Kevin Fickentscher: «Si je ne croyais pas au maintien, j'irais allumer des cierges»
Le maintien du FC Sion en Super League ne tient qu’à un fil. Un fil qui pourrait rompre vendredi soir, lors de la 36e et dernière journée du championnat. A la veille de cette échéance capitale, le gardien sédunois Kevin Fickentscher se confie.

Le FC Sion jouera-t-il vendredi soir à Tourbillon son dernier match en Super League avant un certain temps ? Le danger est plus que réel au moment de disputer la 36e et dernière journée de championnat. Derniers du classement, les Valaisans comptent un point de retard sur Vaduz. Conséquence: pour décrocher une place en barrages, ils doivent faire mieux contre Bâle que les Liechtensteinois face à Zürich. Dans le cas contraire, ils seraient relégués. Kevin Fickentscher n'ose pas l'envisager. Interview.
Kevin Fickentscher, comment vous sentez-vous?
Bien. Je suis excité d’être vendredi. Je suis positif et prêt à lâcher mes dernières forces dans cette bataille que l’on mène et qui est compliquée.
«La situation du FC Sion occupe mon esprit 23 heures sur 24.» Kevin Fickentscher
À quel point cette échéance occupe-t-elle votre esprit au quotidien?
23 heures sur 24. Ça fait beaucoup réfléchir, peut-être un peu trop… Il faut essayer de couper un petit peu les ponts, ne pas jouer le match avant de l’avoir commencé.
Durant ces 23 heures, vous avez des doutes?
Oui, bien sûr. Quand on est dernier, c’est normal d’en avoir. Si ce n’était pas le cas, ce serait inquiétant. Mais au final, il faut rester positif, y croire jusqu’au bout et ne rien lâcher. Le match de vendredi sera important. À nous de faire le boulot et on regardera ensuite ce qu’il se passe à Zurich.
«Cette année, la pression est trois fois plus grande.» Kevin Fickentscher
Cela fait une décennie que vous portez le maillot du FC Sion. Sur l’échelle des hauts et des bas, où situez-vous la situation actuelle?
Cela fait partie des bas les plus importants puisque l’on joue notre survie. L’année dernière, on avait encore ce matelas de barragiste que l’on n’a plus aujourd’hui. On joue désormais pour ne pas être dernier donc la pression est trois fois plus grande. On en est là et il faut essayer de s’en sortir.
Vous y croyez encore?
Bien sûr ! Si ce n’était pas le cas, je demanderais au coach de ne pas me faire jouer et j’irais allumer des cierges à l’église. Si je suis venu à l’entraînement toute la semaine pour travailler, c’est que j’y crois.
«J’ai averti ma femme que le 30 mai, je ne serai pas à l’anniversaire de mes deux enfants parce qu’il y a le match retour du barrage.» Kevin Fickentscher
Vous avez manqué plusieurs occasions de quitter la dernière place ces dernières semaines. C’est quelque chose que vous ressassez?
Non, ce n’est pas le moment. À l’heure actuelle, il faut regarder vers l’avant. Il reste ce match face à Bâle. Tout ce qui s’est passé est derrière nous. On a eu des opportunités de quitter ce fauteuil de lanterne rouge, c’est vrai, mais à un moment donné on était aussi beaucoup plus loin donc ce n’est pas le moment de regarder en arrière. Il faut mettre toute notre énergie sur cette dernière partie et on verra où cela nous mène.
Comment est-ce que vous sentez l’équipe au quotidien, que ce soit sur le terrain ou dans le vestiaire?
Écoutez, on était très abattus à Lugano après le match parce qu’on voulait faire quelque chose de bien là-bas et cela n’a pas été le cas. Maintenant, on s’est remis au travail et encore une fois, je ne pense pas que ce soit le moment de cogiter. Il faut rester motivé et, surtout, y croire. J’espère en tout cas que tout le monde est convaincu que l’on va s’en sortir.
Dans cette situation, quel est votre rôle ? Comment agissez-vous pour motiver et faire comprendre à votre équipe qu’elle peut le faire ?
Ce n’est pas simple. Si j’avais la solution, je l’aurais utilisée bien avant. Il faut surtout rester focus. Ça va beaucoup se jouer au mental. Maintenant, ce n’est plus une question de physique, de technique ni de quoique ce soit. Ça, c’est du pipeau. On est en fin de saison. On doit faire la différence dans la tête, dans la volonté, dans l’esprit qu’on va mettre sur le terrain.
Vous êtes le taulier au FC Sion. Un statut que vous assumez dans le vestiaire ou devant la presse, aussi quand ça va mal. Ça vous plaît ?
Je préférerais me présenter devant vous après des victoires, et pour être honnête, je n’ai pas toujours du plaisir à venir vous trouver. Mais le foot est ainsi fait. Il faut l’accepter. Je prends mes responsabilités en déchargeant mes collègues d’une certaine pression. Et si ça les aide, je le fais volontiers.
«Ce n’est plus une question de physique, de technique ou de quoique ce soit. On doit faire la différence dans la tête, dans la volonté.»Kevin Fickentscher
Cela fait quatre saisons que vous le faites. Ce n’est pas usant, à force ?
Mentalement ce n’est pas facile, en effet. Il y a beaucoup de pression négative, de tension. Ce n’est pas évident à vivre au quotidien. Je pense que c’est compliqué pour les personnes de l’extérieur de comprendre ça. Mais que ce soit pour les familles ou pour l’entourage, ce sont des moments dont on se passerait. Mais ça ne sert à rien de se morfondre. Aujourd’hui, il faut positiver. Il reste encore trois matches à jouer. Il faut tout mettre en œuvre pour sortir le FC Sion de ce mauvais pas.
Trois matches ? Pas d’hésitation ?
Evidemment que non ! Pour moi, c’est clair. J’ai averti ma femme que le 30 mai, je ne serai pas à l’anniversaire de mes deux enfants parce qu’il y a le match retour du barrage. Elle m’a répondu que c’était pour la bonne cause, donc c’est une bonne chose.
Vendredi sera le jour J pour le FC Sion qui pourrait être relégué en Challenge League au terme de la 36e et dernière journée de championnat. Le gardien valaisan Kevin Fickentscher se battra jusqu’au bout pour son club et ces supporters.
Écoutez l'interview intégrale de Kevin Fickentscher
