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Fernand Luisier, ancien capitaine emblématique du FC Sion: «Je ne pige pas cette relégation»

Fernand Luisier est une figure emblématique du FC Sion dont il a porté les couleurs à 378 reprises en seize saisons. À bientôt 75 ans, l’ancien capitaine aux trois Coupes de Suisse remportées, revient sur la relégation de son club de cœur en Challenge League.

Christophe Moreillon
Christophe Moreillon, Rédaction Rhône FM
08 juin 2023, 08:00
Fernand Luisier
Fernand Luisier ©Rhône FM

«Je ne pensais plus faire d’interview. Je suis un ancien de chez ancien moi.» Ça tombe bien, c’est justement pour ça que nous avons décidé de téléphoner à Fernand Luisier. Nous sommes lundi, veille du barrage retour entre le Stade Lausanne Ouchy et le FC Sion. L’idée de notre appel est simple: convenir d’un rendez-vous avec celui qui était le capitaine sédunois durant de nombreuses saisons - entre la fin des années 60 et le début des années 80 - pour revenir sur le maintien ou la relégation du club valaisan. «Ah non, je te le dis, c’est pas possible qu’on tombe contre cette équipe-là.»

«On a eu des problèmes toute la saison et maintenant, on doit en payer les conséquences…» Fernand Luisier

La suite, on la connaît pourtant. Lorsqu’il nous accueille dans son garage transformé en petit musée dédié au ballon rond mercredi, le Saillonain de bientôt 75 ans peine toujours à croire à l’issue de la veille à la Pontaise. «J’ai très mal vécu cette soirée», reconnaît-il. «Perdre avec le contingent et les moyens qu’on a contre une formation qui évoluait encore en 2ème ligue inter il n’y a pas si longtemps, je ne pige pas. On a eu des problèmes toute la saison et maintenant, on doit en payer les conséquences…»

De vains espoirs de vivre un exercice positif

Le FC Sion relégué en Challenge League, cette réalité est d’autant plus difficile à accepter pour Fernand Luisier qu’il nourrissait – à l’instar de nombreux amoureux du club sédunois – de réels espoirs de vivre un exercice bien plus positif. «J’avais pronostiqué qu’on finirait entre la 5ème et la 6ème place. J’y croyais vraiment. Je me répète mais avec l’effectif que l’on a, on devait être capable de se battre avec les premiers. Je peine à expliquer les raisons qui nous ont conduit où on en est aujourd’hui. Les changements d’entraîneur y ont forcément contribué. L’absence de collectif également. L’absence de Valaisans sur le terrain peut-être aussi…»

«Je n’ai pas l’impression que les jeunes d’aujourd’hui aient la volonté de faire les efforts nécessaires pour jouer au plus haut niveau.»Fernand Luisier

Ces derniers mots nous rappellent les propos tenus début mars par Alvaro Lopez, un autre ancien de la maison sédunoise. Il nous disait alors que «le caractère valaisan n’existe plus au FC Sion». Un constat que ne partage qu’à moitié Fernand Luisier. «Disons que pour que ce caractère revienne, il faut que des jeunes poussent la porte de la première équipe. Le problème, c’est que je n’ai pas l’impression que les jeunes d’aujourd’hui aient la volonté de faire les efforts nécessaires pour jouer au plus haut niveau. Le FC Sion doit être un tremplin comme il l’a été pour plusieurs mecs de mon époque. Mais pour que ce soit le cas, il faut que ses jeunes soient prêts à se montrer lorsqu’ils en ont l’occasion.»

Quand rien ne va, rien ne va

Reste que valaisans ou non, les joueurs de l’équipe actuelle n’ont jamais véritablement prouvé qu’ils avaient envie de se faire mal et de se révolter lorsque les événements tournaient en leur défaveur. «C’est frustrant de voir ça depuis les tribunes», reconnaît l’ex-attaquant aux 71 buts inscrits sous le maillot rouge et blanc. «Je tiens toutefois à apporter une nuance par rapport à mon expérience des luttes contre la relégation. J’en ai aussi vécu quelques-unes à mon époque. Ma première saison s’est d’ailleurs terminée par la première chute du club en 1969. Parfois dans ces moments-là, il n’y a vraiment rien qui va. Même si tu essaies de crocher sur le terrain, même si tu as ce caractère valaisan, tu ne t’en sors pas.»  

«Avec l’arrivée de Balotelli, nous nous sommes peut-être vus trop beaux, trop forts…» Fernand Luisier

Lorsqu’on tente de lui demander à qui incombe en priorité la responsabilité de ce cuisant échec sportif, Fernand Luisier ne peut s’empêcher de soupirer. «Tout le monde est responsable. Avec l’arrivée de Balotelli, nous nous sommes peut-être vus trop beaux, trop forts…À partir de là, plus personne n’a fait les efforts nécessaires pour que la mayonnaise prenne vraiment.» S’il cite Mario Balotelli, le vainqueur des Coupes de Suisse 1974, 1980 et 1982 refuse de tirer sur celui qui est pointé du doigt par beaucoup. «Malheureusement, il ne s’est jamais acclimaté chez nous. On voyait bien que le mec n’était pas dans son assiette mais je ne peux pas dire pourquoi. Peut-être qu’on ne l’a simplement pas assez bien entouré. Tu penses que c’est facile d’arriver ici quand tu as joué dans de très grands clubs? Ce qui est certain, c’est que sa présence a perturbé ses coéquipiers dans leur tête. Mais si nous en sommes là aujourd’hui, ce n’est pas uniquement de la faute de Balotelli.»

Un collectif à (re)construire

Si une chose est aujourd’hui certaine, c’est que l’on ne reverra plus l’attaquant italien sous les couleurs du FC Sion. Les semaines à venir s’annoncent d’ailleurs bien chargées avec un effectif qu’il faudra probablement reconstruire aux trois quarts avant de se lancer dans ce championnat de Challenge League que le FC Sion avait quitté il y a dix-sept ans. «Il va falloir former une équipe avec des joueurs d’expérience qui veulent crocher et mettre des jeunes autour», affirme Fernand Luisier. «Ce ne sera pas une ligue facile. On l’a bien vu avec Xamax cette année (ndlr: le club neuchâtelois a évité la relégation lors du barrage face à Rapperswil-Jona, pensionnaire de Promotion League). Il y aura Thoune, il y aura Aarau, des équipes difficiles à jouer. Mais j’ai confiance. On va repartir avec un collectif qui tient la route.»

«Il vaut mieux accepter la situation telle qu’elle est. Yverdon a fait un très bon championnat et mérite de monter.» Fernand Luisier

L’ancien footballeur-vigneron se veut donc résolument positif quant à l’avenir de son club de cœur. Reste à savoir de quoi le président Christian Constantion souhaite justement faire cet avenir. Le boss de Tourbillon clame à la fois sa volonté de se retirer du football professionnel l’an prochain et son intention de se battre devant les tribunaux contre l’octroi de la licence à Yverdon Sports, champion de Challenge League dont le stade ne correspondrait pas encore totalement aux normes de l’élite. «Christian n’aurait jamais dû annoncer aussi vite qu’il comptait partir mais bon, c’est son style. Quant à cette possible bataille devant les tribunaux, je suis d’avis qu’il vaudrait mieux accepter la situation telle qu’elle est si on ne veut pas encore plus se mettre à dos tout le football suisse. Yverdon a fait un très bon championnat et il mérite sa montée.»

CM
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