Fabio Grosso: «Si l’on ne pense qu’aux difficultés, on ne trouvera jamais de solutions»
Depuis qu'il a partagé l'enjeu avec le Lausanne-Sport dans le derby le 18 octobre à Tourbillon (0-0), le FC Sion n'a plus joué en championnat. Confrontés entre-temps à la pandémie, les Valaisans retrouveront - enfin - la compétition dimanche en accueillant Zurich. L'occasion pour nous de faire le point avec leur entraîneur Fabio Grosso. Interview.

Fabio Grosso, tout d'abord, comment allez-vous après les semaines particulières que vous venez de vivre?
Je vais être honnête, ce n’était pas facile. Mais bon, maintenant on est heureux car on est de retour sur le terrain et ça tombe bien puisque c’est ce que l’on sait faire de mieux.
Vous avez vous-même été testé positif et vous vous êtes retrouvé confiné dans votre chambre d’hôtel à Martigny. Comment avez-vous occupé vos journées?
Disons que j’ai eu le temps d’analyser ce qui avait été bien ou moins bien fait lors des premiers matches. J’ai vraiment axé mon travail là-dessus comme je ne pouvais pas faire grand-chose d’autre. Après, c’est sûr que je suis un homme de terrain donc c’était compliqué de devoir resté enfermé. Mais bon, je suis aussi quelqu’un qui préfère toujours voir ce qui est positif donc là, le positif c’est que l’on est de retour aux affaires et que l’on va maintenant enchaîner les matches.
Vous le dites, vous avez eu le temps de repenser au début d’exercice de votre équipe. Vous êtes maintenant au clair sur ce que vous voulez mettre en place avec vos joueurs?
Oui mais je l’étais déjà avant cette pause forcée. On sait depuis le début où on veut aller cette saison et comment on veut y arriver. On veut vraiment faire un bon championnat et on a les moyens d’y parvenir. On a un premier match dimanche qui ne sera pas facile mais que l’on est tout à fait capable de remporter.
«La technologie nous a beaucoup aidé pour garder le contact avec les joueurs»Fabio Grosso - Entraîneur du FC Sion
Éloigné des terrains durant près de trois semaines, vous l’avez donc aussi été de vos joueurs. Comment avez-vous entretenu le contact avec eux durant cette période particulière?
La technologie nous a beaucoup aidé, heureusement! On était tous les jours en contact, les joueurs nous envoyaient des vidéos de ce qu’ils faisaient et on a ainsi pu bien suivre les conditions de chacun d’entre eux. C’était vraiment important pour nous et je crois que l’on a fait au mieux, au vu des conditions, pour être prêts physiquement à l’heure de la reprise.
Si on regarde le verre à moitié plein, on se dit que cette pause a peut-être aussi eu un aspect bénéfique pour vous. Elle a permis aux joueurs qui vous ont rejoint après le début du championnat de bien s’intégrer à l’équipe…
Peut-être mais je peux vous assurer que l’on aurait préféré ne pas avoir cette pause. Plusieurs joueurs sont malgré tout revenus en étant encore fatigués des suites de ce virus. Il faut donc essayer de les remettre dans le bain et il faudra faire les bons choix quant à qui on décidera d’aligner lors des prochaines rencontres.
Pour en revenir au début de saison du FC Sion, quatre matches, trois points, c’est évidemment trop peu. Mais d’un autre côté, il y a l’attitude de vos joueurs sur le terrain qui était plutôt bonne. Qu’est-ce que vous retenez en priorité?
Bon, regarder le classement à l’heure actuelle ça ne sert franchement à rien. On a joué un, deux ou même trois matches de moins que les autres. Ce que je retiens, c’est donc effectivement l’attitude que l’on a eu lors de chacune de nos sorties. Sur les quatre parties que l’on a jouées, on peut à chaque fois avoir des regrets de ne pas avoir pris plus de points. C’est vraiment là-dessus que l’on peut construire l’avenir.
Vous avez souvent changé de système de jeu jusqu’à présent. C’était pour mieux vous adapter à votre adversaire ou parce que vous n’aviez pas trouvé celui qui permette d’exploiter au maximum le potentiel de votre contingent?
Ecoutez, on a un groupe qui a connu passablement de changements cet été. Chaque joueur a ses propres caractéristiques et il faut donc savoir s’y adapter. Maintenant, la priorité reste de bien travailler en groupe pour être le plus solide possible. Que l’on soit en 4-3-3 en 4-2-3-1 ou dans n’importe quel autre système, de toute manière dès que l’arbitre siffle le coup d’envoi, les choses bougent.
