Acharné de travail, Fabio Grosso se veut ambitieux à l’heure de la reprise
L’heure de la reprise a déjà sonné pour le FC Sion! Un petit peu plus de trois semaines après sa dernière rencontre de 2020, le club valaisan lance 2021 en accueillant le FC Lugano dimanche à Tourbillon. Avant cette rencontre, on fait le point avec l’entraîneur sédunois Fabio Grosso. Interview.

Fabio Grosso ça y est, il est déjà temps pour vous de reprendre la compétition. Votre FC Sion est-il prêt pour cette reprise?
On fait tout pour que cela soit le cas. On a bien travaillé depuis que l’on a recommencé les entraînements et on est bien décidé à nous remettre dans ce championnat qui est très exigeant. Mais en tous cas, je suis convaincu que l’on a les qualités pour rivaliser avec les autres équipes et remonter au classement.
La pause hivernale n’a jamais été aussi courte que cette année en Suisse. Vous avez quand même réussi à couper et à penser à autre chose qu’au football durant les fêtes?
Le foot, c’est ce que j’aime donc je n’ai pas besoin de beaucoup de jours «off» pour être bien dans ma tête. J’ai pris du temps pour ma famille, ce qui fait toujours du bien mais j’ai toujours envie de travailler donc je suis heureux d’être de retour sur les terrains.
«Le temps a manqué pour véritablement construire une équipe durant l'automne.»Fabio Grosso - Entraîneur du FC Sion
Avec un peu de recul, vous arrivez à définir ce qui a été bien ou moins bien fait par votre équipe durant l’automne?
C’est clair que ce n’était pas facile car il y a eu beaucoup de changements entre la saison dernière et celle-ci. Un nouvel entraîneur, des nouveaux joueurs,… On a commencé à travailler et on s’est fait arrêter par le virus. Le bilan comptable, si l’on regarde le classement, n’est pas suffisant. Mais personnellement je suis toujours ambitieux et je veux regarder vers le haut. Il faut toutefois être réaliste et conscient que l’on a traversé des périodes compliquées et que le temps a manqué pour véritablement construire une équipe.
Le temps qui a manqué, c’est un élément qui a souvent été mis en avant durant l’automne. Avant le match de dimanche face à Lugano, vous aurez eu deux semaines pour le préparer. C’est presque une première depuis que vous êtes arrivé en Valais…
Effectivement, on avait déjà connu ça au début de la saison et à notre sortie de quarantaine mais ça fait vraiment du bien d’avoir un peu de temps à disposition. On a plusieurs joueurs blessés mais on a un effectif bien fourni donc on aura suffisamment de bons éléments pour affronter cet adversaire qui est en pleine confiance après un premier tour réussi.
Avec ce match à rattraper, vous disposerez quand même d’une semaine de préparation en moins que la plupart des autres équipes qui peuvent, elles, tester des choses en disputant des matches amicaux…
Oui mais ce n’est pas forcément un problème. Vous savez, personnellement, je pars du principe que dès qu’il y a une chose que l’on ne peut pas changer, il faut voir le positif de celle-ci. Là, le positif, c’est que l’on a l’occasion de prendre des points pendant que les autres ne jouent pas et c’est une super occasion de faire un pas en avant dans le classement. Mais encore une fois, on sait que ce sera un match très très très difficile à jouer.
«L’important, ce n’est pas que l’on se dise «ça c’est le FC Sion de Fabio Grosso», ce qui compte c’est que chacun montre son niveau.»Fabio Grosso - Entraîneur du FC Sion
On peut dire que c’est ce printemps que l’on va découvrir le «vrai» FC Sion de Fabio Grosso?
Si vous voulez, je vous réponds que oui mais vous savez, j’ai lu des interviews de certains entraîneurs meilleurs que moi qui disaient qu’une vraie équipe se construit en plusieurs années. L’important, ce n’est pas que l’on se dise «ça c’est le FC Sion de Fabio Grosso», ce qui compte c’est que chacun montre son niveau, ses qualités, aussi bien les jeunes que les moins jeunes, ce que l’on n’est pas encore vraiment parvenu à faire jusqu’à présent.
Difficile durant l’automne de définir une identité de jeu claire puisque vous avez souvent changé de système avant de finalement confirmer le 3-5-2 lors des derniers matches. C’est dans cette disposition que vous tirez le plus à profit les qualités de vos joueurs?
Durant mes premières années en tant qu’entraîneur, j’utilisais surtout le 4-3-3 mais là, avec le temps et les entraînements on s’est rendu compte que le 3-5-2 convenait bien, que les joueurs se sentaient bien dans ce système qui est aussi assez modulable une fois en match. Après, rien n’est figé donc on verra si l’on continuera comme ça. Cela dépend aussi des joueurs à disposition. Et l’important n’est pas forcément le système mais l’attitude démontrée sur le terrain. C’est elle qui permet de gagner un maximum de duels et donc, de se mettre dans les meilleures dispositions pour prendre des points.
Avant la reprise, une question se pose: Qui pour défendre les buts du FC Sion? Vous aviez commencé avec Kevin Fickentscher, vous avez fini avec Timothy Fayulu, est-ce qu’une hiérarchie s’est maintenant dessinée dans votre esprit?
