Grégory Karlen: «J’espère offrir la remontée au FC Thoune»
Chez les frères Karlen, la réalité de cette fin de saison est bien différente. Tandis que l’aîné Gaëtan se bat contre la relégation en Super League, le cadet Grégory lutte lui pour la promotion à l’échelon inférieur. Rencontre avec le milieu de terrain du FC Thoune.

À l’heure où son frère Gaëtan se retrouve en position plus que délicate au classement de Super League avec le FC Sion, Grégory Karlen vit de son côté une tout autre réalité. Un cran plus bas, dans ce championnat de Challenge League que beaucoup craignent de retrouver prochainement en Valais, le cadet est engagé dans une lutte pour la promotion. À huit matches du terme de l’exercice, «son» FC Thoune se retrouve actuellement dans la position du chasseur, à 4 points du leader GC. «Notre objectif a toujours été de remonter le plus vite possible», témoigne le milieu de terrain. «Maintenant, on prend les choses comme elles viennent. On va donner notre maximum sur ces huit dernières rencontres et on verra où on se situe à la fin.»
Arrivé au début 2018 dans l’Oberland bernois, le Valaisan se dit totalement épanoui de l’autre côté du Lötschberg: «J’y ai découvert une région magnifique et un club sain, qui a des ambitions malgré ses moyens limités. Depuis que je suis ici, on a vécu beaucoup de hauts comme de bas. Il y a deux ans, on a notamment disputé la finale de la Coupe, une première depuis bien longtemps (ndlr: 1955) pour le club. Et bien sûr, il y a eu cette relégation la saison passée. Mais on voit aujourd’hui que l’on va à nouveau dans le bon sens.»
Mis à l’écart au FC Sion
S’il se sent bien au FC Thoune, Grégory Karlen revient sur les raisons qui ont motivé son départ du FC Sion voici un peu plus de trois ans: «À l’époque, je n’avais pas tellement eu le choix. Après la finale perdue en 2017, je n’étais plus désiré par le club. Je me suis retrouvé en M21 et je n’ai plus eu la chance de revenir avec le groupe professionnel. Il a fallu trouver une solution et la proposition de Thoune est arrivée à ce moment-là.» Une proposition rapidement acceptée et un retour rapide au premier plan pour l’ancien attaquant, replacé un cran plus bas sur le terrain par un certain Peter Zeidler à l’automne 2016. «Dès mon arrivée à Thoune, j’ai réussi à me faire ma place et à obtenir passablement de temps de jeu. Je peux donc dire aujourd’hui que rejoindre ce club a constitué un vrai plus dans ma carrière.»
Si la séparation avec son club formateur et les conditions dans lesquelles celle-ci est intervenue ont évidemment été difficiles à digérer sur le moment, le numéro 8 thounois assure avoir depuis tourné la page: «Ressasser le passé ne va pas m’aider même si c’est vrai que c’était un moment compliqué à vivre. Désormais, je suis dans une situation qui me plait, dans un club qui me plait et dans un environnement qui me plait donc je ne regarde que le positif.»
«Le FC Thoune, c’est un club familial, où tout le monde tire à la même corde.»Grégory Karlen
Dans l’Oberland bernois, le Valaisan a découvert un club qui a souvent été cité en exemple pour sa politique de recrutement et la sérénité qui semble y régner. «C’est clairement ça. C’est la ligne directrice voulue ici. Cette «culture du calme» se ressent à tous les niveaux. Le FC Thoune, c’est vraiment un club familial, où tout le monde tire à la même corde.» Grégory Karlen explique aussi ce qui différencie, selon lui, le pensionnaire de la Stockhorn Arena de celui de Tourbillon: «La structure et les ambitions ne sont pas les mêmes. Et puis, comme déjà dit, ici le budget n’est pas très important. Pour survivre, le club mise donc sur des joueurs du cru et pour ce faire, il peut s’appuyer sur le très bon travail de notre nouveau président (ndlr: et ancien directeur sportif) Andreas Gerber.»