«Depuis le début je dis à mes gars que l’ensemble du groupe est important, que chacun a un rôle à jouer et ce sera encore plus le cas dans ces semaines qui nous attendent.»Fabio Grosso - Entraîneur du FC Sion
Tout le paradoxe de cette année particulière, c’est qu’après un mois sans le moindre match, vous allez en disputer dix dans un laps de temps similaire. Il va falloir être capable de gérer tout ça…
C’est clair que ce ne sera pas quelque chose de facile mais il ne faudra en aucun cas utiliser cela comme une excuse. On a suffisamment de joueurs de qualité pour le faire même si l’on n’a pas forcément l’habitude d’enchaîner les semaines anglaises comme cela sera le cas jusqu’à Noël. Mais voilà, depuis le début je dis à mes gars que l’ensemble du groupe est important, que chacun a un rôle à jouer et ce sera encore plus le cas dans ces semaines qui nous attendent.
En tant que joueur, vous avez évolué dans quelques-uns des plus grands clubs d’Europe, vous avez connu les plus belles ambiances du continent. On imagine donc que l’atmosphère des huis-clos est d’autant plus bizarre pour vous…
Ce n’est vraiment pas terrible, c’est sûr. Maintenant voilà, on est à un moment difficile de notre vie et pour la santé de tous il faut faire attention. Il faut que chacun fasse les efforts nécessaires pour que l’on retrouve au plus vite la situation d’avant et que les supporters soient de retour dans les tribunes. Le vrai foot, c’est ça.
«On veut donner le sourire à nos supporters même en cette période compliquée pour tout le monde.»Fabio Grosso - Entraîneur du FC Sion
Cette absence du public, cela change réellement quelque chose à votre manière de jouer ou de coacher?
Écoutez, moi on m’a toujours dit que le FC Sion était connu pour l’ambiance de son stade. Malheureusement, depuis que je suis là, je n’ai pas eu la chance de connaître ça. Donc voilà, tout ce que l’on peut faire, c’est de donner notre maximum pour rendre fier notre public malgré tout. On veut donner le sourire à nos supporters même en cette période compliquée pour tout le monde.
Vous aurez donc une première occasion de faire plaisir à vos fans dimanche face à Zurich. Un adversaire qui, après avoir changé d’entraîneur, reste sur trois victoires consécutives. À quel match doit-on s’attendre du côté de Tourbillon?
À un match difficile comme je l’ai déjà dit. On joue contre une équipe qui joue bien, qui est pleine de confiance et qui va tout faire pour poursuivre sa lancée. Maintenant, on est chez nous donc il faudra montrer que l’on a vraiment envie de prendre ces trois points.
Trois points qui vous permettraient de lancer idéalement le marathon qui vous attend d’ici aux Fêtes de fin d’année…
Ce serait pas mal effectivement. À nous de livrer une grosse prestation pour y parvenir.
Ce match arrive à la fin d’une pause internationale. Plusieurs de vos joueurs étaient engagés avec leur sélection et sont revenus au compte-gouttes durant la semaine. Préparer une rencontre dans pareille situation, on imagine que ce n’est pas facile non plus pour l’entraîneur que vous êtes…
C’est une difficulté en plus mais vous savez, si l’on ne pense qu’aux difficultés on ne trouvera jamais de solutions. On a eu suffisamment de joueurs à l’entraînement ces derniers jours et on en a assez pour aborder au mieux cette venue de Zurich.
Trois mois après votre arrivée ici et si l’on fait exception de vos semaines de quarantaine, comment vous sentez-vous dans votre nouvelle vie en Valais?
Très bien. Je ne regrette en aucun cas d’être venu ici. On a les installations pour bien travailler et on a des joueurs qui sont prêts à faire tout ce qu’on leur demande. Alors oui, il y a eu cette période compliquée mais désormais c’est derrière nous et on a tout en main pour prendre un maximum de points et grimper au classement.
Justement, pour finir, que peut-on attendre de ce FC Sion 2020/2021, «votre» FC Sion?
C’est difficile de vous répondre aujourd’hui après le début de saison que l’on a vécu. Tout ce que je peux vous assurer, c’est que l’on va travailler fort pour faire la meilleure des saisons possibles. Parler de classement à la fin de la saison, on fera ça plus tard.
Arrivé cet été en Valais, Matteo Tosetti se réjouit de retrouver – enfin – la compétition ce dimanche. Après avoir «profité» de la quarantaine pour passer du temps avec sa fille, le milieu de terrain était heureux de revoir ses coéquipiers la semaine dernière : «En Valais, j’ai retrouvé le plaisir de venir travailler chaque jour que j’avais peu à peu perdu sur la fin à Thoune.» Et malgré la pause prolongée que son équipe a été contrainte d’observer, le numéro 23 l’assure : tout le monde est prêt physiquement à aborder le marathon qui attend les Sédunois d’ici à Noël. «On a profité de la pause internationale pour bien bosser et de toute manière, on a un contingent de qualité. Par rapport au match de dimanche, on sait que Zurich est en confiance mais nous, on aura beaucoup plus d’envie qu’eux donc on va les battre.» Voilà qui est dit. Rendez-vous dimanche pour savoir si Matteo Tosetti et ses coéquipiers tiendront parole.
