Fabio Celestini: «À Genève, on doit voir un FC Sion qui sait où il va»

Battu sur le fil 3-2 par Lugano le week-end dernier à Tourbillon, le FC Sion se retrouve dans l’urgence de marquer des points. Sevré de victoires depuis six matches et plus de trois mois, le club valaisan doit s’imposer dimanche à Genève s’il entend pouvoir lorgner vers le haut du classement ce printemps. Avant ce premier derby dans le costume d’entraîneur de la formation sédunoise, Fabio Celestini se livre. Interview.

Fabio Celestini, avec quelques jours de recul, que retenez-vous du match perdu face à Lugano?
Des choses plutôt positives. Généralement, je suis sévère avec mon équipe à chaud, à la fin des parties. Cette fois, j’avais le sentiment qu’on avait livré un bon match et ça a été confirmé à la vidéo. J’ai vu des joueurs qui avaient de vraies intentions et qui dominaient leurs adversaires avec le ballon. Même si la possession était relativement équilibrée, ce qui est intéressant est de voir où le jeu s’est situé. À ce niveau, on voit bien qu’on était bien plus souvent dans le camp luganais que dans le nôtre. On a tiré dix-huit fois au but, on a bien digéré après avoir encaissé le 1-0 et le 2-1, on ne s’est pas liquéfié, on a continué à jouer… Physiquement, on a livré notre meilleur match de la saison avec celui face à Bâle à Tourbillon. Malgré le résultat, il y a pleins d’aspects positifs à garder.

Mais on ne peut pas oublier non plus ces nombreuses erreurs individuelles…
C’est vrai. On doit travailler dans la rigueur, la discipline, la performance,… Pas seulement le dimanche mais toute la semaine. Pas seulement individuellement mais collectivement. On a encore une grosse marge de progression sur ce point-là et le match de Lugano nous l’a bien montré.

«Une prestation individuelle insuffisante met immédiatement en danger tout le collectif.» Fabio Celestini

Cette défaite est personnifiée par un homme: Reto Ziegler qui est directement ou indirectement impliqué sur les trois buts tessinois. Preuve que désormais sa place est dans l’axe et plus sur le côté, non?
Dire que sa place est dans l’axe est absolument vrai mais les circonstances ont fait que sur ce match-là, j’ai dû l’employer sur le couloir. Passer au travers peut arriver à tout le monde. En revanche, on ne peut pas se permettre que ça arrive à tous les matches. Chacun est responsable de livrer une performance minimum pour le bien du collectif. Une prestation individuelle insuffisante met immédiatement en danger tout le collectif. C’est une question de discipline, d’exigence individuelle de faire une performance, même si elle n’est pas exceptionnelle. C’est là-dessus qu’on doit travailler. Les hauts et les bas sont trop nombreux et ils empoisonnent les résultats. Pointer du doigt Reto sur ce match-là est facile mais c’est un équilibre d’équipe qui doit être trouvé à chacune de nos sorties.

En tant qu’entraîneur vaudois, comment est-ce qu’on aborde un derby Servette-Sion?
(Rires) Écoutez, moi j’aime les derbys. Ça donne un petit truc en plus. Ce sera mon premier avec Sion à Servette donc je me réjouis. Mais au-delà de cette notion de derby, ce qui importe, c’est de performer. On en est au 18ème match de la saison. On atteint la moitié du championnat. On doit comprendre dans quelle situation on est et où on veut aller. Dimanche à Genève, on doit voir un FC Sion qui sait où il va et qui met de l’exigence pour y parvenir. Si on y arrive, on aura de bonnes chances de prendre les trois points et de faire un match référence.

«Il faut être plus intelligent dans la gestion des moments clés des rencontres. Les matches se jouent et se gagnent avec la tête.»Fabio Celestini

Face à Lugano, vous estimez que votre équipe a été punie pour avoir trop cherché à gagner à tout prix. Or, un derby ne se joue pas, il se gagne…
Oui mais chercher la victoire ne veut pas dire partir à huit devant quand il y a égalité à la 92ème. Il faut être plus intelligent dans la gestion des moments clés des rencontres. Après, je ne peux pas en vouloir à mes joueurs d’avoir voulu aller marquer ce troisième but. Cette mentalité doit nous amener des résultats et nous conduire à la place qu’on estime être la nôtre en championnat. Il faut la garder en y ajoutant du sang froid. J’ai besoin que des mecs comme Heinz (ndlr: Lindner), comme Anto (ndlr: Grgic) ou comme Zuffi calment les autres. Qu’ils les incitent à jouer avec plus de précaution. Les matches se jouent et se gagnent avec la tête.

Vous affrontez le Servette d’Alain Geiger avec un troisième club différent. Quelles sont les clés pour l’emporter?
Il faut les priver de ballon. C’est une équipe joueuse, qui combine très bien dans le dernier tiers du terrain et qui sait aussi être très directe. Comme face à Lugano, il faudra se méfier des transitions car ils ont des gars comme Kutesa ou Rodelin qui vont à 2'000 à l’heure. Lorsqu’on dominera le jeu, il faudra faire preuve de prudence car avec Clichy et certains joueurs du milieu de terrain, ils ont de la qualité pour lancer les fusées qui sont devant. Si on ne fait pas attention, on va à nouveau ramer, comme contre Lugano.

Servette n’a pas joué le week-end dernier. Avantage ou inconvénient?
Moi je préfère toujours jouer. Un exemple me revient en tête en parlant de ça. Avant la finale de la Coupe avec Lucerne contre Saint-Gall, j’avais décidé de débuter les trois derniers matches avec la même équipe. Zeidler avait lui mis au repos neuf joueurs sur onze. Le résultat de la finale a prouvé que leur fraîcheur n’était pas un avantage (ndlr: victoire lucernoise 3-1). Jouer, se préparer, faire l’échauffement, tout ça est toujours plus productif que de rester à la maison. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir déjà repris la compétition, d’avoir regoûté aux exigences d’un match de championnat. Est-ce que ça fera la différence dimanche? Je ne sais pas. En revanche, je sais qu'on en avait besoin pour nous situer.

«Il manque encore quelque chose en termes d’intensité à Balotelli pour être titulaire.»Fabio Celestini

Pour ce derby, vous récupérez Saintini, Baltazar et Balotelli qui étaient suspendus le week-end dernier. Trois titulaires en puissance?
Les deux premiers ont fait une préparation optimale. Ils sont prêts, fits et figurent sur la liste des postulants à une place dans le onze. Pour Mario, c’est plus compliqué. Sa préparation a été faite en zigzag. Il y a eu quelques entraînements, une grippe, le covid, pas mal de choses. Finalement, cette semaine a été sa première normale depuis la reprise. Il lui manque encore quelque chose en termes d’intensité, de volume pour être titulaire…mais qui sait?

Qui sait effectivement si Fabio Celestini ne lance pas là la guerre psychologique avant le derby? Ce match entre Servette et Sion est à suivre en direct dès 16h30 dimanche sur Rhône FM.