La barre des 100 matches bientôt atteinte
Depuis le coup d’envoi de cette saison, Grégory Karlen n’est autre que le 2ème joueur le plus utilisé dans les rangs thounois, juste derrière le gardien Andreas Hirzel. «C’est une belle marque de reconnaissance et ça fait vraiment du bien de jouer tous les week-ends même si je sais que c’est loin d’être un acquis», apprécie celui qui franchira bientôt (cela pourrait être fait lors du match au sommet face à GC le 23 avril prochain) la barre des 100 matches disputés sous la tunique thounoise. «Vous me l’apprenez», souffle le Sédunois de 26 ans. «Je n’ai pas pour habitude de me fier énormément aux chiffres mais cela prouve que les dirigeants sont contents de moi. Après, encore une fois, je préfère me concentrer sur ce que je peux apporter au club. Je suis resté ici malgré la relégation et j’espère maintenant offrir la remontée à cette formation qui m’a accordé sa confiance.»
Resté malgré la chute à l’échelon inférieur l’été dernier, Grégory Karlen avoue toutefois qui lui a fallu du temps pour digérer cette relégation. «C’était d’autant plus difficile que je m’étais blessé juste avant le covid. J’ai donc dû attendre encore plus longtemps que les autres pour retrouver les terrains. On a ensuite fait une magnifique remontée en étant au coude à coude jusqu’à la dernière journée avec le FC Sion mais malheureusement cela n’a pas suffi. Il a fallu se relever de ces barrages perdus face à Vaduz, c’est vrai. On a d’ailleurs manqué notre début de championnat avant de parvenir à redresser la barre.»
L’entame d’exercice poussive vécue par le club thounois (ndlr: 1 point pris lors des trois premiers matches) a quand même eu une grosse conséquence : la démission de l’entraîneur Marc Schneider auquel a succédé Carlos Bernegger. «Ce sont deux entraîneurs au style différent», relève Grégory Karlen. «Marc Schneider était venu me chercher en Valais, on a vécu de belles choses ensemble ici avant que la situation ne se détériore l’an dernier. Carlos Bernegger a ensuite apporté un renouveau à l’équipe. Il nous a donné sa grinta, son envie de gagner chaque match et c’est ce qui nous a conduit à notre deuxième place actuelle.»
«Faire équipe avec mon frère? À l'heure actuelle, je n'y pense pas.»Grégory Karlen
En pleine lutte pour la montée, le cadet des frères Karlen suit forcément d’un œil attentif la situation de son aîné en Valais. «Plus que sur les performances du FC Sion, c’est sur ce que fait mon frère que je me concentre surtout. Il a pu jouer pas mal de rencontres cette saison, il a même porté le brassard de capitaine de ce club qui lui tient à cœur donc je suis très fier pour lui et j’espère évidemment qu’il sera toujours en Super League l’an prochain.» Après le retour à Tourbillon de Gaëtan voici douze mois, Grégory pourrait-il envisager lui emboîter le pas dans un avenir plus ou moins proche afin que, pour la première fois de leur carrière professionnelle, les deux Karlen soient réunis sous les mêmes couleurs? «C’est une question qui revient assez régulièrement sur le tapis», sourit le principal intéressé. «Faire équipe avec lui me ferait forcément plaisir mais à l’heure actuelle, je n’y pense pas. Le seul avenir qui m’importe c’est cette fin de saison et la promotion que l’on cherche à obtenir avec Thoune.»
Une promotion qui pourrait, aussi, passer par des retrouvailles fraternelles en barrages à la fin mai. «C’est de la musique d’avenir. Pour Sion comme pour nous, il reste huit matches à jouer cette saison. Beaucoup de choses peuvent se passer d’ici là», conclut Grégory Karlen. Premier de ces huit matches à disputer pour Thoune et le FC Sion ce week-end. Les Oberlandais accueillent Xamax ce vendredi alors que les Valaisans reçoivent Zurich samedi.
