Fin de l'ère Michel Huser à Hélios Basket: retour sur 50 ans d'un investissement hors pair
Emblématique président d'Hélios Basket, Michel Huser revient sur ses cinquante années de mandat à la tête du club vétrozain. Un duo féminin lui succédera à partir du 1er juillet prochain.

Depuis plus de 50 ans, il s'investit sans compter et le week-end dernier n'a pas failli à la règle. Comme un symbole, Michel Huser n'a pas eu le temps de prendre conscience de ce qui était en train de se passer. De la préparation de la dernière journée de la saison régulière face aux Tessinoises de Riva samedi à l'organisation d'un tournoi juniors dimanche, en passant par le repas de clôture de la saison, l'emblématique président d'Hélios Basket était au four et au moulin. "J'ai attendu lundi pour réaliser qu'une page se tournait", avoue-t-il en souriant.
Désigné volontaire à la fondation du club
Plus qu'une page qui se tourne, c'est tout un livre qui est en passe de se refermer. Celui qui raconte l'histoire d'un homme indissociable de son club. Voilà plus d'un demi-siècle, Michel Huser donnait vie au basket à Vétroz. "Notre volonté était de développer ce sport au sein d'un village plutôt que de tout centraliser dans les villes", se remémore-t-il en citant les noms d'Albert Claivoz, Philippe Fardel et d'autres copains, vétrozains ou contheysans, présents au tout début de l'aventure. "À l'époque, je jouais moi-même. Nous avions du plaisir à nous retrouver sur le terrain. Parmi cette bande de potes, il fallait que quelqu'un se dévoue pour assumer la responsabilité de la fondation du club. Comme j'étais un administratif, j'ai été désigné volontaire par mes amis. Il faut dire que j'avais déjà présidé le club de Sion dans les années précédentes. J'ai volontiers accepté de remplir cette fonction."
Alors au tout début de la vingtaine, le jeune Michel Huser ne se doute pas que cinquante plus tard, il sera toujours là. Toujours debout. Toujours aux manettes. "Je m'étais simplement engagé pour fonder le club. Jamais, je n'aurais pensé rester en poste aussi longtemps." Aujourd'hui âgé de 73 ans, un mot lui suffit à expliquer son impressionnante longévité. "La passion avant tout. Le fait que mes deux jumelles aient joué au basket a également contribué à me faire poursuivre l'expérience."
Dix-sept titres en sept saisons
À sa création en 1972, Hélios est donc un club masculin. "Nous avons rapidement créé une section féminine à Vétroz, puis une deuxième équipe a vu le jour à Conthey. Pendant un certain temps, nous avons avancé conjointement sur les tableaux masculin et féminin. Dans les années 80, notre équipe masculine a notamment accueilli l'Américain Sheldon Parker avec lequel nous avons remporté notre premier titre de 2ème ligue." Si les hommes ont été les premiers à apporter du succès à la formation des Coteaux du Soleil, ce sont les dames qui vont lui permettre d'écrire ses plus belles lettres de noblesse trois décennies plus tard. À la clé, dix-sept titres (championnat, Coupe et Coupe de la Ligue réunis) remportés entre 2011 et 2017 sous les ordres de l'entraîneur Erik Lehmann. "Depuis son départ du club il y a sept ans, nous avons gardé une profonde amitié. D'ailleurs, il était présent avec son épouse samedi pour assister à mon dernier match en tant que président."
Un parquet importé de France pour jouer l'Europe
La période de domination d'Hélios sur le basket féminin helvétique a également permis à Michel Huser de se frotter à la Coupe d'Europe. Une expérience dont il dit garder de bons souvenirs sur le plan sportif, de moins bons aux niveaux administratif et financier.
L'hégémonie vétrozaine a pris fin à l'été 2017, au moment où Erik Lehmann décidait de quitter la Salle de Bresse pour rejoindre la Fédération. Depuis lors, c'est Elfic Fribourg qui fait office de mastodonte. "Le basket est fait de cycles. Après ces années à succès, nous avons décidé de changer de politique. Depuis quelques années, nous misons avant tout sur nos jeunes joueuses. Ces dernières doivent encore prendre de la bouteille pour nous permettre de retrouver un top niveau et jouer à nouveau les premiers rôles."
Michel Huser l'a déjà évoqué à plusieurs reprises. Son rêve était qu'Hélios renoue avec son glorieux passé pour fêter dignement son 50ème anniversaire. Malheureusement pour l'emblématique homme fort de la Salle de Bresse, sa dernière saison en tant que président aura aussi été l'une des plus difficiles à vivre. En cause: des résultats en berne et le départ groupé des trois joueuses américaines en plein championnat. "L'irrespect de ces filles pour le travail accompli par le comité aurait pu motiver ma décision de me retirer si celle-ci n'était pas prise bien avant. J'avais annoncé l'an dernier déjà que j'arrêterai. Je tenais à participer à l'organisation de notre 50ème anniversaire, c'est pourquoi j'ai attendu cette année pour passer le flambeau à deux personnes connues au sein du club."
Un binôme féminin pour prendre le relais
Si Michel Huser affirme humblement qu'il n'a pas été seul à tenir la barque durant son demi-siècle de mandat et qu'il tient à saluer le soutien précieux de ses "amis" pendant toutes ces années, son retrait laissera forcément un vide immense à la Salle de Bresse. Dès le 1er juillet prochain, il cèdera ce costume de président qui semblait lui coller à la peau à Carole Larmandieu-Pianzola, élue PLR au conseil général de Vétroz et employée au sein de la Banque Cantonale du Valais. Elle sera épaulée dans ses futures fonctions par Valérie Barbe, qui conservera quant à elle son rôle de vice-présidente. Soucieux d'assurer la meilleure transition possible, l'emblématique dirigeant se réjouit de pouvoir confier son bébé à deux personnes qu'il connaît bien.
S'il se prépare à faire un pas de retrait, Michel Huser ne sera jamais loin de la Salle de Bresse. Il restera le premier supporter de son club de toujours et un observateur attentif du basket féminin helvétique. "Une mouvance a entraîné un certain désintérêt pour notre sport ces dernières années", regrette-t-il. "Depuis son arrivée à la Fédération, Erik Lehmann (ndlr: l'ex-entraîneur d'Hélios est aujourd'hui le secrétaire général de Swiss Basket) semble toutefois avoir su s'entourer de personnes compétentes pour redonner du dynamisme au basket féminin. Je garde espoir qu'on retrouve rapidement un championnat à dix équipes plutôt que les huit actuelles. La SB League féminine ne doit plus vivre dans l'ombre de son homologue masculine."
Du haut de ses 73 ans, la passion de Michel Huser pour le basket est intacte, sinon plus forte encore qu'au début de sa vingtaine, lorsqu'il donnait naissance à Hélios. "Ce que vous pouvez me souhaiter pour l'avenir? Que le club poursuive sa route du mieux possible. Je vais également tenter de profiter différemment de ma retraite durant les années qui restent devant moi", conclut dans un sourire celui qui, en 50 ans, se sera forgé le palmarès le plus fourni pour un dirigeant de club valaisan.
