FC Sion: pourquoi l'affluence de Tourbillon a diminué de 60% cette saison
60% de baisse. Le chiffre est impressionnant et sans appel. Depuis le début de la saison (et la fin du huis clos), le public boude les matches du FC Sion à Tourbillon. Éléments d'explication.

Le FC Sion accueille ce jeudi soir à Tourbillon le FC Lucerne pour le compte de la 7e journée de championnat. Une réaction des Valaisans est attendue après la gifle 4-0 reçue samedi en Coupe de Suisse face au Stade Lausanne Ouchy.
Mais combien de supporters seront présents au stade pour soutenir les hommes de Marco Walker ? La question se pose puisque depuis le début de la saison – qui correspond à la fin du huis clos – l’affluence moyenne a chuté de 60%. Sur les trois premières rencontres, elle s’élève à 4'000 personnes, contre 10'000 sur les trois premières rencontres des trois saisons précédant la pandémie. Nous avons tenté de savoir pourquoi.
A cette fin, nous avons effectué un sondage sur nos réseaux sociaux. Petit florilège parmi la centaine de réponses reçue.
Les résultats de ce sondage ont été soumis à Massimo Cosentino. Le directeur général du FC Sion regrette tout d’abord cette situation. «Nous ne sommes évidemment pas satisfaits de ces affluences. On veut revoir notre public avec qui nous entretenons une sorte de relation amoureuse. On doit se retrouver et recommencer à se fréquenter.»
Au moment de l’analyse, le dirigeant sédunois pointe également du doigt l’obligation de présenter le certificat COVID. Cela dit, elle est en vigueur dans tous les stades de Suisse et aucune autre formation de Super League n’enregistre une chute de fréquentation aussi vertigineuse (-60%) . Le FC Lucerne par exemple, dont la capacité du stade et la moyenne de spectateurs par match avant la pandémie (9200) sont similaires à celles du club valaisan, n’a connu aucune baisse cette saison. L’explication est donc ailleurs.
Saison 2021/2022
1e match, 25 juillet, Sion-Servette (1-2) : 4'000 spectateurs (di 16h30)
2e match, 7 août, Sion-YB (1-0): 4'500 spectateurs (sa 18h)
3e match, 28 août, Sion-Lugano (3-2): 3'500 spectateurs (sa 20h30)
Saison 2019/2020
1e match, 21 juillet, Sion-Bâle (1-4) : 11'000 spectateurs (ve 20h)
2e match, 3 août, Sion-ZH (3-1) : 9'800 spectateurs (sa 19h)
3e match, 25 août, Sion-Lucerne (2-1) : 9'300 spectateurs (di 16h)
Saison 2018/2019
1e match, 22 juillet, Sion-Lugano (1-2) : 8'300 spectateurs (di 16h)
2e match, 5 août, Sion-Xamax (3-0): 10'800 spectateurs (di 16h)
3e match, 1e septembre, Sion-YB (0-3) : 10'800 spectateurs (sa 19h)
Saison 2017/2018
1e match, 20 août, Sion-Lucerne (1-1): 9'000 spectateurs (di 16h)
2e match, 27 août, Sion-Bâle (1-1): 10'900 spectateurs (di 16h)
3e match, 24 septembre, Sion-YB (0-1) : 10'500 spectateurs (di 16h)
Les résultats sportifs entrent évidemment en compte. «Ceux de ces dernières années n’ont pas été à la hauteur», reconnaît Massimo Cosentino. «Je me mets dans la peau de l’un de nos supporters. Au moment de souscrire à un abonnement, il y réfléchit à deux ou trois fois.»
Mais sur les trois saisons suivant la désillusion de la défaite en finale de Coupe en 2017, la fréquentation était stable. Ce n’est vraiment que cette année que la moyenne a baissé. Le ras-le-bol d’un scénario répétitif année après année l’influence certainement. Mais cet été, peut-être davantage que les autres saisons en raison de la réorganisation interne du FC Sion, les espoirs étaient grands. Et la première affiche à Tourbillon offrait un derby du Rhône face au meilleur ennemi servettien. Résultat: 4'000 spectateurs.
