Grâce au FC Sion, Kreshnik Hajrizi est passé du statut d'indésirable à rêver d'une Coupe du Monde
Titulaire indiscutable depuis son arrivée au FC Sion en janvier, Kreshnik Hajrizi a retrouvé la confiance qui lui avait manqué durant un automne 2024 compliqué en Pologne. De quoi lui permettre de renouer avec l'équipe nationale du Kosovo et prétendre à un voyage outre-Atlantique l'été prochain.

Le 4 décembre 2024, Kreshnik Hajrizi s'asseyait pour la dernière fois sur un banc des remplaçants polonais. Il assistait, impuissant, à la défaite 1-0 de son club du Widzew Lodz en huitièmes de finale de Coupe nationale face au Korona Kielce. Le 13 octobre dernier, il muselait une attaque à plus de…200 millions. Intraitable face à Alexander Isak et Viktor Gyökeres, il contribuait largement au succès 1-0 obtenu par le Kosovo sur le terrain de la Suède.
Si la situation a radicalement changé pour le Sierrois entre ces deux dates, il le doit à une troisième : celle du 15 janvier 2025. Ce jour-là, il rejoignait le FC Sion, sous la forme d'un prêt logiquement transformé en engagement définitif au terme du printemps. "C'est le meilleur choix que je pouvais faire", affirme-t-il sans hésiter. "L'oxygène qui me manquait en Pologne, je l'ai retrouvé ici, auprès de ma famille et surtout sur ce rectangle vert que je ne voyais plus."
Associé à un partenaire qu'il connaît par coeur
À peine arrivé à Tourbillon, l'ancien du FC Lugano s'est rapidement imposé comme un pion essentiel du dispositif de Didier Tholot. Au cours du printemps, son partenaire en charnière centrale a connu plusieurs noms différents : de Federico Barba à Noé Sow en passant par Gora Diouf ou Reto Ziegler. Cette saison, il n'a été associé qu'à un seul homme : un certain Jan Kronig. "Je connais par cœur ses moindres faits et gestes", se marre-t-il, confirmant au passage les propos tenus la semaine dernière par son compère haut-valaisan. Les deux hommes ont grandi ensemble dans le passé au sein du secteur formation de Young Boys. "Parfois, nous n'avons même pas besoin de communiquer pour nous comprendre. Je suis très content qu'il soit parvenu à se faire sa place. Nous sommes en train de montrer à toute la Suisse que nous sommes une paire solide. À nous de continuer sur cette lancée."
Didier Tholot lui-même tient à saluer les prestations convaincantes de ses deux protégés. "Jan et Kresh' envoient un très beau message aux plus jeunes. Il y a un an, que ce soit chez nous ou en Pologne, ils ne jouaient pratiquement pas et aujourd'hui, ils composent l'une des meilleures défenses du championnat. Ils le doivent à leur travail." En plus d'être très proches, sur le terrain comme en dehors, les deux hommes partagent les mêmes racines valaisannes. "Nous savons plus que beaucoup de nos coéquipiers ce que représente le fait de porter ce maillot. Nous connaissons l'amour que les gens portent à notre club et que nous devons absolument rendre par nos performances sur le terrain."
Une première sélection en deux ans
En retrouvant la confiance grâce au FC Sion, Kreshnik Hajrizi a donc pu renouer avec l'équipe nationale il y a deux semaines. Sa dernière sélection avec le Kosovo remontait au mois de novembre 2023 et une apparition de trois minutes en toute fin d'une rencontre soldée par un match nul 1-1 face à…la Suisse à Bâle. "Je ne me suis pas posé de question au moment de rejoindre le groupe. Je me suis dit que je n'avais rien à prouver à personne et qu'il fallait simplement que je répète ce que je fais de bien en club." Laissé sur le banc lors du nul 0-0 face à la Slovénie, le Sierrois a donc participé à l'ensemble de la rencontre remportée trois jours plus tard face à la Suède à Solna. "Rien que d'en parler me donne les frissons. Il y avait énormément de supporters du Kosovo. Impossible de ne pas ressentir que nous avions tout un pays derrière nous. L'envie de jouer est énorme dans ce genre de matches."
