Fabio Celestini : «Le public peut pardonner, pas oublier. Prouvons-lui qu'on le mérite.»
Le FC Sion est de retour aux affaires. Après deux mois et demi de trêve, le club valaisan reçoit Lugano dimanche (14h15) pour la reprise du championnat. Avant cette rencontre, l'entraîneur Fabio Celestini fait le point sur la préparation, parle d'animation et évoque ses attentes pour ce printemps.

Malgré la neige tombée ces derniers jours et les températures frigorifiques annoncées, Tourbillon va reprendre vie ce dimanche dès 14h15. Le FC Sion y lancera alors son printemps par la réception du FC Lugano. L'occasion de lancer officiellement l'ère Fabio Celestini en Valais. Nommé durant la trêve à la place de Paolo Tramezzani, le technicien vaudois se livre sur la semaine passée en Espagne et sa vision du printemps sédunois. Interview.
Fabio Celestini, comment s’est déroulé le camp de préparation à Marbella?
Très bien. Les conditions étaient fantastiques. On a eu un terrain à disposition durant l’entièreté du séjour et ça nous a permis de modifier notre programme comme on le souhaitait. On a aussi disputé deux matches amicaux très intéressants. Dans l’ensemble c’était vraiment idéal, même si c’est un peu spécial, car normalement, on fait ce genre de préparation bien plus tôt dans la saison. Sur la fin du camp, on a limité notre charge de travail pour être au top de notre forme dimanche face à Lugano pour la reprise du championnat.
Avant d’aller en Espagne, vous nous aviez dit que l’un des objectifs principaux de ce camp serait de créer du lien, une vraie cohésion d’équipe. Est-ce-que vous avez réussi à le faire?
Plus que la cohésion d’équipe, c’était aussi l’opportunité pour moi de mettre un cadre clair, net et précis sur et en dehors du terrain. Selon moi, aucune équipe est capable de performer sans des règles définies. Il faut savoir où l’on veut aller et comment on veut y parvenir. Si on voulait y arriver tous ensemble, on avait besoin d’un peu plus de discipline et d'avoir des règles qui permettent à toute l’équipe de tirer à la même corde. Et pour ce qui est de la partie avec ballon, sur le terrain, on a fait ce qu’il y avait à faire. Pour moi, le plus intéressant sur ces cinq dernières semaines de préparation, c’est avant tout, ce qui s’est passé en dehors.
C'est à dire?
Ça, je le garde pour moi et pour le groupe (sourire).
«L’équipe ne fait pas encore tout ce que je veux mais jour après jour, mes joueurs assemblent quelques pièces du puzzle en plus.» Fabio Celestini
Vous avez disputé trois matches amicaux durant la préparation. L’opportunité d’essayer différents joueurs et différents systèmes. Qu’est-ce que vous en avez retiré?
Premièrement, on a pu faire une revue d’effectif importante contre des adversaires qui étaient physiquement très forts. On a eu des mi-temps qui étaient intéressantes avec une dernière victoire sans prendre de but pour clôturer la préparation (ndlr: 1-0 contre les Tchèques de Jablonec). Je pense qu’on a surtout observé une évolution au fil des semaines. Entre le premier et le dernier match amical, le groupe en a toujours mis un peu plus. C’est aussi une demande que j’avais et l’équipe a répondu présent. Évidemment, ça n’est pas parfait. L’équipe ne fait pas encore tout ce que je veux mais jour après jour, mes joueurs assemblent quelques pièces du puzzle en plus. Durant cette préparation, il y a aussi eu des performances individuelles qui m’ont permis d’avoir des indications supplémentaires pour le premier match de dimanche.
Du coup, vous avez en tête le système que vous souhaitez mettre en place contre Lugano?
Je n’ai pas un ou des systèmes, ça ne m’intéresse pas. Ce que je veux, ce sont des animations, savoir de la façon dont veut défendre ou attaquer et quelles zones du terrain on va utiliser et de quelle manière. De mon côté, c’est sur ce point que j’ai mis la priorité. L’équipe a déjà réussi à intégrer plusieurs de mes principes. Ce que j’aime faire, c’est donner un cadre général, mais ce que j’attends de mon groupe, c'est qu'il se l'approprie. Qu'il soit en mesure de faire des choses de lui-même à l’intérieur de ce cadre. Pour l’instant, on n’en est pas encore là. On est encore dans l’application des principes que je donne mais c’est entièrement normal dans le processus. J’espère simplement pouvoir compter sur la qualité des joueurs pour créer quelque chose à l’intérieur de ce cadre défini.
«J’ai une idée très claire de la façon dont on va jouer mais un peu plus floue des hommes que je vais aligner.» Fabio Celestini
Si on se penche sur l’effectif, avez-vous déjà une équipe type en tête pour ce dimanche et ces prochaines semaines ?
