Lianel Gay, fan inconditionnel de l'équipe de Suisse : "On peut rêver d'aller au bout"

"Je suis déjà tendu, c'est difficile de se concentrer au travail cette semaine", souffle Lianel Gay, supporter ultra-fidèle de l'équipe nationale. "Voir la Suisse atteindre un tel niveau dans un grand tournoi n'arrive pas tous les jours. Je me réjouis fortement d'être samedi et de vivre ce match." Si Granit Xhaka, le recordman du nombre de sélections, vivra à cette occasion sa 130^ème apparition sous le maillot rouge à croix blanche, le fan martignerain assistera pour sa part à sa…164^ème rencontre depuis les tribunes. "Je peux déjà dire qu'elle fera partie des plus marquantes. Une telle affiche, c'est ce que tout supporter suisse rêve de vivre."

Depuis qu'il a assisté à son tout premier match, un succès 4-1 face à la Géorgie en septembre 2002, Lianel Gay n'a manqué aucune phase finale d'un grand tournoi. "Mais j'étais aussi de la partie lors de rendez-vous moins prestigieux, à Gibraltar, aux Iles Féroé ou en Hongrie face à Israël l'automne passé par exemple."  S'il affirme que le succès de samedi dernier face à l'Italie est entré directement dans le top 3 de ses meilleurs souvenirs, le Valaisan ne le cache pas : il sera très difficile d'égaler un jour les émotions vécues face à la France le 28 juin 2021. "Il suffit de se rappeler du scénario et de l'adversaire, ce voisin qu'on adore détester, pour comprendre à quel point l'intensité du moment était forte. Mais même sans une telle dramaturgie, accéder aux demi-finales serait juste incroyable et après…tout est possible! Si nous avions dit que nous pouvions gagner l'Euro au début du tournoi, on se serait moqué de nous. Aujourd'hui pourtant, on peut rêver d'aller au bout."

Si Lianel Gay est un supporter inconditionnel, dans le malheur ou la gloire, aurait-il lui-même misé une pièce sur un tel parcours de Xhaka et consorts? "Mon cœur aurait eu envie d'y croire mais la raison m'aurait incité à la prudence", sourit-il. "Au vu de nos prestations lors des éliminatoires, passer le 1^er tour aurait déjà été une bonne chose. Notre début de tournoi et le niveau affiché par les prétendus favoris montrent cependant que nous n'avons rien à leur envier. Nous serons peut-être même favoris contre l'Angleterre." Un avis partagé par le capitaine du FC Sion Reto Ziegler.

Ces derniers mois, un homme a suscité le débat chez les suiveurs de l'équipe nationale : le sélectionneur Murat Yakin. Décrié durant l'automne au point d'être remis en cause, le Bâlois est aujourd'hui adulé pour les nombreux choix payants qu'il a opéré depuis deux semaines et demi. "C'est vrai qu'à la fin des éliminatoires, on s'est demandé pourquoi il restait aux commandes de l'équipe", concède Lianel Gay. "Nous avons maintenant la réponse. Ce qui est marrant, c'est de voir le nombre de personnes qui ont retourné leur veste le concernant. Tout le monde le critiquait il y a quelques mois et désormais, tout le monde l'applaudit lorsqu'il vient nous saluer avant les matches. Je pense que l'arrivée de Giorgio Contini (ndlr : nouvel assistant) a fait beaucoup de bien. Sans compter que les joueurs ont probablement changé de mentalité au moment où débutait cet Euro."

Un Euro que Lianel Gay a donc déjà vécu en bonne partie sur place. "Tout est très bien organisé, on sent que l'Allemagne est un vrai pays de foot", raconte-t-il. "L'ambiance est incomparable avec la Coupe du Monde au Qatar ou le dernier Euro durant lequel nous enchaînions les voyages. La proximité avec la Suisse permet à de nombreux supporters de se déplacer et de créer une atmosphère fantastique dans les stades." Si les trains allemands et leur ponctualité toute relative ont fait coulé beaucoup d'encre ces dernières semaines, le Martignerain affirme s'en être pour sa part plutôt bien tiré.

Si Cologne et Francfort étaient des destinations connues depuis début décembre et le tirage au sort du tour préliminaire, les supporters n'ont eu que quelques jours pour préparer leurs voyages à destination de Berlin lors du 1/8^ème face à l'Italie et Düsseldorf ce samedi. "C'est un défi supplémentaire, mais avec 164 matches au compteur, je commence à avoir de l'expérience", se marre Lianel Gay. "Je deviens presque une agence de voyages à moi tout seul. Cela fait plusieurs années que j'organise les déplacements pour un petit groupe de Valaisans. Il faut savoir être au taquet dès la qualification pour le tour suivant obtenue. Nous sommes beaucoup à être sur notre portable pour réserver le train et les prochains hébergements depuis la tribune, juste après le coup de sifflet final."

Connu des supporters suisses, membre de la Schweizer Fankurve, Lianel Gay a été passablement sollicité en début de semaine. Au point d'avoir à poster un message sur son compte Facebook pour expliquer qu'il n'avait pas de billet supplémentaire à revendre. "Certains croient que je suis maqué avec l'ASF alors que paie simplement une cotisation annuelle qui me garantit d'avoir un ticket pour chaque match. Je n'ai qu'un conseil à donner à ceux qui n'aurait pas pu avoir leur sésame : suivez l'équipe de manière plus assidue, même lorsque les résultats sont moins bons et inscrivez-vous au Fan's Club avant les prochains grands tournois!"

Après avoir fait son maximum pour se consacrer sur son quotidien de courtier indépendant durant la semaine, Lianel Gay mettra le cap sur Düsseldorf vendredi déjà. "Dans la mesure du possible, je fais toujours en sorte de partir la veille du match. J'ai trop peur d'avoir un souci et de ne pas arriver à temps au stade en voyageant le jour J." S'est-il déjà penché sur un potentiel périple vers Dortmund où la Suisse disputerait sa demi-finale mercredi prochain en cas de succès face aux Anglais? "J'ai pris quelques petites bribes d'infos sur internet, mais c'est exclu que je fasse la moindre pré-réservation. Je ne veux surtout pas être le chat noir! Gardons les pieds sur terre et focalisons-nous sur l'Angleterre qui n'est quand même pas n'importe qui. Nous préparerons la suite en temps voulu."