Le défi proposé au numéro 28 de Tourbillon était pourtant énorme : museler deux buteurs qui ont vidé (en partie) le compte en banque du club qu'ils ont rejoint cet été, Liverpool pour Isak et Arsenal pour Gyökeres. "Je vais être honnête avec vous, j'en ai rêvé durant plusieurs nuits. À partir du moment où le sélectionneur m'a dit que j'allais jouer, je n'ai dormi que d'un œil. J'ai évité de trop parler à mon entourage, car je ne voulais pas que chacun y aille de son propre conseil et que ça me perturbe. Je n'avais qu'un objectif : rendre au coach la confiance qu'il m'accordait. Je crois y être parvenu et surtout, je suis très content d'avoir permis à l'équipe de gagner. C'était le plus important."
La Coupe du Monde, ce rêve inaccessible qui se rapproche
Ce match en Suède désormais derrière, Kreshnik Hajrizi n'a pas arrêté de rêver pour autant. Bien au contraire. Désormais, ses pensées l'emmènent de l'autre côté de l'Atlantique, où le Kosovo pourrait disputer la première Coupe du Monde de son histoire l'été prochain. "Ce rêve me semblait inaccessible il n'y a pas si longtemps. Il était très loin et il commence à se rapprocher." Sa concrétisation pourrait bien passer par une finale face à la Suisse le 18 novembre à Prishtina. "On connaît la qualité de la Suisse et on l'a bien vu lors du match aller (ndlr : 4-0 pour la Nati en septembre à Bâle). Ce sera forcément une rencontre importante et particulière en raison des nombreux joueurs qui ont le double passeport. Les deux pays se respectent énormément, mais j'espère que le résultat sera en notre faveur."
En attendant cette future échéance internationale, Kreshnik Hajrizi sait que du lourd attend le FC Sion ces prochains jours. À commencer par ce match au sommet inattendu face au surprenant néo-promu et leader Thoune samedi à Tourbillon. "Cette rencontre doit nous permettre de mettre fin à deux séries négatives. Celle en cours à domicile (ndlr: trois sorties sans succès) et celle contre Thoune qui date de la saison en Challenge League (ndlr : les Valaisans s'étaient inclinés à trois reprises pour un nul). Mes coéquipiers qui étaient déjà là il y a deux ans m'ont parlé de ce souvenir qu'ils veulent effacer. Pour y parvenir, nous devrons nous présenter sur le terrain comme des guerriers, encore plus que ce n'est le cas depuis le début de la saison."
Une semaine importante à défaut d'être décisive
Avant de retrouver le même adversaire dans une semaine dans l'Oberland bernois, les Sédunois enchaîneront par la réception du FC Saint-Gall mardi, une autre équipe en forme depuis l'entame du championnat. "La saison étant encore longue, cette semaine ne sera pas décisive", estime le défenseur. "En revanche, elle sera évidemment importante. Ces deux équipes tournent bien, mais Tourbillon est notre maison. Nous devons faire en sorte qu'ils ne s'y sentent pas à l'aise."
Absence prolongée pour Benjamin Kololli
Les conditions météos de cette fin de semaine ont poussé le FC Sion à s'exiler jeudi et vendredi. Didier Tholot et ses hommes ont d'abord trouvé refuge sur le terrain du FC Riddes avant de prendre la direction de Saillon pour l'entraînement de veille de match. "Nous avons dû voyager, mais l'équipe s'est montrée sérieuse et appliquée. Nous avons fait une bonne semaine malgré tout", assure le technicien tricolore. Seule mauvaise nouvelle des derniers jours : l'absence de Benjamin Kololli, appelée à se prolonger. "Ses douleurs au mollet se sont aggravées mercredi. Je pense qu'on l'a perdu pour au moins trois semaines." Théo Bouchlarhem purgera quant à lui son deuxième match de suspension samedi. Il sera à nouveau à disposition trois jours plus tard contre Saint-Gall.
