Guillaume Hoarau: «On ne peut pas se permettre de vivre la même chose chaque saison»
Le FC Sion évoluera toujours en Super League l’an prochain. Un maintien obtenu au terme du barrage face à Thoune dont Guillaume Hoarau, double buteur à l’aller, a été un acteur important. À 37 ans, le Réunionnais revient sur les mois écoulés, sur ce dénouement final et évoque son futur.

En 37 ans, dont près de la moitié à arpenter les pelouses, de France d’abord, de Chine brièvement et de Suisse ensuite, Guillaume Hoarau en a vécu des choses. Des sélections avec les Bleus, un statut de vedette du PSG d’avant l’ère qatari puis celui de légende vivante du côté de Berne. Avant donc de voir le spectre de la relégation planer de manière insistante sur ses épaules et celles du FC Sion ces dernières semaines. Forcément soulagé du dénouement final d’une saison harassante, le Réunionnais revient avec humilité sur ce maintien du club en Super League, évoque son avenir et appelle à un changement de mentalité au sein du vestiaire sédunois. Interview.
Guillaume Hoarau, ça y est, après des semaines en apnée vous pouvez souffler: le FC Sion évoluera toujours en Super League l’an prochain…
Oui, on a assuré l’essentiel. Cela ne s’est pas fait sans efforts mais on est contents. On a sauvé le club et pour ça, on mérite quelques semaines de vacances avant de revenir avec d’autres ambitions.
«Thoune a peut-être «gagné aux points» mais le seul résultat qui compte, c’est que c’est Sion qui jouera en Super League la saison prochaine.»Guillaume Hoarau
Cela ne s’est pas fait sans efforts vous le dites, la faute à ce FC Thoune qui était bien décidé à vous poser des problèmes malgré le score du match aller…
Disons que c’était une vraie rencontre de barrage. On savait que Thoune viendrait chez nous avec des ambitions donc on n’a pas été surpris par leur jeu. Après, il faut reconnaître que l’on n’a pas été bons… Mais encore une fois, on a assuré l’essentiel et c’était le plus important. Thoune a très bien joué au foot, ils ont peut-être «gagné aux points» mais le seul résultat qui compte, c’est que c’est Sion qui jouera en Super League la saison prochaine.
Au final, la différence sur ce barrage, elle s’est faite au niveau de l’efficacité offensive qui a été de votre côté jeudi…
Effectivement. Je pense que l’on a su marquer quand il le fallait. On leur a fait mal même contre le cours du jeu. Je ne dirais pas que l’on a joué petits bras sur ce match retour mais c’est vrai qu’une bonne partie du travail était faite après l’aller. Il fallait quand même rester vigilants et en ce sens, je pense que ce qu’ils ont fait nous a aidé puisqu’ils ne nous ont pas laissé nous endormir. La manière n’était peut-être pas la plus belle mais je crois qu’il ne faut pas faire la fine bouche. On revient de loin, de très loin, donc on a le droit d’être contents de cette issue finale.
«À 37 ans, on ne va pas m’apprendre mon travail.»Guillaume Hoarau
À titre personnel, avec votre doublé de jeudi soir, vous avez joué un rôle prépondérant dans la réussite de ce barrage. Une sorte de revanche après des mois de frustration, cantonné au banc des remplaçants?
Vous savez, c’est dans les moments importants que l’on a besoin que tout le monde réponde présent. Personnellement, on ne va pas m’apprendre mon travail à 37 ans. Il fallait que je sois là au bon moment. Le mérite revient au coach qui a su trouver une certaine cohérence dans l’équipe. Tout le monde s’est senti à sa place et à partir de ce moment-là, cela devient bien plus facile de faire des résultats. À nouveau, je suis très content car on m’a donné ma chance et je l’ai saisie. Tout simplement…
Vous êtes en fin de contrat au FC Sion. Franchement, vous ne pouvez pas vous arrêter là-dessus…
Mon agent (ndlr: Michel Urscheler) est là, posez lui la question, c’est lui qui contrôle tout (rires)! On verra bien. On va déjà savourer ce maintien et on discutera ensuite pour savoir ce qui est faisable. Mais je répète ce que j’ai toujours dit: je me plais ici en Valais même si je n’ai pas eu la chance de vraiment découvrir ce canton à cause du covid… Je ne m’enflamme pas mais je sais que je me suis prouvé à moi-même que j’avais encore des jambes. Je pense donc qu’on peut trouver un joli challenge pour l’avenir et si ça doit être au FC Sion, ce sera au FC Sion.
«Ici, il y a des mecs qui luttent contre la relégation depuis 3-4 ans et j’ai l’impression que c’est devenu normal pour eux.»Guillaume Hoarau
Quel bilan est-ce que l’on tire d’une saison telle que celle-ci, qui a été compliquée durant longtemps mais qui se termine quand même sur une note positive?
Ce que l’on doit retenir, c’est que le foot est un sport qui demande beaucoup d’exigences. On a joué avec le feu, les attitudes n’ont pas été bonnes depuis le début. Le contexte a aussi été compliqué. Bref, beaucoup de choses nous ont conduit dans cette situation. Certains joueurs n’ont par exemple jamais trouvé la confiance. Mais vous savez, il y a d’autres choses à vivre dans ce sport. Il faut être ambitieux sans être arrogant. Ici, il y a des mecs qui luttent contre la relégation depuis 3-4 ans et j’ai l’impression que c’est devenu normal pour eux. Il faut changer cette mentalité, il faut haïr la défaite et, surtout, il faut travailler.
Vous parlez de mentalité à changer: en cours de saison, vous et d’autres leaders du groupe aviez utilisé des mots forts à l’encontre de certains coéquipiers. Au vu de la fin de cet exercice, on a quand même l’impression que vous avez été entendu. Qu’est-ce qui a fait office de déclic?
Je pense que sur la fin, tout le monde a joué son rôle. Que ce soit Kevin (ndlr : Fickentscher), Serey ou moi-même, les tauliers, on a fait office de colonne vertébrale. Après, attention, je ne veux pas nous jeter des fleurs mais cette équipe avait besoin de repères. À un moment donné, le groupe manquait de personnalité, de caractère. Cela en revient à ce que je disais sur certains joueurs pour qui jouer les dernières places était devenu une normalité. Au final, chacun a fait son job au bon moment et c’est ce qui fallait. Mais encore une fois, on ne peut pas se permettre de vivre la même chose chaque saison. Le football nous permet de vivre tellement d’émotions plus belles que ce que l’on a connu ces derniers mois…