La première des choses importante à relever est que ce sont deux excellents gardiens. J’avais décidé de mettre Kevin sur le banc pour le faire souffler et récupérer tant physiquement que mentalement. Timothy en a profité et il a ensuite enchaîné les bonnes performances donc c’était difficile de le sortir du terrain. Je n’ai pas encore défini qui sera titulaire dimanche mais voilà, Timothy a pris de la confiance et Kevin, on le connaît, c’est toujours un vrai leader. On a vraiment la chance d’avoir deux très grands gardiens!
Un premier renfort vous a rejoint la semaine dernière: Léo Lacroix. Qu’est-ce que vous attendez de sa venue?
Qu’il nous apporte son expérience qui est supérieure à celle de beaucoup de joueurs de l’effectif. Mais je lui ai dit que je ne voulais pas trop le charger de responsabilités car il doit avant tout retrouver la forme après une longue période d’inactivité. Il faut qu’il retrouve son niveau qui, j’en suis persuadé, reste très bon.
«Quand j’ai signé ici, je ne savais rien sur l’équipe que j’aurai à disposition.»Fabio Grosso - Entraîneur du FC Sion
Vous vous attendez à voir débarquer d’autres nouveaux éléments dans les jours et les semaines à venir?
Vous savez, quand j’ai signé ici, je ne savais rien sur l’équipe que j’aurai à disposition. J’ai fait confiance aux dirigeants pour que l’on construise un groupe suffisamment solide pour faire un bon championnat. Bien sûr que comme tout le monde, j’aimerais être l’entraîneur des premiers du classement mais ici, j’ai des joueurs avec de bonnes caractéristiques pour montrer de belles choses même si des éléments importants se sont blessés. Donc voilà, le club sait que l’on peut encore augmenter notre niveau, on verra si quelque chose bouge sur le marché des transferts mais en attendant, encore une fois, j’entraîne les joueurs que j’ai à disposition et j’essaie de tout faire pour obtenir les meilleurs résultats avec ceux-ci.
Mais en tant qu’entraîneur, vous avez pu avoir des discussions avec le président et le directeur sportif pour définir vos éventuels besoins durant ce mercato?
Oui bien sûr, on parle régulièrement ensemble. Mais vous savez, on a déjà beaucoup de joueurs dans le contingent et il faut faire attention à cela. Il est important que tout le monde se sente en confiance et si un joueur joue un match et se retrouve ensuite dehors pendant les quatre suivants car il y a trop de concurrence, cela devient tout de suite plus difficile. Il va falloir faire des choix, définir le nombre d’éléments sur lesquels on veut compter pour faire face à cette deuxième partie de saison.
Une deuxième partie de saison que vous débutez en étant neuvièmes. Cela vous met-il une pression supplémentaire?
Personnellement la pression, je la ressens tout le temps. C’était aussi le cas lorsque j’étais joueur dans des clubs qui étaient toujours parmi les premiers de classe. J’ai dit aux gars qu’il fallait prendre chaque match comme une rencontre décisive pour hausser notre niveau et rattraper l’équipe qui nous précède. En travaillant comme ça, on ne regarde pas trop loin, on ne regarde pas derrière, on regarde le présent et c’est tout ce qui compte.
Pour finir, qu’est que l’on peut vous souhaiter pour cette année qui vient tout juste de débuter?
Premièrement la santé sans quoi on ne peut rien faire. Et ensuite, de bien travailler et de faire mieux que ce que l’on a fait jusqu’à présent. C’est vraiment mon fil conducteur, même dans ma vie de tous les jours: que je sois en haut ou en bas, je donne tout pour monter d’un cran. Je suis quelqu’un d’ambitieux donc je veux vraiment faire mieux que ce que l’on a fait jusqu’à maintenant et je suis persuadé que l’on est armés pour y parvenir.
Entre une double-quarantaine au mois d’octobre et des matches qui se sont enchaînés à un rythme fou, Fabio Grosso n’a pas eu énormément de temps pour découvrir son nouvel environnement depuis son arrivée en Valais il y a cinq mois. «Tout le monde m’a dit que j’avais loupé beaucoup de choses. Au vu de la situation, je n’ai pas vraiment pu aller découvrir les nombreuses balades dont on me parle», regrette le champion du Monde de 2006. «On me dit qu’à Tourbillon, l’ambiance était extraordinaire mais depuis que je suis là, on joue devant des tribunes vides. Même chose à l’extérieur où tout le monde me dit que nos supporters se déplaçaient en nombre. Pour l’instant, je ne peux donc pas dire que je sois venu la bonne période même si tout ce que j’ai pu voir me plait et que je me sens très bien ici.» Avec la fermeture prolongée des restaurants, l’ancien latéral de la Juventus n’a pas non plus eu l’occasion de s’initier aux richesses culinaires du canton. «Mais on mange très bien à l’hôtel», sourit-il. «Je suis un grand travailleur donc rester concentré sur ma mission ici ne me dérange pas du tout même si j’espère avoir un jour l’occasion de découvrir et de tester toutes les merveilles du Valais.»
