Laurent Perroton : «Le sport est un exutoire pour tout le monde»
À la suite des nouvelles mesures édictées par le Conseil d’État, les craintes quant à l’avenir du sport se succèdent aux quatre coins du Canton. C’est notamment le cas pour le HCV Martigny qui, dans les faits, s’apprête à disputer neuf matches à domicile à huis-clos.

«C’est trop tôt pour chiffrer le manque à gagner qui sera engendré mais celui-ci est d’ores et déjà certain», reconnait Nicolas Burdet, le directeur du club octodurien. «On va regarder ce qui est possible de faire avec la ligue pour éventuellement faire des rocades dans le calendrier et déplacer des matches initialement prévus chez nous à l’extérieur. Ceci afin que nos supporters ne soient pas privés d’un nombre trop important de parties. La ligue doit se réunir ces prochains jours donc on devrait être rapidement fixés.»
Le problème des jeunes privés de sport
L’entraîneur du Forum Laurent Perroton reconnaît pour sa part que plusieurs sentiments se sont mêlés en lui au moment où le Conseil d’Etat annonçait les nouvelles mesures en vigueur: «La première des choses qui m’a touché, c’est que j’ai des enfants, j’en ai quatre et je sais à quel point le sport est un exutoire pour eux. Donc savoir que les plus jeunes seront privés d’activité physique durant plus d’un mois, c’est un vrai problème», avoue-t-il. Le technicien pense aussi évidemment aux supporters martignerains qui seront privés de tribunes jusqu’au début décembre au minimum: «On a des fans vraiment passionnés, qui n’ont déjà pas eu des masses de matches à se mettre sous la dent en ce début de saison… Sans eux, c’est une force supplémentaire qui s’envole pour nous.»
«Pour survivre, on aura besoin du soutien de tout le monde!»Nicolas Burdet - Directeur du HCV Martigny
Des craintes légitimes se posent désormais quant à l’avenir, notamment financier, du HCV Martigny comme de l’ensemble des autres formations du canton. «C’est sûr qu’on est tous en danger aujourd’hui. On dépend du sponsoring, de nos abonnés, de la billetterie et du catering. Avec ces nouvelles mesures, on doit donc trouver des solutions pour pallier à un manque à gagner certain», déclare Nicolas Burdet. Qui lance un appel : «Pour survivre, on aura besoin du soutien de tout le monde, de nos sponsors à nos supporters en passant par la Ville de Martigny!»
«Je pourrais être licencié pour limiter les frais»Laurent Perroton - Entraîneur du HCV Martigny
Laurent Perroton est lui bien conscient que la situation financière rendue précaire par la pandémie pourrait avoir des conséquences au sein même du vestiaire: «Un gros travail a été fait en amont par la direction», tient-il toutefois à préciser. «C’est aussi pour ça que l’on a signé le partenariat avec Lausanne et que certains éléments de l’an dernier n’ont pas été conservés. Maintenant, si la saison venait à s’arrêter, il y aurait certainement un redémarrage avec moins de professionnalisme. À mon niveau, je sais que je pourrais être licencié pour limiter les frais. On doit tous vivre avec ça mais malheureusement on n’a aucun pouvoir pour influencer cette situation.»
La difficulté du rôle d’entraîneur
Le technicien évoque aussi son rôle, rendu plus difficile en cette année particulière: «Être entraîneur dans pareille condition, c’est horrible! Il y a des choses bien plus graves dans le monde, je le sais et il faut être rationnel dans ce que l’on dit. Mais c’est très difficile car on ne peut pas bien mettre en place ce que l’on veut. Cette situation et toute l’incertitude qui l’entoure, ça fragilise le mental des gars et ça met une ambiance négative dans le vestiaire.» S’il reconnaît ainsi avoir dû parfois hausser le ton pour remettre les idées de ses joueurs au clair, Laurent Perroton ne veut pas non plus utiliser cette situation comme une excuse au début d’exercice mitigé de son équipe: «On est tous responsables, moi le premier. Beaucoup de nouveaux joueurs nous ont rejoint, certains juste avant le début de la saison. Tu ne peux pas créer un état d’esprit en un mois comme si tu jouais ensemble depuis quatre ans! Un groupe se construit en vivant de grosses défaites et de grosses victoires, des moments de crise comme des moments de gloire. Maintenant, on sait ce qui va et ce qui ne va pas. Le Président a mis les choses au point en confirmant qu’il avait une entière confiance en le staff. On fait beaucoup de séances vidéo et individuelles pour rattraper le temps et c’est désormais à moi aussi d’être beaucoup plus tranchant dans mes décisions quant à savoir qui joue et qui ne joue pas. Porter le maillot de Martigny doit être une fierté!»