Non. Chaque semaine a son histoire, chaque semaine a son lot de surprises. Là par exemple, j’ai trois joueurs suspendus donc il y la possibilité pour certains d’intégrer le onze de base. Après, je vais récupérer les absents la semaine prochaine, donc ça changera peut-être la donne. Mais en même temps, Servette et Lugano ne jouent pas de la même façon. C’est pour ça que tout est ouvert, ça pourra changer d’une semaine à une autre. Ce que je demande à mes joueurs, c’est qu’ils soient prêts à rentrer à n’importe quel moment et que sur le terrain, ils donnent le 120 % pour aider l’équipe au maximum. Pour dimanche, j’ai ma petite idée, mais j’ai aussi quelques doutes. Je dirai que j’ai une idée très claire de la façon dont on va jouer mais un peu plus floue des hommes que je vais aligner.
Pour s’imposer face à Lugano, qu’est-ce qu’il faudra faire ?
Il faudra faire attention aux transitions. C’est une équipe qui vient chercher un peu plus haut qu’avant, qui est un peu moins défensive que dans le passé, mais elle garde tout de même son ADN. Les joueurs n’ont pas besoin de beaucoup d’occasions pour marquer. Ils sont très efficaces devant le but. Lors de leur dernier match de préparation, ils ont eu deux ballons en première mi-temps et ils ont mis deux goals. À nous de ne pas se faire piéger car on sait qu’ils peuvent marquer n'importe quand.
«Le public n'a pas oublié la défaite contre Saint-Gall puisque que ce résultat est une première et marque négativement l’histoire du club.» Fabio Celestini
Un mot sur le souvenir de la défaite 7-2 devant Saint-Gall à la mi-novembre. Selon vous, est-ce que c’est oublié? Est-ce que les joueurs ont pris un nouveau départ en changeant de coach?
Selon moi, c’est un peu comme dans la vie. On peut pardonner, mais oublier c’est difficile. Maintenant, il faut déjà qu’on arrive à se faire pardonner, mais jusqu’à présent, on n’en a pas encore eu l’occasion. Donc c’est clair que le public ne l’aura pas oublié, d’autant plus que ce résultat est une première et marque négativement l’histoire du club. Après, je pense que les supporters peuvent passer outre et pour y arriver, on devra leur prouver qu’on le mérite. Et ça commence sur le terrain, dimanche contre Lugano. Il faudra montrer au public qu’on va se battre pour les rendre fiers. Les résultats, on ne peut pas les garantir, mais par contre, l'état d'esprit oui. On peut et on va cravacher sur le terrain, peut importe le scénario.
Un mot sur l'état de forme de vos troupes?
Dans l’ensemble, on est relativement chanceux. Les joueurs ont fait une préparation optimale et le seul à l’infirmerie, c’est François Moubandje.
Et comment va-t-il ?
Il est encore un peu juste pour dimanche. On ne va prendre le moindre risque, d’autant plus que ça n’est pas sa première blessure de la saison. Même si à gauche c’est un peu compliqué avec la suspension de Baltazar, on fera avec, car après, on part pour six semaines. Reste à voir s’il sera rétabli pour Servette.
«Seulement deux victoires en un an à Tourbillon, c’est trop peu. On doit changer cela ! Il faut envoyer un message fort à toutes les équipes.» Fabio Celestini
Après un peu plus de deux mois de pause, est-ce qu’il sera difficile de reprendre la compétition ?
Lugano est dans la même situation que nous. Dans le football, on est les rois pour se trouver tout le temps des excuses pour n’importe quoi. Sauf que là, c’est pareil pour tout le monde. À nous d’en faire plus que Lugano dimanche. Et pour ça, il faut bien préparer la rencontre, vouloir les trois points et aborder ce match avec la bonne mentalité. En plus, cette rencontre est à domicile et faire seulement deux victoires en un an à Tourbillon, c’est trop peu. On doit changer cela! Il faut envoyer un message fort à toutes les équipes. Qu’elles sachent que pour venir s’imposer ici, il faudra livrer une performance de choix car nous, on sera là pour cravacher autant de temps qu’il faudra.
Dernière question, Heinz Lindner pourrait devenir papa dans les prochaines heures et manquer la rencontre face à Lugano. Est-ce que cela vous inquiète ?
Pas du tout. S’il est là, il jouera. Sinon, ce sera Kevin Fickentscher. Il a fait une très bonne préparation et j’ai entièrement confiance en lui. C’est un gardien de qualité qui n'est pas qu’un simple remplaçant. Il ne m'a pas facilité la tâche car il a livré une très bonne préparation. S'il venait à jouer, il est parfaitement au clair sur ce qu'il doit faire.
Chaque mercredi durant ce printemps, un membre du FC Sion vient nous trouver entre 8h30 et 9h00 dans Good Morning Valais. Ce 18 janvier, Fabio Celestini a ouvert les feux. Retrouvez son passage ci-dessous.
