Justin Murisier avant Wengen: «Je ne suis pas encore assez complet en vitesse»
Justin Murisier opère une nouvelle fois la transition entre la technique et la vitesse. Sorti en 1ère manche du géant d’Adelboden le week-end dernier, le Bagnard se projette sur les épreuves des prochains jours à Wengen.

Alors qu’il vient tout juste de fêter ses 31 ans – c’était dimanche dernier – Justin Murisier est toujours en quête d’apprentissage. Depuis une grosse année maintenant, celui qui avait fait ses premiers pas sur le circuit de Coupe du Monde dans le costume de slalomeur au début 2010 a fait le choix d’intensifier son implication dans les disciplines de vitesse. Il tentera notamment de confirmer ce week-end à Wengen ses progrès en descente, marqués par une probante 7ème place il y a deux semaines à Bormio.
Des douleurs au genou depuis Adelboden
«Je ne m’attendais pas à un tel résultat dès ma huitième course de Coupe du Monde dans la discipline», avoue-t-il. «Le Lauberhorn, c’est un autre type de piste, beaucoup plus glissant. C’est justement mon problème à l’heure actuelle: j’ai encore de la peine à bien laisser aller les skis.» Sorti de piste lors de la 1ère manche du géant d’Adelboden le week-end dernier, le Valaisan en garde des douleurs au genou comme souvenir. «Ce n’est pas monstre facile. Surtout ici où la neige est assez molle. J’ai tendance à me protéger en allant sur mon ski intérieur. J’espère qu’en course, avec l’adrénaline, j’arriverai à surmonter ça.»
«À Wengen, je me vois plus dans le top 20, peut-être le top 15, que tout devant.» Justin Murisier
Très lucide avec lui-même, Justin Murisier sait que le tracé du Lauberhorn n’est pas celui qui correspond le mieux à ses qualités. «Pour l’instant, je ne suis pas encore assez complet en vitesse», affirme-t-il. «Des pistes comme Kitzbühel qui sont plus techniques et où il faut vraiment engager me conviennent mieux. C’est là que je peux espérer me retrouver devant. Ici à Wengen, je me vois plus finir dans le top 20, peut-être le top 15.»
Les enseignements de l’an dernier
S’il y avait déjà pris part à quelques descentes de combiné dans le passé, le Bagnard a véritablement découvert les épreuves de vitesse du Lauberhorn l’an dernier. 24ème en Super-G, il avait enchaîné avec une 30ème et une 31ème place lors des deux descentes qui étaient au programme. Les conditions météos étaient alors radieuses, tout le contraire de ce qui est prévu ce week-end dans la station oberlandaise. «Je pense malgré tout pouvoir tirer des enseignements de l’hiver passé. J’avais parfaitement réussi les seules parties techniques du parcours, celles qui font la différence au final, donc c’est quelque chose que je peux prendre avec pour les courses qui arrivent. Après, c’est vrai que la visibilité sera bien différente cette année. Elle est très faible, notamment sur la partie haute où il n’y a pas d’arbres. On a vraiment aucun point de repère et c’est sur ce point que d’autres sont meilleurs que moi. Toutes les blessures que j’ai eu font que j’ai beaucoup plus d’appréhension qu’eux dans ces conditions.»
«Cela ne sert à rien de me mettre des énergies négatives en me disant que ça ne le fera pas pour le départ.» Justin Murisier
Malgré ça, Justin Murisier refuse de s’attarder plus longuement sur cette thématique de la météo qui fait beaucoup parler cette semaine sur place. «Cela ne sert à rien de me mettre des énergies négatives en me disant que ça ne le fera pas pour le départ», relève-t-il. «Tout ce que je peux vous dire, c’est que lors des deux entraînements, on a eu droit à énormément de changements de neige. Il y avait de la vieille, de la fraîche et même de la glace. Mercredi, avec mon dossard 50, c’était assez difficile de s’élancer sur une piste qui était très marquée. Mais je fais confiance aux organisateurs. Je sais qu’ils vont tout faire pour proposer de belles courses ce week-end.»
Trois disciplines pour un programme chargé
Pour la première fois de sa carrière, le Valaisan enchaîne les courses cet hiver en prenant part à toutes les épreuves de géant, de Super-G et donc de descente. Là aussi, il est encore en phase d’apprentissage en tentant de comprendre comment faire la balance entre les plages de récupération et celles de travail pour être performant à chaque fois qu’il prend le départ. «J’avais une idée de comment je voulais planifier ma saison mais tout cela a été remis en cause par mon opération au mois d’octobre», regrette-t-il. «J’ai ensuite dû sauter dans le train qui était déjà en marche en ayant moins d’entraînements que prévu dans les jambes. Après Bormio, j’ai senti que j’étais vraiment sec. J’ai alors compris que c’était important que je me pose un peu. C’est aussi un conseil que m’a donné Beat (ndlr: Feuz). J’avais tendance à toujours vouloir tout donner durant l’entraînement et il m’a dit de plutôt mettre l’accent sur certaines parties du tracé et de souffler sur les autres. C’est comme ça que tu gagnes en énergie sur toute la saison.»
En bénéficiant – jusqu’à la semaine prochaine en tout cas - du soutien du futur retraité Beat Feuz et du prodige Marco Odermatt, Justin Murisier est parfaitement armé pour opérer sa mue de technicien à spécialiste de vitesse. Une mue qui passe par Wengen et le Super-G et la descente prévus vendredi et samedi sur le Lauberhorn. Pour autant que la météo le permette.
