"Quand j’étais au FC Monthey, on me prenait pour un fou" : Berkan Kutlu
Un gamin montheysan qui avait des rêves plein la tête est devenu champion de Turquie avec Galatasaray. C’est l’histoire de Berkan Kutlu, l’enfant du coin protagoniste d’un conte de fées.

Par où commencer ? Le 12 juin 2020, le FC Sion reprend sa saison après 3 mois d’interruption en raison du Covid. Promu au sein de la première équipe, Berkan Kutlu accorde à Rhône FM l’une des toutes premières interviews de sa carrière. Il s’en souvient. Nous aussi. 4 ans plus tard, le gamin du Chablais a bien grandi.
Âgé de 26 ans, il sort d’une fin de saison remarquable avec Galatasaray. Champion de Turquie, buteur lors du dernier match qui offre le titre à son équipe, il doit parfois encore se pincer pour sortir de son rêve éveillé. Un rêve devenu réalité après une trajectoire "particulière", avoue-t-il. "Je n’ai jamais rien fait comme les autres donc ce parcours me correspond assez bien."
Il savait où il voulait aller
FC Monthey, FC Sion, Alanyaspor, Galatasaray, une parenthèse au Genoa, retour à Galatasaray. En regardant cette liste de clubs, du plus modeste au plus géant, on se croirait dans une carrière virtuelle, digne de fantasmes de jeux vidéo. Et pourtant, tout cela existe.
Tout cela existait déjà à quelque part dans l’esprit du principal intéressé. "Quand j’étais au FC Monthey, on me prenait pour un fou. Je filmais mes matches. À l’école, je signais mon bloc-notes comme des autographes. J’ai toujours pensé, j’ai toujours rêvé grand." Il n’a pas été déçu du voyage, puisqu’en deux étapes entre août 2020 et juillet 2021, le milieu de terrain est passé de Riddes à Istanbul. De Paolo Tramezzani à Fatih Terim, en transitant bien sûr par Alanyaspor, la porte d’entrée du conte de fées.
Le socle familial, le pilier central
Tantôt porté par ses rêves, tantôt ramené à la dure réalité du terrain, Berkan Kutlu a toujours su s’accommoder des paradoxes de son existence. À Istanbul, agglomération de 15 millions d’habitants, le Montheysan attire l’attention. Dans son Chablais natal, il peut vivre presque normalement. "Ce sont des cultures totalement différentes", affirme-t-il.
"Ça me fait du bien de me balader par ici, d’aller manger ou marcher avec mes potes. En Suisse, je peux recharger mes batteries. De temps en temps, je vais m’entraîner vers la patinoire, où j’avais mes habitudes auparavant. C’est comme un symbole pour me souvenir d’où je viens." Et si d’aventure l’envie lui prenait de quitter le sol, son entourage le ramènerait rapidement sur terre. "On n’a pas roulé sur l’or. Mes parents ont travaillé dur pour me donner la meilleure éducation possible. Je suis allé au bout de mon parcours scolaire avec un CFC et une maturité d’employé de commerce. Je suis très heureux d’avoir eu ce bagage."
Une saison 23/24 coupée en deux
Avant de jouer un rôle plus important cet hiver et ce printemps, jusqu’au sacre de Galatasaray, Berkan Kutlu a vécu un épisode plus tourmenté. Son prêt au Genoa en Italie ne s’est pas passé comme il l’espérait. De cette expérience, il n’en retire pas grand-chose. "Le centre de ma vie, c’est le football. Quand le football ne va pas bien, tout devient plus compliqué."
Une mauvaise acclimatation, un rapport pas optimal avec l’entraîneur : les raisons du spleen sont nombreuses. En janvier, retour à Istanbul. Pour le meilleur. "Le coach de Galatasaray a dit qu’il avait besoin de moi. À partir de novembre, on préparait déjà mon retour." Un retour couronné de succès, puisque le milieu de terrain a mis la main sur le trophée de champion.
Le 3ème titre de sa carrière avec son club de cœur. Aujourd’hui, Berkan Kultu navigue toujours entre deux mondes. Celui du jeune qui doit encore prouver, qui doit encore accomplir de grandes choses. Celui du routinier qui peut faire le lien avec la génération suivante. "J’ai mon importance dans le vestiaire, grâce au fait que je parle plusieurs langues. Sur le terrain, je dois me montrer plus régulier pour devenir un vrai cadre."
Un œil sur la Turquie à l’Euro
En raison peut-être de sa saison coupée en deux, Berkan Kutlu a manqué la liste finale pour l’Euro 2024. La Turquie effectuera son entrée en lice ce mardi à 18h00 contre la Géorgie. Avec le soutien à distance d’un supporter de toujours, qui aurait aimé être du voyage et qui n’a pas encore dit son dernier mot sur le plan international.