Axel Canaguier, polyvalent travailleur de l'ombre dans la cité du Soleil
Il a été joueur de hockey chez lui, dans le Nord de la France. Il est arrivé en Suisse en rejoignant le Lausanne HC durant "l'intense" période Svoboda. Depuis 2022, Axel Canaguier s'investit à Graben où ses missions pour le HC Sierre sont nombreuses. Rencontre.

"La discrétion me convient parfaitement. Je ne suis pas quelqu'un qui cherche la lumière." Lorsqu'on lui explique que l'idée de notre visite à Graben est de parler de lui et du travail qu'il accomplit depuis son arrivée en 2022, Axel Canaguier se présente tel qu'il est. Humble et modeste. Son cahier des charges et son parcours avant de rejoindre le HC Sierre méritent pourtant que l'on s'intéresse à lui. Autour d'un café, celui qui a hérité cette année du double titre d'entraîneur assistant et "assistant GM" (ou manager général assistant), a donc quand même accepté de se confier et d'être, pour une fois, mis en avant.
Meilleur aux études qu'au hockey
Originaire de Dunkerque, le Français s'est très vite passionné pour le hockey sur glace dans un coin de pays qui vibre pourtant surtout pour Lens et Lille, les deux grands rivaux footballistiques, ou pour "l'Enfer du Nord" : le mythe Paris-Roubaix et ses emblématiques pavés. "J'avais trois ans lorsque j'ai joué mes premiers matches", se souvient, trente ans plus tard, celui qui a fréquenté les championnats amateurs de l'Hexagone sous les couleurs de Wasquehal. "À un moment donné, il a fallu faire un choix entre les études et le hockey. Comme j'avais plus de facilité dans le premier domaine, raccrocher les patins s'est fait naturellement. Des raisons personnelles ont également pesé dans la balance."
Au bénéfice d'une licence en gestion et d'un master en business du sport, Axel Canaguier s'est donc provisoirement éloigné des patinoires. "Me reconvertir dans le coaching n'était pas une évidence à la base. Ça l'est devenu par la suite, grâce à différentes opportunités." La première est celle qui l'a conduit à quitter sa région natale pour s'engager comme coach vidéo du Lausanne HC en 2021. "L'année d'avant, j'avais vu passer une offre à ce propos. Je me suis renseigné et après quelques échanges, j'ai pu rencontrer John Fust (ndlr : le manager général). À l'époque, l'entraîneur était Craig McTavish. Cela ne s'était pas fait pour moi à ce moment-là, mais j'ai été rappelé douze mois plus tard."
La découverte du hockey pro avec Petr Svoboda
Le Nordiste a donc passé la saison 2021/2022 à la Vaudoise Arena. Il ne cache pas avoir eu "des étoiles dans les yeux" en rencontrant son nouveau collègue de travail : le légendaire Cristobal Huet, entraîneur des portiers vaudois. John Fust avait lui repris les rênes de l'équipe alors que le Lausanne HC se trouvait en plein dans "l'ère Petr Svoboda", une période que les supporters aimeraient certainement oublier. Un mot vient d'ailleurs à l'esprit d'Axel Canaguier pour définir cette année dans la capitale olympique.
Après un exercice au LHC, le Français a donc débarqué à Sierre en tant qu'assistant d'Yves Sarault. "Je l'ai connu durant mon passage à Lausanne (ndlr : le Canadien entraînait alors les juniors de Morges). Il m'a proposé le poste en me disant qu'il avait besoin de quelqu'un capable de toucher à la vidéo et de l'accompagner au quotidien. Il s'était renseigné à mon sujet auprès de Cristobal Huet. Nous avons échangé à plusieurs reprises et j'ai fini par signer. J'ai découvert le Valais pour la première fois lors d'un déplacement à Brigue pour un match amical avec Lausanne. J'avais trouvé ça magnifique et il faut croire que je me plais dans ce canton puisque je suis toujours là (rires)."
Quatre coachs depuis son arrivée à Sierre
Axel Canaguier est en effet demeuré fidèle au HC Sierre malgré les divers changements d'entraîneur vécus depuis 2022. Après Yves Sarault, il a épaulé Mario Pouliot, Dany Gelinas et donc, désormais, Chris McSorley. " Ça fait partie du business", relève-t-il. "À chaque fois, il faut s'adapter à une façon de faire différente. Peu importe la personne ou la vision de celle-ci, il y a toujours du bon et du moins bon. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a jamais de bon moment pour changer de coach. Par mon rôle, je me dois de prendre du recul sur la situation et me focaliser sur mon propre travail."
