même si cela peut durer longtemps.
C’est une journée conviviale avant tout mais qui vise aussi à récolter des dons en faveur de jeunes talents qui souhaitent se lancer dans le monde du sport de haut niveau. C’était important pour vous d’être présent?
Bien sûr! On a à cœur de venir en aide à ces jeunes et cela fait du bien de passer une journée dans cette bonne ambiance.
«Après trois saisons très compliquées, je suis vraiment content d’avoir retrouvé mon ski.»Luca Aerni
On va maintenant parler de ski. Si l’on vous demande de dresser un bilan de la saison écoulée, on peut dire que celle-ci a été celle de la renaissance pour vous?
Oui. Après trois saisons très compliquées, je suis vraiment content d’avoir retrouvé mon ski. J’ai repris du plaisir et j’ai regagné en légèreté. Ces dernières saisons, je me forçais un peu et là, j’ai à nouveau pu skier libéré et je crois que cela s’est ressenti.
Qu’est-ce qui vous a permis de retrouver ces sensations cette année?
Je pense le changement de matériel que j’ai opéré l’an dernier (ndlr: il est passé de Salomon à Fischer). J’ai maintenant les mêmes skis que Daniel (ndlr: Yule) et je crois que cela fonctionne bien. Je n’ai en tout cas plus d’excuses à chercher au niveau de mon équipement.
Ce changement de matériel, il a été motivé par des discussions avec Daniel Yule?
Non, je n’en ai pas spécialement parlé avec lui avant. J’ai plutôt discuté avec mes entraîneurs et je savais que Fischer faisait du bon ski dans toutes les disciplines donc ce choix s’est rapidement imposé.
La saison écoulée vous a donc permis de retrouver le haut niveau avec quatre tops 10 à la clé. Dans une ambiance évidemment rendue particulière par la pandémie…
C’est vrai que la première course sans public a été très spéciale. Mais après, je me suis vraiment mis en tête que c’était comme une Coupe d’Europe: les entraîneurs et les athlètes étaient les seuls à être là. Mais je me réjouis de retrouver du public et j’espère que cela se fera dès la saison prochaine.
Les tests PCR, ils font partie de votre quotidien maintenant?
Ah ça… En tout cas, ils ne vont pas me manquer l’année prochaine (rires)!
L’année prochaine justement, quels seront vos objectifs?
Faire encore mieux que cet hiver si possible. Mais avant tout, il faudra être capable de garder cette légèreté et ne pas se forcer sur les skis… Si je continue comme ça, je suis convaincu que je serais de manière encore plus régulière parmi les dix premiers.
«Dans notre équipe, pour se qualifier pour les Jeux, il faudra faire un podium en Coupe du Monde.»Luca Aerni
Il y a une échéance qui arrive l’an prochain et qui sera évidemment importante: les Jeux Olympiques de Pékin. Ce sera le gros rendez-vous de votre hiver?
J’espère en tout cas. Vous savez, en slalom, on est beaucoup à pouvoir prétendre à une place aux Jeux. Il faudra donc dans un premier temps se qualifier et dans notre équipe, je pense qu’il faudra faire un podium en Coupe du Monde pour y parvenir. La priorité, encore une fois, sera avant tout de faire une bonne saison et si j’y arrive, j’aurais de bonne chance d’être à Pékin.
Parlez-nous justement de cette équipe de Suisse de slalom qui est à nouveau au top…
Il y a une très saine concurrence entre nous tous. Chacun pousse l’autre à aller encore plus vite à l’entraînement. S’il nous arrive d’être moins bien un jour, on se retrouve tout de suite à une seconde et demi de retard sur les autres… C’est quelque chose de vraiment très motivant.
«La force de l'équipe de Suisse, c'est qu'on est là dans toutes les disciplines.»Luca Aerni
Plus que l’équipe de slalom, c’est toute l’équipe de Suisse qui est désormais au sommet. On peut le dire : vous êtes devenus la nation numéro 1 sur le cirque blanc?
Oui. Je pense qu’on l’a montré sur les deux dernières années. On est très bien entourés par les entraîneurs et notre force, c’est qu’on est là dans toutes les disciplines. Et je vous assure que chacun de nous est motivé à continuer sur cette voie.
Quel sera votre programme durant l’été pour vous préparer au mieux en vue de l’hiver prochain?
J’ai déjà fait un bloc de condition physique et là, je suis un peu plus libre ce qui me permets de venir faire cette journée de golf. Mais je vais rapidement reprendre les séances d’entraînement physique avant que l’on réattaque sur les skis à la mi-août.
Une préparation sur les skis qui ne se fera cette fois pas en Amérique du Sud…
Non, effectivement. Le but au départ était d’aller à Ushuaia mais avec le covid, c’est quelque chose de bien trop compliqué à organiser. On restera donc en Suisse mais on sait que l’on a de très bonnes pistes à disposition, que ce soit aussi bien à Zermatt qu’à Saas-Fee.
La préparation est rarement la période préférée des athlètes. Comment est-ce que vous l’appréhendez à titre personnel?
Alors, c’est clair que le premier bloc est dur car il intervient après trois semaines de pause, on sent donc tous les petits muscles qui tirent. On retrouve ensuite notre niveau mais au moment de rechausser les skis, on ne peut plus voir la salle de fitness (rires)!
Entraîneur en chef de l’équipe de Suisse de slalom, Matteo Joris a été aux premières loges pour assister au retour au premier plan de Luca Aerni cet hiver: «Je le disais déjà au début de la saison: Luca a tout pour devenir l’un des meilleurs. Vous savez, il n’a pas de juste milieu: c’est soit il est tout devant, soit il est derrière. Mais quand il est au sommet, il est difficile à battre.» Si, tout comme Luca Aerni, Matteo Joris est convaincu que le changement de matériel opéré par le Valaisan a été déterminant, il tient aussi à relever l’attitude de son protégé: «Dès qu’il sent l’odeur de la course et que les résultats sont au rendez-vous, il fait vraiment très mal.»
