Le FC Sion féminin promu en LNB : une récompense pour des années de travail

Onze ans. Cela faisait onze ans que le Valais n’avait plus été représenté au sein de l’une des deux premières divisions du football féminin helvétique. À l’époque, le FC Vétroz avait été relégué en 1ère ligue. Samedi soir, les joueuses du FC Sion ont donc emprunté le chemin inverse, fêtant la promotion en Ligue Nationale B au terme du barrage face au Femina Kickers Worb. «On rentre dans l’histoire du club!», clamait l’entraîneur des Sédunoises David Vernaz peu après le coup de sifflet final du match retour remporté 5-3 par ses protégées en terres bernoises. «Certaines de mes joueuses travaillent pour cette promotion depuis près de 10 ans. Je leur ai dit qu’à part la naissance de mon fils, le football m’avait fait vivre les meilleures émotions de ma vie et cela se confirme aujourd’hui. J’ai beau avoir 50 balais, c’est quelque chose d’extraordinaire. Et p****, elles le méritent!»

«Finir là-dessus, c’est l’apothéose!»Charlotte Brun

Parmi les artisanes de ce succès, Charlotte Brun. À 27 ans, l’attaquante qui a décidé de tirer sa révérence ne cachait pas son bonheur de terminer sur une telle note positive: «C’est une récompense pour tout ce que l’on a accompli ces dernières années. On n’a jamais rien lâché. Même si le groupe et les entraîneurs ont pas mal changé, l’objectif est toujours resté le même. D’y être arrivées aujourd’hui, c’est vraiment la cerise sur le gâteau. Et à titre personnel, finir là-dessus, c’est l’apothéose. Je n’abandonne pas le navire, je pars fière de cette équipe et je suis convaincue que mes coéquipières iront bien loin à l’avenir.»

En Croatie le matin, sur le terrain le soir

Pour s’offrir cette fin en apothéose, Charlotte Brun a vécu une journée de samedi pour le moins chargée. En vacances les deux semaines précédant ce match décisif, elle a atterri le matin même à Genève en provenance de Croatie. Juste à temps pour poursuivre le trajet jusqu’en terres bernoises. «C’est vrai que je reviens de loin», souriait-elle. «Je remercie l’entraîneur pour sa confiance. D’autres filles étaient là à tous les entraînements ces dernières semaines et pourtant, il m’a quand même donné du temps de jeu. Je ne peux que lui dire merci. Il mérite vraiment tout ça.»

Si David Vernaz a donc fait confiance à Charlotte Brun, celle-ci le lui a bien rendu. Elle a elle-même inscrit le 4ème but de son équipe, pourtant menée 2-1 à la pause avant de retourner la situation après le thé. «Même lorsque nous étions menés, nous étions toujours virtuellement promus grâce à notre victoire du match aller (ndlr : un succès 1-0)», relevait David Vernaz. «À la mi-temps, j'ai dit aux filles que si l’on remettait un but, ça leur ferait mal et c’est ce qui s’est passé. Surtout que notre groupe avait selon moi plus de qualités, notre banc notamment était supérieur au leur.»

«J’ai un groupe vraiment extraordinaire!»David Vernaz

Outre les atouts sportifs de son collectif, David Vernaz soulignait aussi l’attitude de ses protégées: «Tout au long de la saison, on a eu des hauts et des bas. Beaucoup de monde disait que l’on n’avait plus aucune chance de monter. On a dû recadrer certaines choses, des mots ont été dits et, au final, les joueuses ont mis de l’implication, de la concentration pour nous mener jusque-là. J’ai un groupe vraiment extraordinaire, avec une belle alchimie. Même si, au début, elles avaient de la peine à comprendre certains de nos choix, toutes les joueuses ont adhéré à notre projet. La sauce a finalement pris et cela fait plaisir.»

Un son de cloche partagé par Charlotte Brun qui, elle aussi, louait l’état d’esprit du collectif: «Avec le covid notamment, on a traversé des périodes compliquées mais on s’en est toujours relevées. On n’avait peut-être pas les meilleures individualités du championnat mais on est très unies, on fait des fêtes ensemble et c’est selon moi ce qui nous a permis d’en arriver là aujourd’hui.»

Un nouveau chantier pour construire l'avenir

La promotion désormais acquise, un nouveau chantier s’ouvre devant David Vernaz. Il lui faut désormais préparer une équipe compétitive à l’échelon supérieur. «On a un groupe très jeune donc il faudra trouver des renforts. Une collaboration pourrait d’ailleurs voir le jour avec une formation de l’élite donc on verra… Mais avec Valérie Gillioz qui nous rejoindra dans le staff, avec le comité que l’on a créé et le soutien de l’association FC Sion pour tous, on a tout pour réussir. Aujourd’hui, l'association présidée par Jean-Philippe Cotter nous a permis de nous déplacer avec le bus de la première équipe et a organisé un car pour nos supporters, c’est formidable. Le FC Sion, c’est un club, une association, dans laquelle il y a des hauts et des bas mais dans laquelle on se dit les choses pour avancer. Et là, voilà, tout le monde est heureux et moi, je kiffe!»

«C’est exceptionnel comme les encouragements du public peuvent donner des ailes! Avoir tout ce monde autour de nous lors des derniers matches était absolument incroyable.»Charlotte Brun

Si elle ne sera donc plus présente à la pointe de l’attaque sédunoise l’an prochain, Charlotte Brun est convaincue que ses coéquipières sauront faire le saut: «Franchement, j’y crois! Il y a plusieurs nouvelles joueuses qui sont hyper ambitieuses, qui ont la rage de vaincre que nous, les «vieilles», avons essayé de leur transmettre. Avec tout ce qui se crée au niveau du staff, je suis certaine qu’il y a moyen de faire de belles choses en Ligue B.» Charlotte Brun qui espère aussi que l’engouement suscité par cette fin de saison en apothéose ne s’estompera pas et que le FC Sion féminin continuera d’être suivi à l’avenir. «C’est exceptionnel comme les encouragements du public peuvent donner des ailes! Avoir tout ce monde autour de nous lors des derniers matches était absolument incroyable car c’est vrai que le foot féminin manque encore de reconnaissance. J’espère que cette promotion changera les choses», conclut-elle.