À Graben, Chris McSorley est évidemment bien plus qu'un simple coach. Figure du projet d'avenir du club "rouge et jaune", l'Ontarien est omniprésent. Il prend de la place et attire la lumière sur lui. "Il est malgré tout très à l'écoute de ce qu'on lui dit", assure Axel Canaguier. "Il a son expérience et sa vision du jeu. Il a démontré à Genève qu'il pouvait avoir du succès. C'est évidemment lui qui a le dernier mot, mais en tant qu'assistants, notre rôle est de lui donner des informations ou des conseils qui peuvent servir les intérêts de l'équipe. Dans un coaching staff, les échanges sont primordiaux."
En binôme avec Castonguay
Depuis l'an dernier, le Français partage son titre d'entraîneur-assistant avec Éric Castonguay. Mais si leur fonction est la même sur le papier, dans les faits, chacun a un rôle bien défini. "Éric a une très longue carrière derrière lui. Son expérience sur la glace est un plus très important pour l'équipe. Nous avons tous les deux nos limites et comme nous n'avons pas les moyens d'un club de Ligue A, nous sommes obligés d'assumer plusieurs casquettes, en essayant d'être le plus efficace possible."
Concrètement, depuis que son binôme québécois a raccroché les patins, Axel Canaguier a quitté le bord de la bande. "Être deux à cet endroit ne sert pas à grand-chose." Les matches, il les suit donc depuis le haut de la tribune. Devant son ordinateur. Sa mission? Décortiquer chaque fait de jeu. Une entrée en zone, un engagement, une position de hors-jeu, un tir. Il ne loupe rien. "Je tague entre 700 et 800 actions par rencontre", explique-t-il. "Le faire directement nous permet de gagner un temps considérable à l'analyse vidéo." Son travail "à chaud" lui permet aussi d'apporter des ajustements en cours de partie ou de transmettre des informations au banc. "J'ai un message prêt à être envoyé si j'estime qu'un coach challenge est nécessaire. Éric le reçoit sur sa montre connectée et Chris peut alors interpeller les arbitres. Pour intervenir, j'ai quarante secondes à disposition, pas plus."
Pas souvent sur la glace
Maintenant qu'il assume également la fonction "d'assistant GM", Axel Canaguier ne cache pas avoir beaucoup moins l'occasion de monter sur la glace lors des entraînements. "Cela doit faire deux ou trois semaines que je n'ai pas eu le temps de le faire", sourit celui qui met constamment à jour une base de données consacrées à…tous les joueurs de Swiss League. "J'en ai également une qui présente les statistiques avancées de beaucoup d'éléments évoluant à l'étranger. Cela nous permet de travailler rapidement lorsque nous devons trouver un nouveau renfort." Ses missions consistent aussi à représenter le HC Sierre lors des différentes séances auprès de la ligue. Depuis 2022, il a vu grandir le club et ne cache pas que la pression est désormais bien plus grande dans la cité du Soleil qu'elle ne l'était à son arrivée.
Un déplacement prolongé à Coire
C'est une particularité dans le calendrier du HC Sierre. Le club "rouge et jaune" s'apprête à affronter deux fois le même adversaire en l'espace de vingt-quatre heures. Il se rend dans les Grisons pour un double affrontement avec Coire ce mardi et ce mercredi soir. "C'est une très bonne chose", se réjouit Axel Canaguier. L'entraîneur-assistant et assistant GM sierrois relève que les deux formations se sont mises d'accord pour disputer deux "back to back" cette saison. Elles se retrouveront ainsi deux fois à Graben les 13 et 14 décembre prochains. "Cela évite un long trajet aller-retour supplémentaire et réduit une bonne dose de fatigue." Le Français a lui-même été chargé de tout l'aspect logistique de ce déplacement prolongé. "Il a fallu anticiper les choses. Faire la réservation du bus pour les deux jours, prévoir la nourriture et l'hôtel. Vivre tous ensemble durant plus de 24 heures est quelque chose de très sympa. Cela permet d'échanger et de renforcer encore les liens au sein du groupe. Même si durant la saison, on passe de toute manière plus de temps à la patinoire qu'avec nos familles."
