Aston Villa, le Bayern ou la Lazio seront à Orsières ce week-end: «On est dans les starting-blocks»

À peu de choses près, on pourrait croire qu’un vent de Coupe d’Europe souffle sur Orsières et le Stade de la Proz. Ils sont «Aston Villa Flora», la «Lazio Rhum» ou encore le «Bayern les verres cul sec» et font partie des 71 équipes inscrites au tournoi populaire du club de l’Entremont. Devenu incontournable depuis déjà bien longtemps, l’événement s’apprête à vivre sa 41ème édition entre vendredi et samedi.

«Je suis bien plus serein qu’il y a douze mois lors de ma première édition dans ce costume de président du comité d’organisation.» Anthony Veuthey, président du comité d’organisation

Alors que de nombreuses manifestations du genre ont lieu chaque année aux quatre coins du Valais et résistent avec plus ou moins de succès au risque d’une baisse de leur fréquentation, le rendez-vous orserain continue de susciter l’enthousiasme de centaines de passionnés du ballon rond. À la tête du comité d’organisation depuis 2021, Anthony Veuthey aborde sa 2ème édition dans ce costume. «Je suis bien plus serein qu’il y a douze mois. À l’époque, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, il y avait beaucoup de stress. Cette fois, on a pu repartir sur les bases de l’an dernier en apportant quelques petites améliorations. Je suis convaincu que tout va bien se passer ce week-end.»

Le covid n’a pas eu (trop) d’incidences

Anthony Veuthey est surtout heureux de ne plus être désigné comme le «président maudit» dont le coronavirus avait retardé le baptême dans ce rôle. «Je ne vous cache pas que plus que mon cas personnel, j’ai eu peur que les deux annulations en raison de la pandémie (ndlr: 2020 et 2021) aient un impact sur l’avenir de la manifestation», reconnaît-il. «Les membres du comité ou les participants allaient-ils toujours être motivés à faire vivre cet événement? Heureusement, l’édition de l’année passée a donné de premiers signaux positifs et les feux sont à nouveau au vert aujourd’hui.»

«Être aujourd’hui responsable de fournir aux autres le plaisir que j’ai eu durant de longues années est à la fois une fierté et une pression.» Anthony Veuthey, président du comité d’organisation

Enfant du coin, véritable habitué du tournoi, l’Orserain n’a pas eu à hésiter longtemps lorsque la proposition de reprendre l’organisation lui a été faite. «Ce rendez-vous me tient énormément à cœur. J’ai des souvenirs exceptionnels de mes différentes participations lorsque j’étais plus jeune. Être aujourd’hui responsable de fournir aux autres le plaisir que j’ai eu durant de longues années est à la fois une fierté et une pression. Je n’ai aucune envie de me rater.»

19ème présence des «Pisteurs»

À quelques heures du coup d’envoi de cette 41 édition dont les premiers matches débuteront à 18h00, l’excitation est déjà bien présente au sein des équipes participantes. Joueur des «Pisteurs» avec laquelle Anthony Veuthey chausse également les crampons, Pierre Darbellay foulera les terrains du tournoi populaire pour la…19ème fois. «Cette manifestation, c’est une véritable attente d’une année à l’autre», affirme-t-il. «On est dans les starting-blocks. La pression monte. On se réjouit d’arriver au stade. C’est le moment que je préfère. Retrouver l’ambiance particulière qui règne ici, savoir qu’on est parti pour deux jours de fête, de discussions et de foot, c’est fabuleux!»

«Un seul d’entre nous est au courant de la tunique que l’on va endosser et les autres la voient pour la première fois juste avant de se rendre sur place.» Pierre Darbellay, joueur des Pisteurs

Qui dit arrivée au stade le vendredi soir dit aussi découverte du costume qui sera porté durant les deux jours de compétition. «C’est une tradition qui dure depuis plusieurs années maintenant. Un seul d’entre nous est au courant de la tunique que l’on va endosser et les autres la voient pour la première fois juste avant de se rendre sur place», explique celui que l’on surnomme «Cailloux». «Le «x» est important car je ne suis pas le caillou que l’on trouve dans une rivière», précise-t-il en souriant. De leur première participation en 2003 à aujourd’hui, les Pisteurs ont eu de quoi bâtir une sacrée collection de costumes différents. «Le but chaque année est de faire preuve d’originalité. Il faut trouver quelque chose qui n'a jamais été porté et qui fasse rire. Personnellement, je les ai tous pliés et empilés dans une caisse. J’ai de quoi faire un beau défilé et raviver les bons souvenirs de toutes les éditions passées.»