«Je dirais plutôt que ce choix du billet nominatif a un peu été imposé au FC Sion» Massimo Cosentino, directeur général du club valaisan
Reste le billet nominatif, introduit en juillet dernier. Une mesure décidée d’un commun accord entre le Canton, la ville de Sion et le club. «Je dirais plutôt que ce choix a un peu été imposé au FC Sion», corrige Massimo Cosentino. «Mais depuis que la mesure est effective, nous collaborons totalement, ce qui est tout à fait normal. Après, nos supporters nous manquent et ça ne nous fait pas du tout plaisir de voir le public diminuer. L'avoir de notre côté nous rapporte des points. Historiquement, venir à Tourbillon n’était facile pour personne.»
Pas de retour en arrière
Et le dirigeant de poursuivre: «On dialogue avec les supporters pour trouver des compromis. On discute aussi avec le Canton pour à nouveau autoriser les places debout. Donc petit à petit, on essaye de trouver une solution, même si ce n’est pas simple.» Par contre, le directeur général n’envisage pas un retour en arrière et la suppression du billet nominatif. Il regrette simplement que cette obligation «ne soit pas généralisée dans toute la Suisse. Dans cette situation, être les seuls à exiger le billet nominatif est vraiment compliqué».
«Je pense que le billet nominatif va devenir la norme dans toute la Suisse» Frédéric Favre, conseiller d’Etat valaisan en charge de la sécurité
Le souhait de Massimo Cosentino pourrait devenir réalité rapidement. C’est en tout cas ce qu’assure le conseiller d’Etat valaisan en charge de la sécurité Frédéric Favre: «Oui, je pense que ça va devenir la norme. Les commandants de police de Suisse appellent de leurs vœux l’entrée en vigueur des billets nominatifs et plusieurs autres cantons y réfléchissent.» Le ministre voit une fenêtre idéale pour cela. «Aujourd’hui, le COVID nous a forcé à devoir présenter une carte d’identité pour de multiples activités dans tout le pays. Il faut en profiter pour augmenter la sécurité à l’intérieur de nos stades.»
Questionné sur le sujet, Frédéric Favre précise encore que le retour des places debout n’est pas à l’ordre du jour pour le moment, mais «un point sur la situation sera effectué d’ici la fin de l’année». Il ajoute: «L’entrée en vigueur de ces billets nominatifs est un processus commencé avec la Ville et le club il y a deux ans. Si une personne veut supporter le FC Sion, cela ne me semble pas insurmontable de devoir donner son nom et prénom. C’est d’ailleurs déjà le cas lorsqu’on souscrit à un abonnement. Et je reste persuadé que des résultats positifs du club feront revenir les vrais supporters au stade.»
Le Gradin Nord réagit
Hasard du calendrier, les groupes du Gradin Nord - qui se mobiliseront jeudi soir en organisant un cortège entre la Planta et Tourbillon, sans y rentrer - ont communiqué ce mercredi par rapport à cela. Ils déclarent que «non content d’avoir vu des stades vides durant des mois, le conseiller d’État Frédéric Favre a choisi de taper fort en s’attaquant aux supporters et précisément à ceux qui soutiennent le club de manière acharnée. Un billet nominatif avec une volonté d’avoir des stades assis et totalement aseptisés va totalement à l’encontre de nos valeurs et de notre vision du supportérisme. Nous n’allons pas au stade comme au théâtre ou au cinéma. Les supporters sont des acteurs essentiels d’un match de foot. (…) Dans ces conditions et avec le cœur lourd, un retour à Tourbillon ne peut être envisagé.». Le dialogue espéré par Massimo Cosentino s’annonce difficile.
Parmi les réponses à notre sondage, plusieurs messages évoquaient un prix des billets trop élevé à Tourbillon. Le billet d’entrée le moins cher pour un adulte (Gradin Nord) est à 25 francs. Pour l’abonnement, il s’élève à 270 francs. Des prix similaires à ceux pratiqués au Wankdorf de Berne. A titre de comparaison, dans la toute nouvelle Tuilière à Lausanne, le billet est à 20 francs et l’abonnement à 260 francs. A Genève, Servette propose le billet à 20 francs et l’abonnement à 290 francs. Écoutez la réponse de Massimo Cosentino, directeur général du FC Sion, à ce propos :