Les autres équipes du groupement à l’arrêt
Le maillot de Martigny qui pourra continuer à être porté par les joueurs ces prochaines semaines. Au contraire de ceux des autres clubs appartenant au groupement Valais-Chablais : «On parle essentiellement du HCV Martigny mais nous avons effectivement d’autres équipes qui évoluent entre la 1ère et la 3ème ligue. Toutes évoluent dans les ligues amateurs et seront donc privées de glace durant un mois, c’est évidemment un problème. Je pense notamment au cas du HCV Sion qui permet à beaucoup de jeunes de poursuivre leur développement», témoigne Nicolas Burdet. «C’est une grande problématique car c’est un vrai vivier pour notre équipe de MySports League et il se retrouve maintenant en stand-by. On doit donc chercher des solutions pour permettre aux différents joueurs de se maintenir en forme et de garder un bon niveau de compétition en vue de la reprise espérée au mois de décembre.» Des discussions ont été entreprises par les dirigeants du coude du Rhône avec ceux de la Regio League, instance faîtière du hockey amateur, pour tenter d’éclaircir les contours de la suite de l’exercice. D’éventuelles décisions pourraient donc tomber dans les prochains jours.
«On se projette au jour le jour en essayant de prendre un maximum de plaisir»Laurent Perroton - Entraîneur du HCV Martigny
Et en attendant de savoir comment se poursuivra la saison au niveau amateur mais également à l’échelon supérieur, on essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur du côté du club : «On se projette au jour le jour et on essaie de jouer un maximum de matches pour prendre du plaisir», explique Laurent Perroton. «On en aura évidemment moins dans une patinoire vide. Maintenant, on doit essayer de faire fi de ça. On vit dans une société complètement morose, c’est compliqué pour tout le monde. On parle de sport mais il ne faut pas oublier qu’en parallèle, un tas d’entreprises déposent le bilan, c’est bien plus grave. Mais on en revient au même point, le sport est un exutoire. Un exutoire pour les supporters qui peuvent penser à autre chose qu’au covid. Un exutoire pour nous, le staff et les joueurs, de pouvoir jouer et penser ainsi à autre chose. Si ça doit continuer, tant mieux, si ça doit s’arrêter, ça s’arrêtera. Encore une fois, on n’a aucune influence sur cette situation donc à nous de nous concentrer sur ce que l’on sait faire : bien travailler, avoir de bons résultats, faire plaisir à nos fans et remplir nos objectifs.» Des objectifs, dont l’un est clamé haut et fort par les pensionnaires du Forum : la promotion en Swiss League. Une promotion dont les Martignerains ont déjà été privés par deux fois, pour des raisons variées, ces deux dernières années. Un scénario que personne n’espère voir se répéter dans les prochains mois au coude du Rhône.
Au lendemain des mesures drastiques prises mercredi par le Canton, les trois clubs professionnels de hockey sur glace, à savoir le HCV Martigny, le HC Sierre et le HC Viège, ont été reçu jeudi par le Conseil d’Etat. «Plusieurs points ont été discutés, notamment celui du huis-clos. Il faut bien être conscient que l’on est passé d’un cas de figure où certaines patinoires pouvaient être remplies au deux tiers à des enceintes complètement vides. On se questionnait donc tous sur ce choix de passer du tout au rien, raison pour laquelle nous avons demandé des explications à Frédéric Favre», explique Nicolas Burdet.