Un costume venu tout droit de Gambie

Au moment de poser pour notre photo, Pierre Darbellay se pare d’une tenue colorée, essentiellement de jaune et de vert. «Je ne me rappelle plus à quelle année remonte ce costume», reconnaît-il avant d’en expliquer l’origine. «Mon beau-frère a joué avec nous durant plusieurs éditions. Il est gambien et avait fait produire cette tenue directement au pays. C’est un vrai habit traditionnel qui a été fait de manière suffisamment large afin qu’il soit confortable à porter pour jouer au foot.» La tunique des Pisteurs version 2023 sera à découvrir peu avant 18h30 ce vendredi lorsque l’équipe disputera son premier match.

«On sait que si un jour, un gros accident survient, la vie du tournoi est inévitablement remise en jeu.» Anthony Veuthey, président du comité d’organisation

Pour témoigner de l’importance du tournoi populaire dans la vie locale, Anthony Veuthey et Pierre Darbellay l’affirment en cœur. «À Orsières, l’année est séparée en deux. Six mois sont consacrés à Carnaval, les six autres au tournoi.» Lorsqu’on l’interroge sur la recette qui fait perdurer son événement depuis des décennies, le président du comité d’organisation sourit. «D’abord, il a lieu dans un coin qui est magnifique. Ensuite, je pense qu’on a su mettre tous les ingrédients nécessaires pour que cela fonctionne dans la durée. Nous n’avons pas hésité à renforcer la sécurité lorsqu’il l’a fallu, nous avons toujours été à l’écoute des remarques des participants et nous avons aussi eu un peu de chance. On sait que si un jour, un gros accident survient, la vie du tournoi est inévitablement remise en jeu.»

Des agents présents avant tout par prévention

Si l’événement se veut populaire et festif avant tout, l’esprit de compétition et la consommation d’alcool engendrent forcément un risque de débordements. «C’est toujours la crainte au moment de lancer le tournoi», témoigne Anthony Veuthey. «C’est bien pour cette raison que nous avons décidé de renforcer la sécurité. Au maximum de l’engagement, quatorze agents sont actifs dans l’enceinte du tournoi pour veiller à ce que tout se passe bien. Des dérapages ont déjà eu lieu chez nous aussi mais ils ont toujours été bien gérés. Je remercie d’ailleurs la police communale qui joue le jeu en venant sur place dans une mission qui se veut de prévention avant tout.»

«Comme on part souvent à froid, le premier sprint est difficile à digérer.» Pierre Darbellay, joueur des Pisteurs

Parmi les septante-et-une équipes en lice pour inscrire leur nom au palmarès de ce rendez-vous incontournable, la plupart viennent de la région et plus largement du canton. Un coup d’œil à la liste des inscrits attire toutefois notre attention sur la formation numéro 51: les «Einsiedler Chnuschtis». «Comme leur nom l’indique, ils nous viennent tout droit d’Einsiedeln dans le canton de Schwytz. C’est une bande d’habitués qui est présente depuis une trentaine d’années. On va profiter de ce week-end pour les honorer», explique Anthony Veuthey. «De notre côté, on va essayer de donner le meilleur de nous-mêmes comme à chaque fois», assure Pierre Darbellay. «Généralement, on est excellents durant les matches de qualification et on se fait sortir dans la phase finale, souvent aux penaltys. Mais on vient toujours pour la gagne, avec nos forces et nos faiblesses. On sait aussi qu’on ne fait plus partie des jeunes. Comme on part souvent à froid, le premier sprint est difficile à digérer. Mais si on n’a plus la même fougue qu’à nos débuts, on compense ça par notre expérience. En tout cas, on essaie!»

Les Pisteurs, les Einsiedler Chnuschtis, Aston Villa Flora, la Lazio Rhum, le Bayern les verres cul sec et les 66 autres formations engagées lors de cette 41ème édition du tournoi populaire d’Orsières ont rendez-vous ce vendredi dès 18h00 sur les terrains du Stade de la Proz. Outre les rencontres prévues sur les deux prochains jours, de nombreuses autres animations seront proposées sur place afin de répondre au slogan des organisateurs: «Tous au stade!»

Retrouvez ci-dessous les interviews complètes d’Anthony Veuthey et Pierre Darbellay.