Seniors au volant : un défi pour la prévention des accidents
La question des seniors au volant était au cœur des discussions ce jeudi à Berne. Selon le Bureau de prévention des accidents le système des contrôles médicaux obligatoires n’est pas idéal. Des propositions ont été présentées pour améliorer le système actuel. L'avis de Pro Senectute Valais.

Le Bureau de prévention des accidents (BPA) organisait ce jeudi après-midi un forum sur ce sujet sensible.
Système actuel en question
Selon le BPA, les seniors auraient plus de risque de subir des blessures graves, mais ils provoqueraient aussi plus d’accidents que les conducteurs plus jeunes. Actuellement, pour identifier les seniors qui ne sont plus aptes à la conduite, la Suisse compte principalement sur les contrôles médicaux, obligatoires à partir de 75 ans.
«Seniors au volant : une modification du système actuel serait une bonne idée.» Nicolas Kessler, porte-parole du BPA
Le BPA a procédé à une évaluation approfondie de ce système. Sa conclusion : s'il est bien accepté par les personnes âgées, il n’est pas idéal.
Les propositions du BPA
Et, pour Nicolas Kessler, porte-parole du BPA, il existerait des mesures plus appropriées. «Ce serait par exemple de limiter la conduite des seniors à certains moments de la journée: on sait que les seniors ont plus de peine à rouler de nuit. Ou encore de mettre en place une déclaration obligatoire des seniors qui devraient se pencher sur la question de leur état de santé. Enfin, d'autres mesures pourraient être de signaler tout comportement qui semble être dangereux, que se soit au niveau des assurances, de la police ou des médecins. Et au besoin de convoquer la personne.»
«Le risque du système actuel est de retirer de la circulation des personnes aptes à conduire.» Nicolas Kessler, porte-parole du BPA
Selon le BPA, il faudrait créer un système qui ferait un usage ciblé des examens médicaux : seuls les seniors dont l’aptitude à la conduite pose problème y seraient soumis. «Le risque du système, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est de retirer de la circulation des personnes aptes à conduire. Et, par conséquent, de les priver d'autonomie et d'indépendance.»
Pour accroître la sécurité des seniors sur la route, le BPA encourage également l'utilisation des systèmes d'aide à la conduite. L'instauration de zones 30 pourrait aussi être une solution.
Conserver sa mobilité
Pour de nombreux seniors, conduire est en effet synonyme de mobilité et de vie active. Se voir retirer le permis de conduire est toujours une étape délicate. «La famille arrive parfois à mettre en place une solution alternative, comme des transports publics. Mais, c'est clair que ce n'est pas toujours évident de se retrouver sans voiture du jour au lendemain, et peut-être isolé en fonction de l'endroit où vit la personne», reconnaît Julien Dubuis, président de Pro Senectute Valais.
«La gratuité des transports publics pour les seniors pourrait être une solution.» Julien Dubuis, président de Pro Senectute
«Certaines communes, comme la Ville de Martigny, proposent la gratuité des transports publics aux seniors. Et ça peut être une solution pour inciter les personnes âgées à les utiliser, peut-être même avant de devoir déposer leur permis de conduire», conclut Julien Dubuis.
Sur son site, le Bureau de prévention des accidents propose également un test d’auto-évaluation de la conduite. Il permet aux conducteurs âgés d’identifier à temps d’éventuelles difficultés, afin de prendre les mesures nécessaires.